Jean 8, 14

Jésus leur répondit : « Oui, moi, je me rends témoignage à moi-même, et pourtant mon témoignage est vrai, car je sais d’où je suis venu, et où je vais ; mais vous, vous ne savez ni d’où je viens, ni où je vais.

Jésus leur répondit : « Oui, moi, je me rends témoignage à moi-même, et pourtant mon témoignage est vrai, car je sais d’où je suis venu, et où je vais ; mais vous, vous ne savez ni d’où je viens, ni où je vais.
Louis-Claude Fillion
Réponse si vigoureuse, et si brillante d’à propos (versets 14-18). Jésus rejette d’abord (versets 14-16) purement et simplement le principe qu’ils ont allégué, car ce principe ne saurait s’appliquer à lui ; il prouve ensuite (versets 17-18) qu’en toute hypothèse il satisfait rigoureusement à la loi qui exige plusieurs témoins. - Quoique je me rende témoignage à moi-même. Il reprend leurs propres paroles, en appuyant à son tour sur celles qu’ils avaient le plus accentuées : « à moi-même ». Même quand il est personnel, son témoignage à lui est toujours parfait, conforme à la vérité objective (vrai est mis en avant de la proposition d’une manière emphatique). Est-il besoin de dire qu’il n’y a pas la moindre contradiction entre cette phrase de N.-S. Jésus-Christ et celle qu’il avait prononcée quelques mois auparavant devant un auditoire composé des mêmes éléments, 5, 31 ? Là, par une concession transitoire, Jésus daignait permettre qu’on jugeât son témoignage d’après les règles ordinaires ; ici au contraire, il se met à sa vraie place, qui est une place tout divine, et il nie majestueusement que ces règles puissent lui être applicables. Et il donne une preuve péremptoire qu’il ne saurait en être ainsi : Car je sais… Son argumentation repose sur l’union essentielle qu’il possède avec Dieu et sur la science adéquate qu’il a de cette union. Je sais est en effet un mot très important dans ce passage : à l’ignorance de ses adversaires (voyez la fin du verset), le Sauveur oppose ses profondes connaissances, la claire évidence dans laquelle il est plongé relativement à ce qu’il est et à ce qu’il affirme. - L’objet de sa toute science est double : 1° d’où je viens (au passé en grec, au moment de l’incarnation), c’est son origine céleste (Cf. 5, 36 ; 7, 28, 29 ; 8, 42, etc.) ; 2° ni où je vais (au présent en grec ; voyez 7, 3 et le commentaire), c’est sa divine destinée : parti du ciel, il y retourne. Ce qui revient clairement à dire : Je sais que je suis Dieu. Donc, puisqu’il est Dieu, non seulement il a le droit de se rendre témoignage à lui-même, mais personne autre que lui n’est compétent pour témoigner à son sujet. Les hommes sont rarement impartiaux quand ils sont en cause, parce qu’ils se trompent ou parce qu’ils ont intérêt à tromper ; « La lumière fait voir les autres et soi-même. La lumière se rend témoignage à elle-même ; elle ouvre les yeux sains ; elle est à elle-même son propre témoin », S. Augustin, Traité sur S. Jean 35, 4. - Mais vous (avec emphase), vous ne savez pas… Sur les deux mêmes points, les Pharisiens étaient dans une totale ignorance, ainsi que le démontrait leur conduite à l’égard de Jésus. De quel droit essayaient-ils donc d’invalider son témoignage ? - D’où je viens… Il n’y a qu’un instant Jésus envisageait sa venue comme un fait accompli ; maintenant qu’il la considère relativement à ses ennemis qui ne la connaissent point, il la sépare du domaine du temps, et il en parle au présent, d’une façon toute générale. C’est aussi en se plaçant au point de vue de leur ignorance qu’il emploie la particule disjonctive ni ; car bien loin de savoir l’une et l’autre de ces deux choses ils n’ont connaissance ni de l’une ni de l’autre.