Jean 8, 51
Amen, amen, je vous le dis : si quelqu’un garde ma parole, jamais il ne verra la mort. »
Amen, amen, je vous le dis : si quelqu’un garde ma parole, jamais il ne verra la mort. »
En vérité, en vérité, je vous le dis. Mais le bon Maître a aussi de douces promesses,
dont il annonce l’infaillible accomplissement par sa formule accoutumée. Aux yeux des croyants (verset 30)
et des demi-croyants (verset 31) et des incrédules qui l’entouraient, il fait briller les précieux avantages de la
foi et de l’obéissance à ses paroles. - Si quelqu’un (il n’y a pas d’exception) garde ma parole. Locution très
fréquente dans les écrits de S. Jean : versets 52, 55 ; 14, 23 ; 15, 20 ; 174, 6 ; Apoc. 3, 8, 10. Comparez les
expressions analogues : 14, 15, 21 ; 15, 10 ; 1 Joan. 2, 3, 4, 5 ; 3, 22, 24 ; 5, 2, 3 ; Apoc. 12, 17 ; 14, 12 et 14,
24 ; Apoc. 22, 7, 9 etc. Garder, non seulement au fond du cœur comme un trésor enfoui, mais comme une
règle perpétuelle de conduite. - Il ne verra jamais la mort : en grec avec deux négations pour mieux marquer
la certitude. L’expression grecque n’existe pas ailleurs dans le Nouveau Testament. Elle dit plus que les deux
locutions analogues « il ne verrait pas la mort » (Luc. 2, 26 ; Hebr. 11, 5 ; le « ne pas voir la mort » du Ps. 89,
49) et « tu ne peux m’abandonner au séjour des morts » (Act. 2, 27, 31 ; 13, 35), car elle suppose une
contemplation prolongée et une pleine expérience de la mort. - Jamais. Il ne mourra jamais. Cf. 11, 26 et le
commentaire. Quelques-uns traduisent à tort : Il ne mourra pas pour toujours. Sans doute il faudra passer par
la mort, puisque c’est un châtiment universel ; mais le bonheur éternel lui succédera si promptement, qu’on
ne fait d’elle pour ainsi dire aucun compte : car « celui qui marche du côté du soleil n’aperçoit pas l’ombre
qui est derrière lui », Rieger.
Ou bien encore ils le traitaient de Samaritain, comme détruisant les pratiques de la loi des Hébreux, en particulier l'observance du sabbat, car les Samaritains n'observaient point parfaitement toutes les pratiques de la loi juive. Ils soupçonnaient qu'il avait en lui un démon, parce qu'il leur révélait leurs propres pensées. L'Evangéliste ne mentionne pas dans quelles circonstances ils l'avaient appelé Samaritain, preuve que les Evangélistes ont passé beaucoup de choses sous silence.
Il a honoré son Père en vengeant sa gloire et en ne permettant pas à des homicides et des menteurs de se proclamer les vrais enfants de Dieu.
Les Samaritains, nation odieuse au peuple juif, occupaient le pays habité autrefois par les dix tribus qui furent emmenées en captivité.
Le Fils de Dieu reçoit ces outrages et n'y répond point par des injures : Jésus repartit : « Il n'y a point en moi de démon ; » ainsi nous enseigne-t-il à ne point divulguer les véritables défauts du prochain, lors même que ses outrages n'ont d'autre fondement que la calomnie, de peur que le ministère de la correction fraternelle ne devienne une occasion et un instrument de vengeance.
Mais comme tout homme qui brûle de zèle pour la gloire de Dieu est exposé aux outrages des méchants, le Seigneur a voulu nous donner dans sa personne un exemple de patience, lorsqu'il se contente de répondre aux Juifs : « Et vous, vous me déshonorez. »
Mais que devons-nous opposer aux outrages que nous recevons ? Le Sauveur nous l'apprend par son exemple : « Pour moi, je glorifie mon Père, » etc.
Lorsque les prédicateurs voient s'accroître la perversité des méchants, non-seulement ils ne doivent point s'en laisser abattre, ils doivent au contraire redoubler de zèle. Voyez Nôtre-Seigneur, les Juifs l'accusent d'avoir en lui le démon, et pour toute vengeance, il leur donne avec plus de profusion les bienfaits de sa divine doctrine : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu'un garde ma parole, il ne verra point la mort, » etc.
Son dessein est encore que l'homme imite d'abord sa patience pour parvenir à la puissance qu'il désire. Nôtre-Seigneur ne rend donc pas injure pour injure ; toutefois il regarde comme un devoir de repousser leur imputation calomnieuse. Ils avaient formulé contre lui deux accusations : « Vous êtes un Samaritain, » et : « Vous êtes possédé du démon. » Jésus ne nie point qu'il est Samaritain, car le mot Samaritain veut dire gardien, et il savait qu'il était notre gardien par excellence, car s'il avait pour mission de nous racheter, n'avait-il pas aussi celle de nous conserver ?
Après avoir reçu un tel outrage, Nôtre-Seigneur ne dit que ces paroles dans l'intérêt de sa gloire : « Mais j'honore mon Père, » c'est-à-dire, je ne m'honore point moi-même, pour ne pas prêter à l'accusation d'arrogance, il eu est un autre que j'honore.
C'est-à-dire, je fais ce que je dois faire, et vous, vous ne faites pas ce que vous devez faire.
De qui veut-il parler, si ce n'est de son Père ? Or comment dit-il dans un autre endroit : « Le Père ne juge personne, mais il a donné tout pouvoir de juger à son Fils ? » (Jn 5) Il faut se rappeler que le mot jugement se prend quelquefois dans le sens de condamnation, tandis qu'ici il signifie simplement discernement, séparation ; Nôtre-Seigneur leur dit donc : « C'est à mon Père de discerner, de séparer ma gloire de la vôtre ; » car vous ne recherchez que la gloire de ce monde, quant à moi, je ne veux point de cette gloire, Dieu distingue et sépare encore la gloire de son Fils de la gloire des hommes, car le mystère de son incarnation ne l'a pas entièrement assimilé à nous ; nous sommes des hommes coupables de péché, mais pour lui il est sans péché, même en tant qu'il a pris la forme d'esclave ; car qui pourrait dignement redire ces paroles : « Au commencement était le Verbe ? »
Il ne verra point, c'est-à-dire, il n'éprouvera point la mort. Le Sauveur qui devait mourir parlait à des hommes qui devaient mourir eux-mêmes, que signifient donc ces paroles : « Celui qui gardera ma parole ne verra point la mort ? » C'est qu'il avait en vue une autre mort dont il était venu nous délivrer, la mort éternelle, la mort de la damnation avec le démon et ses anges. Voilà la seule vraie mort, l'autre n'est qu'un passage.
Toutes les fois que le Sauveur leur enseignait une doctrine plus relevée, les Juifs, aveugles par leur fureur insensée, n'y voyaient qu'un acte de folie. « Les Juifs lui répondirent donc : N'avons-nous pas raison de dire que vous êtes un Samaritain, » etc.
Remarquons aussi que lorsqu'il s'agissait de les instruire et de combattre leur orgueil, Jésus se montrait plus sévère, mais lorsqu'il n'y avait que des outrages à supporter, il faisait preuve de la plus grande douceur, nous apprenant ainsi à venger les injures qui sont faites à Dieu, et à mépriser celles dont nous sommes l'objet.
C'est-à-dire, l'honneur que je professe pour mon Père m'a porté à vous adresser ces paroles, et c'est pour cela que vous me déshonorez, mais peu m'importent vos outrages, je laisse le soin de les châtier à celui pour l'honneur duquel je les supporte.
Celui qui aura gardé, non-seulement par la foi, mais par la pratique d'une vie pure. Nôtre-Seigneur, en même temps, fait entendre indirectement aux Juifs qu'ils ne peuvent rien contre lui, car si celui qui garde sa parole ne mourra jamais, à plus forte raison ne peut-il mourir lui-même.
C'est une question digne d'intérêt que de savoir comment les Juifs ont osé traiter de Samaritain le Sauveur, lui qui n'a cessé de multiplier ses enseignements sur la résurrection et le jugement, alors que les Samaritains, au contraire, nient la vie future et l'immortalité de l'âme. Mais peut-être est-ce un outrage purement gratuit qu'ils lui font en lui donnant le nom d'une secte dont il ne partage pas les opinions.
On peut dire aussi que quelques-uns pensaient que Jésus partageait l'opinion des Samaritains sur l'anéantissement de l'âme après la mort, et que c'était pour plaire aux Juifs, et sans y croire, qu'il leur parlait de la résurrection et de la vie éternelle. Ils l'accusent d'avoir en lui le démon, parce que les grandes vérités qu'il leur enseignait, que Dieu était son Père, qu'il était descendu du ciel et d'autres choses semblables, dépassaient la portée de l'intelligence humaine. Ou bien encore ils adoptaient les soupçons de plusieurs d'entre eux, qui pensaient que c'était par Béelzébub, prince des démons, qu'il chassait lui-même les démons.
N'est-il pas d'ailleurs le bon Samaritain, qui s'est approché du voyageur blessé, et a pratiqué à son égard tous les devoirs de la miséricorde ? (Lc 18) Disons encore que le Sauveur, bien plus que l'apôtre saint Paul, a voulu se faire tout à tous pour gagner tous les hommes, et c'est pour cela qu'il ne nia point qu'il fût Samaritain. Il n'appartenait du reste qu'à Jésus seul de pouvoir dire : « Il n'y a point de démon en moi, » etc. ; et encore ces autres paroles : « Le prince de ce monde vient et il n'a rien en moi ; » (Jn 14) car les péchés qui sont regardés comme les plus légers, étaient attribués au démon.
Jésus-Christ seul a véritablement honoré son Père, car personne ne peut prétendre honorer Dieu, s'il témoigne encore quelque honneur à des choses que Dieu n'a point en estime.
Ces paroles ne s'adressent pas seulement aux Juifs, mais à tous ceux qui commettent l'injustice, à ceux qui outragent Jésus-Christ, qui est la justice, comme à ceux qui font outrage à la sagesse, parce que Jésus-Christ est la sagesse, et ainsi des autres vertus.
Dieu cherche la gloire de Jésus-Christ dans chacun de ceux qui le reçoivent, et il la trouve dans tous ceux qui cultivent avec soin les principes de vertu répandus dans leur âme, mais s'il est trompé dans ses recherches, il punit sévèrement ceux en qui il ne trouve pas la gloire de son Fils. C'est ce que signifient ces paroles : « Il est quelqu'un qui en prendra soin et qui fera justice. »
Ou bien encore, s'il faut admettre la vérité de ces paroles du Sauveur à son Père : « Tout ce qui est à vous est à moi, » il est évident que le pouvoir de juger qui est propre au Fils appartient au Père.
Ces paroles : « Si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort, » doivent être entendues dans ce sens : Si quelqu'un garde fidèlement ma lumière, il ne verra point les ténèbres. Le mot éternellement doit être entendu dans cette signification usuelle : Celui qui gardera éternellement ma parole, ne verra pas éternellement la mort. On ne voit jamais en effet la mort tant qu'on garde la parole de Jésus, mais lorsqu'on se relâche dans l'observance de ses commandements et dans la vigilance sur soi-même, on cesse de garder sa parole, alors on voit la mort qu'on ne trouve nulle part ailleurs qu'en soi-même. Ainsi instruits par le Sauveur, nous pouvons répondre au prophète qui nous demande : « Quel est l'homme qui vivra et ne verra pas la mort ? » C'est celui qui aura gardé la parole de Jésus-Christ.