Jean 7, 35

Les Juifs se dirent alors entre eux : « Où va-t-il bien partir pour que nous ne le trouvions pas ? Va-t-il partir chez les nôtres dispersés dans le monde grec, afin d’instruire les Grecs ?

Les Juifs se dirent alors entre eux : « Où va-t-il bien partir pour que nous ne le trouvions pas ? Va-t-il partir chez les nôtres dispersés dans le monde grec, afin d’instruire les Grecs ?
Fulcran Vigouroux
Chez les nations dispersées. Le texte porte littéralement : dans la dispersion des gentils, ce qui chez les Juifs signifiait les Israélites dispersés et vivants au milieu des païens. C’est le sens qu’a ici cette locution. Plus tard les Apôtres appliquaient cette dénomination aux chrétiens ou Juifs convertis dispersés au milieu des Gentils, voir Jacques, 1, 1 ; 1 Pierre, 1, 1.
Louis-Claude Fillion
Les Juifs dirent donc : à cause de cette parole qu'ils n'avaient pas comprise, ou pas voulu comprendre. - Entre eux. Dans le sens les uns aux autres. Ils échangent entre eux une méchante ironie ; mais d'autres traits beaucoup plus mordants sont venus s'émousser sur la pierre angulaire qui est le Christ. - Où est-ce-donc… Voyant la partie perdue chez nous, s'en ira-t-il jouer son rôle en quelque autre pays? - Nous ne pourrons le trouver : Puisque, d'après son assertion, il nous sera désormais impossible de le trouver. - Là- dessus, ils hasardent une hypothèse, mais tellement étrange à leurs propres yeux, qu'ils en masquent tout d'abord l'invraisemblance au moyen de l’interrogation : Il n'ira pourtant pas…? Voyez la note du v. 31. - Dispersés parmi les Gentils : Était une expression alors en usage chez les Juifs pour désigner ceux des leurs qui, depuis la captivité, étaient « dispersés » en si grand nombre à travers le monde païen (le monde grec, d'après toute la force du texte primitif). Cf. Jac. 1, 1 ; 1 Petr. 1, 1, etc. C'est l'abstrait pour le concret. On a cru quelquefois bien à tort que la "dispersion des gentils" représente les païens eux-mêmes (Calmet, Allioli, etc.). - Instruira-t-il les païens. Ils supposent que Jésus, prenant pour point d'appui ses coreligionnaires se mettra ensuite à enseigner les Gentils. Ces derniers mots mettent en relief ce qu'il y avait de piquant dans l'ironie : les païens abhorrés devenant, par la prédication de Jésus, membres de la théocratie ! Et pourtant, ceux qui ne pensaient alors qu'à lancer contre Jésus-Christ une grossière injure, étaient prophètes sans le vouloir, à la façon de Caïphe (Cf. 11, 50). En réalité, comme le montre chaque page de la vie de S. Paul (Act. 14 et ss.), la propagation de l'évangile eut lieu de la manière ironiquement exprimée dans ce passage : les apôtres iront bientôt "enseigner les gentils", et c'est après avoir passé par les synagogues juives que la prédication chrétienne retentira ensuite aux oreilles de Gentils. Il avait aussi un pressentiment de la vérité, ce Rabbin qui écrivait, Pesach, 87, 2: "R. Eliézer a dit que le Seigneur a dispersé les Israélites parmi les autres nations, afin que les païens puissent s'attacher à eux".