Jean 7, 36

Que signifie cette parole qu’il a dite : “Vous me chercherez, et vous ne me trouverez pas, et là où je suis, vous ne pouvez pas venir” ? »

Que signifie cette parole qu’il a dite : “Vous me chercherez, et vous ne me trouverez pas, et là où je suis, vous ne pouvez pas venir” ? »
Louis-Claude Fillion
Les railleurs de Jésus ont beau faire : sa parole (v. 33-34) a pénétré si avant dans leurs âmes, comme une menace terrible, qu'ils y reviennent encore, inquiets et vexés. Ils la répètent intégralement, telle qu'elle avait été formulée.
Saint Thomas d'Aquin
Ici, le Christ fait allusion au terme de son chemin, avant d’annoncer le désir qu’éprouveront les foules et d’ajouter quelle sera leur ruine .

A propos du premier point, il annonce le retard qui va être apporté à sa mort et fait comprendre le lieu où il doit aller par la mort ; et ainsi, il montre en premier lieu sa puissance, puis sa volonté de souffrir.

1073. C’est bien sa puissance qu’il montre dans le retard qu’il apporte à sa mort, parce que les Juifs cherchant à se saisir de lui ne peuvent cependant le faire que si le Christ le veut — Personne ne me prend mon âme; mais moi je la dépose Et c’est pourquoi JESUS LEUR DIT : JE SUIS ENCORE AVEC VOUS POUR UN PEU DE TEMPS, comme pour dire : vous voulez me tuer; or cela ne relève pas de votre volonté, mais de la mienne; et moi je détermine que JE SUIS ENCORE AVEC VOUS POUR UN PEU DE TEMPS; attendez donc un peu de temps. Ce que vous voulez faire tout de suite, vous le ferez plus tard car JE SUIS ENCORE AVEC VOUS POUR UN PEU DE TEMPS.

En cela, le Seigneur donne d’abord satisfaction à la foule qui le vénérait, la rendant plus avide d’écouter en ménageant un petit moment supplémentaire pendant lequel les gens pourraient jouir de cet enseignement (c’est ce que dit Chrysostome ) Tant que vous avez la lumière, croyez en la lumière

Mais il donne en même temps satisfaction à la foule qui le persécutait, comme s’il disait : votre désir de ma mort n’est pas insatisfait pour longtemps; aussi, supportez avec patience, parce que JE SUIS ENCORE AVEC VOUS POUR UN PEU DE TEMPS. Je dois en effet accomplir ma mission d’annoncer la bonne nouvelle, en prêchant et en accomplissant des miracles, et ainsi parvenir à ma Passion — Allez dire à ce renard que je travaille aujourd’hui et demain, et le troisième jour je suis consommé ! Mais aujourd’hui, demain, et le jour suivant, je dois poursuivre ma route, car il ne convient pas qu'un prophète périsse hors de Jérusalem.

1074. Si le Seigneur voulut prêcher pendant un peu de temps encore, c’est pour trois raisons.

Il le fit d’abord pour bien faire voir sa puissance, c’est-à-dire pour montrer qu’il pourrait changer le monde entier en un tout petit espace de temps — Un seul jour dans tes parvis est meilleur que mille autres .

Ensuite, pour exciter le désir de ses disciples, c’est-à-dire pour qu’ils désirent davantage celui dont ils ne devaient plus posséder que pour un peu de temps la présence corporelle — Viendront des jours où vous désirerez voir un seul jour du Fils de l’homme, et vous ne le verrez pas .

Enfin, pour augmenter le progrès spirituel de ses disciples. En effet, puisque l’humanité du Christ est pour nous le chemin qui nous fait tendre vers Dieu — comme il est dit plus loin : Moi je suis le chemin, la vérité et la vie —, nous ne devons pas nous reposer en elle comme dans un terme, mais nous devons par elle tendre vers Dieu. Donc, pour que le cœur des disciples, en lui étant attaché d’une manière sensible, ne se repose pas en lui comme dans un homme, le Christ leur a retiré rapidement sa présence corporelle : voilà pourquoi il disait : Il est bon pour vous que moi je m en aille, car si je ne m’en vais pas, le Paraclet ne viendra pas vers vous Et si nous avons connu le Christ selon la chair, c’est-à-dire quand il était avec nous, présent physiquement, maintenant, ce n’est plus ainsi que nous le connaissons.

1075. Le Christ montre ici sa volonté de souffrir sa Passion. Je vais vers le Père spontanément, c’est-à-dire par la Passion — lia été offert parce que lui-même l’a voulu — Il s’est offert lui-même à Dieu en hostie d’agréable odeur JE M’EN VAIS, dis-je, VERS CELUI, le Père, QUI M’A ENVOYE. Et cela convient, car toute chose revient naturellement à son principe — Les fleuves retournent au lieu d’où ils sont sortis — Sachant qu’il est sorti de Dieu et qu'II s'en va vers Dieu... — Je m’en vais vers celui qui m’a envoyé

1076. En disant cela, le Christ annonce le désir que les Juifs éprouveront. C’est comme s’il disait : c’est pour peu de temps que vous pouvez profiter de mon enseignement; mais ce peu de temps que vous rejetez maintenant avec dédain, un jour ou l’autre VOUS le CHERCHEREZ, ET VOUS NE TROUVEREZ PAS — Cherchez le Seigneur pendant qu’il peut être trouvé et Cherchez le Seigneur, c’est-à-dire au moment présent, et votre âme vivra .

1077. On peut entendre cette parole : VOUS ME CHERCHEREZ, ET VOUS NE ME TROUVEREZ PAS, de la recherche sensible du Christ, ou bien de la recherche spirituelle.

Si on l’entend de la recherche sensible : d’après Chrysostome c’est ainsi qu’ils l’ont cherché quand les filles de Jérusalem, les femmes, se lamentaient sur lui — selon ce que dit saint Luc — ; et on peut penser que beaucoup d’autres alors partagèrent cette douleur. Il n’est pas non plus invraisemblable que les Juifs, se rappelant le Christ et ses miracles, lorsqu’ils se trouvaient dans un péril imminent et spécialement quand leur ville risquait d’être prise, aient désiré sa présence, qui les aurait libérés. Selon cette interprétation, il faut dire : VOUS ME CHERCHEREZ, c’est-à-dire vous chercherez ma présence physique, ET VOUS NE ME TROUVEREZ PAS.

Mais si on l’entend de la recherche spirituelle, il faut dire, selon Augustin que celui qu’ils ne voulurent pas apprendre à connaître lorsqu’il était présent, ils le cherchèrent par la suite en voyant la multitude des croyants; ayant le cœur transpercé au sujet du crime de la mort du Christ, ils dirent à Pierre : Frères, que devons-nous faire? Ainsi donc, ils cherchèrent le Christ quand ils crurent en celui qui par donne leurs crimes, lui qu’ils virent mourant de leur propre crime.

1078. Le Christ poursuit en montrant quelle sera leur ruine. Il ne dit pas : "Où je m’en vais", ce qui aurait été une conséquence plus logique de ce qui précède, à savoir JE M’EN VAIS VERS le Père, QUI M’A ENVOYE; mais il dit LA OU MOI JE SUIS, pour montrer qu’il est à la fois Dieu et homme.

Il est homme en tant qu’il s’en va — Je m’en vais vers celui qui m’a envoyé Mais en tant que le Christ était toujours là où il devait retourner, il montre qu’il est Dieu — Personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui est descendu du ciel Ainsi donc, selon Augustin de même que le Christ est retourné sans pour autant nous abandonner, de même il est descendu vers nous en assumant une chair visible tout en étant aussi dans le ciel selon son invisible majesté.

Il ne dit pas : "Vous ne viendrez pas", parce que certains devaient y aller, mais il dit VOUS NEPOUVEZ VENIR, c’est-à-dire aussi longtemps que vous êtes ainsi mal disposés En effet, personne ne peut parvenir à l’héritage céleste s’il n’est héritier de Dieu. Mais c’est par la foi dans le Christ qu’on est fait héritier de Dieu — II leur a donné le pouvoir d’être faits fils de Dieu, à ceux qui croient en son nom or les Juifs ne croyaient pas encore en lui; c’est pourquoi il dit : VOUS NE POUVEZ VENIR. Le psalmiste demande aussi : Qui gravira la montagne du Seigneur? Et il répond : L’homme aux mains innocentes, au cœur pur . Les Juifs n’avaient pas le cœur pur, ni les mains innocentes, parce qu’ils voulaient tuer le Christ. Voilà pourquoi il dit : Vous ne pouvez gravir la montagne du Seigneur.

L’ÉTONNEMENT DES JUIFS.

1079. L’Évangéliste expose ici l’étonnement des Juifs, qui tout en ayant du Christ une connaissance sensible, avaient une certaine foi en lui.

Les Juifs commencent par s’étonner ; puis ils émettent des conjectures , avant d’argumenter contre elles .

1080. Ils s’étonnent en se disant les uns aux autres : OÙ DOIT-IL ALLER, CELUI-LA, QUE NOUS NE PUISSIONS PAS LE TROUVER? Comme on l’a dit en effet, ils comprenaient cette parole d’une manière matérielle — "L'homme naturel n'accueille pas ce qui est de l'Esprit de Dieu. C'est folie pour lui et il ne peut le connaître, car c’est spirituellement qu'on en juge".

1081. Et parce qu’ils pensaient qu’il devait s’en aller d’une manière physique, et non par la mort, dans un autre lieu où il ne leur serait pas permis de se rendre, ils émettent des conjectures en disant : VA-T-IL SE RENDRE CHEZ CEUX QUI SONT DISPERSES PARMI LES NATIONS ET ENSEIGNER LES NATIONS? En effet les nations étaient tenues à l’écart de la vie propre des Juifs — Etrangers à l’alliance, vous étiez tenus à l’écart de la vie propre d'Israël n'ayant pas l’espérance de la promesse, et sans Dieu dans ce monde . Et c’est pourquoi, comme s’ils leur imputaient un crime, ils disent : CHEZ CEUX QUI SONT DISPERSES PARMI LES NATIONS, parce que celles-ci étaient disséminées partout, et unies entre elles d’une manière imparfaite — Telles sont les familles de Noé selon leurs peuples et leurs nations; c'est à partir d’elles que les nations furent séparées sur la terre après le déluge Mais le peuple des Juifs était rassemblé par le lieu dans le culte du Dieu unique, et l’observation de la Loi — Le Seigneur édifiant Jérusalem rassemblera les dispersés d'Israël .

Ils ne disent pas qu’il doit aller vers les nations de manière à devenir un païen, mais en tant qu’il doit les ramener à lui; c’est pourquoi ils ajoutent : ET ENSEIGNER LES NATIONS. Ce qu’ils pensèrent peut-être à cause de ces paroles : C’est peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob, et faire se convertir le résidu d’Israël t’ai donné comme lu des nations, pour que tu sois mon salut jusqu'aux extrémités de la terre — bien qu’ils n’aient pas compris ce qu’ils disent, comme Caïphe n’eut pas l’intelligence de ses propres paroles lorsqu’il dit : Il vaut mieux pour vous qu’un seul homme meure et que toute la nation ne périsse pas . Ils disent cependant quelque chose de vrai, et ils ont prédit le salut des nations, comme le dit Augustin , c’est-à-dire ils ont prédit qu’il devait aller vers les nations, non par sa présence physique, mais "par ses pieds", c’est-à-dire par les Apôtres. Il a en effet envoyé ses membres vers nous, et il a fait de nous ses membres — J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de ce bercail, et il me faut les ramener (...) et il y aura un seul troupeau, et un seul pasteur C’est pourquoi il est dit, au nom des nations : II nous enseignera ses voies

1082. Ils apportent ensuite une objection à ce qu’ils avaient conjecturé, en disant : QU’EST CETTE PAROLE QU’IL A DITE : VOUS ME CHERCHEREZ... Autrement dit, s’il avait simplement dit : VOUS ME CHERCHEREZ, ET VOUS NE ME TROUVEREZ PAS, on pourrait bien comprendre qu’il doit s’en aller vers les nations; mais qu’il ait ajouté LA OU MOI JE SUIS, VOUS, VOUS NE POUVEZ VENIR, semble exclure une telle compréhension, car il ne nous est pas impossible d’aller vers les nations .
Saint Théophylacte d'Ohrid
Il s'en allait à son Père, comme pour les accuser ; car en couvrant d'outrages l'envoyé, nul doute qu'ils n'aient également outragé celui qui l'a envoyé.
Saint Bède le Vénérable
« Je m'en vais à celui qui m'a envoyé, » c'est-à-dire, je remonte vers mon Père qui m'a commandé de m'incarner pour votre salut ; il dit qu'il s'en va vers celui dont il ne s'est jamais séparé.
Saint Augustin
Ce que vous voulez faire actuellement vous le ferez, mais pas aujourd'hui, parce que je ne le veux pas, il me faut auparavant remplir l'objet de ma mission, et parvenir ainsi au temps de ma passion.

Nôtre-Seigneur sauvait de préférence les pauvres et les humbles : « Beaucoup d'entre le peuple crurent en lui, » etc. Le peuple, en effet, reconnut- aussitôt ses infirmités, et embrassa sans retard les moyens de guérison qui lui étaient offerts.

Comme ils ne pouvaient se saisir du Sauveur contre sa volonté, leur mission n'eut d'autre effet que de les rendre témoins de ses enseignements : « Jésus donc leur dit : Je suis encore avec vous un peu de temps. »

Ou bien ils veulent dire : S’il ne peut y avoir deux christs, celui-ci doit nécessairement l'être. Mais les princes du peuple, loin de partager ce sentiment, se livraient aux transports d'une fureur insensée. Non-seulement ils refusaient de reconnaître le médecin, mais ils voulaient le mettre à mort : « Les pharisiens entendirent que le peuple murmurait ainsi à son sujet, et ils envoyèrent des gardes pour le prendre. »

Ou bien encore, le Sauveur prédit ici sa résurrection, parce que les Juifs devaient le chercher alors dans les sentiments de la plus vive componction. Ils refusèrent de le reconnaître, alors qu'il était au milieu d'eux, et ils le cherchèrent lorsqu'ils virent que la multitude croyait en lui, et un grand nombre, pénétrés de repentir, s'écrièrent : « Que ferons-nous ? » Ils virent le Christ expirer, victime de leur haine impie et criminelle, et ils crurent au Christ qui leur accordait le pardon de leurs crimes ; ils ne désespérèrent de leur salut que jusqu'au moment où ils consentirent à boire le sang qu'ils avaient répandu.

Il ne dit pas : Où je serai, mais : « Où je suis, » car le Christ n'a jamais quitté le lieu où il retournait, et il y est retourné sans nous abandonner; Jésus eu tant que revêtu d'une chair visible était sur la terre ; mais par son invisible majesté, il était à la fois dans le ciel et sur la terre. Il ne dit pas non plus : Vous ne pourrez pas, mais : « Vous ne pouvez pas venir, » car l'état où ils se trouvaient ne leur permettait pas de le suivre alors ; mais pour vous bien convaincre qu'il m voulait point par ces paroles, les jeter dans le désespoir, nous lui voyons tenir à peu près le même langage à ses disciples : « Vous ne pouvez venir là où je vais, » et il en explique le sens à Pierre, lorsqu'il lui dit : « Vous ne pouvez maintenant me suivre où je vais, mais vous me suivrez un jour. » (Jn 13, 36.)

Ces paroles : « Où je vais, » signifiaient le sein du Père. C'est ce qu'ils ne comprirent en aucune façon, et cependant, à l'occasion de ces paroles, ils prédiront notre salut en annonçant que le Sauveur irait vers les Gentils, non par sa présence corporelle, mais cependant par ses pieds, car ce sont ses propres membres qu'il a envoyés pour nous mettre nous-mêmes au rang de ses membres.
Saint Jean Chrysostome
Ces paroles respirent une profonde humilité, ne semble-t-il pas leur dire : Pourquoi vous empresser de me mettre à mort ? attendez un peu de temps.

Le Sauveur ne veut pas laisser croire qu'il sortira de ce monde par la mort, suivant les règles ordinaires, et il ajoute : « Et où je suis, vous ne pouvez venir. » S'il demeurait au sein de la mort, ils pourraient aller le rejoindre, car c'est vers ce terme que nous nous dirigeons tous.

Cependant sa foi n'était pas encore pure, et son langage était bien le langage vulgaire de la multitude : « Et ils disaient : Quand le Christ viendra, fera-t-il plus de miracles que celui-ci ? » Ce langage, en effet : « Lorsque le Christ viendra, » n'indiquait pas qu'ils croyaient bien fermement que Jésus fut le Christ ; ou bien si l'on veut, c'était dans leur esprit une espèce de preuve qu'il le fût, comme s'ils disaient : Lorsque le Christ viendra, sera-t-il supérieur à celui-ci, et fera-t-il un plus grand nombre de miracles ? Le peuple, en effet, se laissé bien plus facilement gagner par l'éclat des miracles que par l'excellence de la doctrine.

Bien des fois précédemment, il leur avait annoncé sa doctrine, et jamais ils ne s'étaient portés à cette extrémité. Ce qui les blessait au vif, c'est que le peuple glorifiait Jésus comme le Christ ; la violation du sabbat n'était que le prétexte qu'ils mettaient en avant. Ils n'osent cependant eux-mêmes s'emparer de sa personne, dans la crainte du danger qu'ils pourraient courir, et ils délèguent ce soin à leurs gardes, comme étant habitués à braver les dangers.

Il calmait ainsi la fureur des plus audacieux, et excitait vivement l'attention de la partie du peuple plus zélée pour l'entendre, eu lui annonçant qu'il lui restait peu de temps pour profiter de ses enseignements. Remarquez qu'il ne dit pas : Je suis, mais : « Je suis avec vous, » c'est-à-dire, bien que vous me persécutiez, je ne cesserai de m'occuper de vos intérêts et de vous prodiguer les enseignements qui peuvent vous conduire au salut. Ces paroles qu'il ajoute : « Je m'en vais à celui qui m'a envoyé, » suffisaient pour les remplir d'effroi.

Il leur fait connaître ensuite le besoin qu'ils auraient de lui, en ajoutant : « Vous me chercherez et vous ne me trouverez point. » Mais où donc les Juifs l'ont-ils cherché ? Saint Luc (Lc 23) nous rapporte que les femmes le suivaient eu pleurant et en se lamentant. Il est vraisemblable qu'un grand nombre d'autres furent tourmentés du même désir, et qu'au moment surtout du siège et de la prise de Jérusalem, ils se souvinrent de Jésus-Christ, de ses miracles, et qu'ils recherchèrent sa présence.

En s'exprimant de la sorte, Jésus veut les attirer à lui, le peu de temps qu'il devait passer avec eux, le désir qu'ils devaient éprouver de le revoir après qu'il les aurait quittés, l'impossibilité pour eux de le retrouver, étaient des raisons bien suffisantes pour leur persuader de venir à lui. En leur disant d'ailleurs : « Je vais à celui qui m'a envoyé, » il fait voir qu'il n'a rien à redouter de leurs embûches, et que sa passion est tout à fait volontaire. Cependant les Juifs furent impressionnés de ces paroles, et ils se demandent entre eux où il devait aller, question qui ne peut guère s'expliquer, s'ils désiraient être délivrés de lui : « Les Juifs dirent donc entre eux, où doit-il aller, que nous ne le trouverons pas ? » Doit-il aller chez les nations dispersées, et enseigner les Gentils ? C'est ainsi que les Juifs appelaient les nations par un sentiment de mépris pour elles, et dans la haute idée qu'ils avaient d'eux-mêmes, parce que les nations étaient dispersées par tout l'univers et peu unies entre elles. Mais cette dénomination injurieuse pesa plus tard sur les Juifs eux-mêmes, qui furent dispersés par toute la terre. Autrefois, toute la nation ne formait qu'un seul corps, mais au temps de Jésus-Christ, les Juifs étaient disséminés parmi toutes les nations, le Sauveur n'aurait donc pas dit : « Vous ne pouvez venir là où je vais, » si par ces mots, il eut voulu entendre les Gentils.

Leur intention n'est pas de dire qu'il doit aller vers les nations pour leur causer du mal, mais pour les enseigner. Déjà en effet, leur colère s'était calmée, et ils avaient ajouté foi à ses paroles, car s'ils n'y avaient point cru, ils ne se seraient pas fait cette question : « Qu'est-ce que cette parole qu'il a dite : « Vous me chercherez, et vous ne me trouverez point, et là où je vais, vous ne pouvez venir ? »