Jean 8, 33
Ils lui répliquèrent : « Nous sommes la descendance d’Abraham, et nous n’avons jamais été les esclaves de personne. Comment peux-tu dire : “Vous deviendrez libres” ? »
Ils lui répliquèrent : « Nous sommes la descendance d’Abraham, et nous n’avons jamais été les esclaves de personne. Comment peux-tu dire : “Vous deviendrez libres” ? »
Ils lui
répondirent… Le sujet clairement indiqué par le récit est les Juifs qui avaient cru en lui du verset 31. Ces
disciples imparfaits sont déjà blessés par la réflexion cependant si encourageante du Seigneur Jésus. La
vérité vous délivrera ! Ils n’étaient donc pas libres, d’après lui. Cela suffit pour surexciter leur orgueil
national, et faire reprendre le dessus aux sentiments hostiles qu’ils venaient à peine de dominer et de refouler.
- Le lecteur supposera aisément avec quelle fierté ils durent s’écrier : Nous sommes les descendants
d’Abraham ; fierté jusqu’à un certain point légitime, puisque Abraham et sa race avaient été particulièrement
bénis du ciel. - Ils ajoutent, en accumulant les négations : et (en conséquence de notre glorieuse naissance)
nous n’avons jamais été esclaves de personne. Ils croient que Jésus leur parle de liberté sous le rapport
politique, et la servitude politique n’était-elle pas incompatible avec leur titre de descendants d’Abraham ?
Mais, comme la passion les aveugle de nouveau (Cf. 7, 52), et quel pouvoir illimité a l’esprit humain de se
faire illusion ! Ils oubliaient tout à la fois l’esclavage de leurs pères en Égypte, l’oppression si humiliante que
les Philistins et les Chananéens avaient fait sentir à Israël au temps des Juges, la captivité de Babylone, le
joug des Grecs, et surtout le joug de Rome, qui en ce moment même pesait si douloureusement sur leurs
têtes. « La Judée fut la partie la plus méprisable des esclaves des Assyriens, des Mèdes et des Perses », écrit
d’eux Tacites avec une mordante ironie, Hist. lib. 5. Voilà bien ces hommes dont l’historien Josèphe disait à
son tour, Ant. 18, 1, 6 : « Ils ont une passion inébranlable pour la liberté, et ils maintiennent que Dieu est leur
seul gouverneur et maître ». C’était un principe de l’école pharisaïque que « tous les Israélites sont des
enfants de rois » (Sabbath, f. 67, a), et aujourd’hui encore, chaque Israélite répète à sa prière du matin cette
bénédiction : « Soyez loué (Seigneur) de ce que vous ne m’avez pas créé esclave ». L’erreur historique où
tombaient alors les interlocuteurs de Jésus a paru impossible à quelques exégètes modernes (Tholuck, J. P.
Lange, etc.) ; aussi a-t-on pensé qu’ils songeaient seulement à revendiquer la liberté de droit, en vertu de laquelle ils demeuraient un peuple libre malgré les circonstances extérieures, et point la liberté de fait ; mais
cette interprétation est forcée et peu rationnelle. - Comment dites-vous … Le souvenir de sa parole les
révolte. Ne sommes-nous pas libres suffisamment ?