Jean 7, 11
Les Juifs le cherchaient pendant la fête, en disant : « Où donc est-il ? »
Les Juifs le cherchaient pendant la fête, en disant : « Où donc est-il ? »
Cependant, une émotion très vive régnait à Jérusalem au sujet de Notre-Seigneur : peuple et hiérarques, amis
et ennemis, tous s'occupaient et parlaient de lui. L'évangéliste en trace un tableau pittoresque, v. 11-13. - Les
juifs. Par "Juifs" il faut entendre les chefs spéciaux de la nation théocratique, à peu près universellement
hostiles au Sauveur. Cf. v. 13. - Le cherchaient donc. (Par suite de l'absence de Jésus) Notez cet imparfait et
tous les suivants, qui marquent des actions réitérées. Ils se disaient entre eux, ou bien ils disaient aux pèlerins
en les questionnant : Où est-il ? Jésus remplissait si bien tous les esprits qu'on n'avait pas même besoin de
prononcer son nom. Sous la question des hiérarques on voit poindre un double sentiment : l'étonnement
causé par son absence, puisqu'il s'agissait d'une fête obligatoire, et le désir inquiet, hostile, de connaître le
lieu de sa retraite.
1010. Après avoir traité de la vie et de la nourriture spirituelles, le Seigneur poursuit en parlant de la formation, ou de l’enseignement, ce qui est la troisième chose nécessaire à ceux qui ont été régénérés spirituellement, comme on l’a dit .
Il commence par montrer le but du présent chapitre l’origine de son enseignement; ensuite, à partir du chapitre VIII, il manifestera son utilité.
Ici, l’Evangéliste commence par situer le lieu où le Christ a mis en lumière l’origine de son enseignement, en exposant d’abord comment on a incité le Christ à s’y rendre, puis le refus du Seigneur , et enfin comment le Christ y est parvenu .
Puis l’Evangéliste montrera les occasions de manifester l’origine de l’enseignement du Christ , avant de nous donner cette manifestation elle-même .
L’Évangéliste, pour montrer comment on a incité le Christ à se rendre dans le lieu où il amis en lumière l’origine de son enseignement, commence par montrer les occasions qui ont provoqué cefait, puis il nous expose le fait lui-même .
Trois raisons poussaient [lesfrères du Seigneur à l’inciter à se rendre en Judée : son séjour prolongé , son intention , l’opportunité du moment .
1011. Par son séjour en Galilée, le Christ manifestait son intention de s’attarder, et c’est pourquoi l’Evangéliste affirme : APRÈS CELA, c’est-à-dire après les paroles qu’il avait dites à Capharnaüm, JESUS PARCOURAIT LA GALILEE. Il était en effet reparti de Capharnaüm, métropole de la Galilée, afin de parcourir cette région.
Si le Seigneur séjourne souvent en Galilée, c’est pour nous montrer que nous devons passer des vices aux vertus : Toi donc, fils d’homme, fais-toi un bagage d’émigré; tu émigreras devant eux en plein jour
1012. Les frères du Seigneur étaient poussés par une deuxième raison : l’intention du Christ; intention qu’il leur avait peut-être fait connaître par ses paroles, et c’est pour quoi l'Evangéliste dit : Jésus, EN EFFET, NE VOULAIT PAS PARCOURIR LA JUDEE. La raison en est que LES JUIFS CHERCHAIENT A LE TUER. Et ces derniers cherchaient à le tuer parce que non seulement il violait le sabbat, mais encore il appelait Dieu son propre Père, se faisant ainsi l’égal de Dieu .
Mais ne pouvait-il pas s’y rendre et circuler parmi les Juifs sans être mis à mort par eux, comme il le fit plus tard? On peut, en réponse à cette question, donner trois raisons. La première vient d’Augustin il arriverait dans l’avenir que certains, à cause de leur foi au Christ, devraient se cacher pour ne pas être découverts par leurs persécuteurs. Afin qu’on ne leur reprochât pas leur fuite comme un crime, le Seigneur, pour notre consolation, voulut montrer qu’en cela il les avait précédés — ce qu’il enseigne du reste par la parole : Lorsqu'on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre .
La seconde raison est que le Christ était Dieu et homme; c’est pourquoi, en vertu de sa divinité, il pouvait ne pas être blessé par ses persécuteurs; mais il ne voulut pas toujours agir ainsi, parce que sa divinité aurait été manifestée de telle sorte qu’on en serait venu à douter de son humanité. Et c’est pourquoi, fuyant parfois ses persécuteurs comme un homme, il affirme son humanité, afin de con fondre tous ceux d’après qui il n’a pas été véritablement homme; et parfois, passant sans dommage au milieu d’eux il manifeste sa divinité, confondant ainsi tous ceux aux yeux de qui il n’est qu’un homme. Cela explique pourquoi Chrysostome a sous les yeux une autre version : "Il n’avait pas le pouvoir s'il le voulait de se rendre en Judée", si l’on considère le mode humain des actions du Christ autrement dit : on peut vouloir se rendre en un lieu et en être empêché par des embûches.
La troisième raison est que le temps de sa Passion n’était pas encore venu, car c’est au moment de la Pâque qu’il aurait à souffrir, lorsque l’agneau serait immolé, pour qu’ainsi la Victime se substituât à la victime : Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père...
1013. L’opportunité du moment était une raison de plus, pour ses frères, de l’inciter à partir : il convenait alors de se rendre à Jérusalem; et c’est ce que l’Evangéliste dit : OR ON ETAIT TOUT PROCHE DE LA FETE DES JUIFS, LA SCENOPEGIE. Scenopegia est un mot grec composé de scenos qui signifie "tente" et de phagim qui veut dire "manger"; autrement dit : c’était le temps où les Juifs prenaient leurs repas sous des tentes Car le Seigneur avait prescrit aux fils d’Israël que le septième mois ils habiteraient pendant sept jours dans des tentes en mémoire des quarante années où ils avaient habité sous des tentes au désert. Et les juifs célébraient alors cette fête.
L’Evangéliste rappelle ce fait pour montrer qu’entre le moment où furent accomplies les œuvres concernant la nourriture spirituelle et le moment présent, beaucoup de temps s’était écoulé. En effet, quand le Christ fit le miracle des pains, la fête de la Pâque était proche; or la fête des Tentes a lieu bien après la Pâque. Ainsi l’Evangéliste ne mentionne ici aucun des actes accomplis par le Seigneur pendant cet intervalle de cinq mois, pour nous faire com prendre ceci : bien qu’il ne cessât d’accomplir des signes [comme saint Jean le dit à la fin de cet Evangile , les Evangélistes s’appliquèrent surtout à relater ceux qui furent occasion de dispute ou d’opposition de la part des Juifs
1014. L’Évangéliste expose ici l’incitation des frères du Seigneur : d’abord leur exhortation, ensuite le but de cette exhortation ; enfin, l’Evangéliste montre pour quoi ils l’exhortent ainsi .
1015. L’Évangéliste commence donc par faire con naître ceux qui s’adressent au Christ : SES FRERES, non des frères selon la chair, du même sein que lui, blasphème que proféra Elvidius, car la foi catholique nie que ce sein virginal très saint qui enfanta Dieu homme ait ensuite conçu un autre homme mortel. Ils étaient donc ses frères par un lien de parenté parce qu’ils étaient du même sang que la bien heureuse Vierge Marie. C’est en effet la coutume de l’Ecriture d’appeler frères ceux qui sont liés par le sang — Abraham dit à Lot : "Qu'il n'y ait pas, je te prie, de dispute entre toi et moi (...) car nous sommes frères" alors que Lot était le neveu d’Abraham. Et comme le dit Augustin, de même que dans le sépulcre où on déposa le corps du Seigneur ne reposa ni avant ni après un autre corps, ainsi le sein de Marie, ni avant ni après la conception, ne conçut aucun mortel Mais parmi les parents de la bienheureuse Vierge il y avait des Apôtres, tels les fils de Zébédée, et Jacques fils d’Alphée, et d’autres encore; aussi ne faut-il pas croire qu’ils furent de ceux qui incitèrent le Christ à se rendre en Judée; ce furent d’autres parents, qui n’aimaient pas le Christ.
L’Évangéliste expose ensuite leur exhortation : TRAVERSE D'ICI, c’est-à-dire de la Galilée, ET VA EN JUDEE, là où se trouve jérusalem, ce lieu où normalement se trouvent les docteurs : Toi qui vois, va, fuis dans la terre de Juda et mange là ton pain, et là tu prophétiseras
1016. Ils donnent aussi le but de cette exhortation en disant : POUR QUE TES DISCIPLES AUSSI VOIENT TES ŒUVRES, CELLES QUE TU FAIS. Par ces paroles ils mon trent qu’ils sont avides de vaine gloire, soupçonneux et incrédules .
Ils se montrent avides de vaine gloire quand ils disent : POUR QUE TES DISCIPLES AUSSI VOIENT TES ŒUVRES, CELLES QUE TU FAIS. Ils éprouvaient en effet des sentiments purement humains à l’égard du Christ et voulaient capter la gloire de l’honneur humain que les foules rendaient au Christ; et c’est pourquoi ils l’amenaient à accomplir ses œuvres en public. Car c’est le propre de l’assoiffé de vaine gloire que de manifester en public tout ce qu’il y a de glorieux en lui ou chez les siens : Ils aiment prier debout dans les synagogues et aux coins des places, afin de se faire voir des hommes eux dont il est dit : Ils préférèrent la gloire des hommes à la gloire de Dieu .
Ils se montrent ensuite soupçonneux et accusent d’abord le Christ d’avoir peur; c’est pourquoi ils lui disent : PERSONNE CERTES NE FAIT QUELQUE CHOSE DANS LE SECRET, autrement dit : toi, tu dis que tu accomplis des miracles, mais tu les fais en secret, et cela par crainte, sinon tu irais à Jérusalem et là tu les ferais devant la multitude. Cependant le Seigneur dit : C’est ouvertement que j’ai parlé au monde et je n’ai rien dit en secret Puis ils l’accusent d’aimer la gloire; aussi disent-ils : S’IL CHERCHE A ETRE LUI MEME A U GRAND JOUR, autrement dit : toi, tu cherches à tirer gloire de ce que tu accomplis, et cependant par crainte tu te caches. C’est le propre des méchants de croire que les autres ont des passions semblables aux leurs. Voyez avec quelle insolence la prudence de la chair attaquait le Verbe fait chair; c’est contre eux qu’il est dit : Tu reprends celui qui n’est pas égal à toi .
Enfin, ils se montrent incrédules quand ils ajoutent : SI TU FAIS CES CHOSES, MANIFESTE-TOI AU MONDE, comme mettant en doute le fait qu’il accomplisse lui-même des miracles — Celui qui est incrédule agit d’une manière infidèle
1017. L’Évangéliste ajoute la raison pour laquelle ils parlaient ainsi, lorsqu’il dit : EN EFFET, SES FRERES NON PLUS NE CROYAIENT PAS EN LUI – Il arrive en effet que les hommes charnels soient les pires ennemis de ceux qui leur sont unis par le sang et qu’ils envient leurs biens spirituels; et ainsi ils les méprisent. Aussi Augustin dit-il : "Ils ont bien pu avoir le même sang que le Christ; mais à cause même de leur proximité il leur répugnait de croire en lui " — L'homme a pour ennemis ceux de sa propre maison — Il a éloigné mes frères de moi, et mes amis, comme des étrangers, se sont retirés de moi. Mes proches m'ont abandonné, et ceux qui me connaissaient m’ont oublié
LE REFUS DU CHRIST
1018. Il s’agit ici de la réponse du Christ; il indique d’abord que le temps n’est pas opportun pour partir et il en donne ensuite la raison ; puis il dit son refus de monter la fête .
1019. Il faut savoir que tout ce verset est interprété différemment par Augustin et par Chrysostome .
Selon Augustin les frères du Seigneur l’invitaient à une gloire humaine. Mais le temps où les saints parviennent à la gloire, c’est le temps à venir; ils y parviennent par de grandes souffrances et des tribulations — Comme l’or dans la fournaise, Dieu les a éprouvés, comme une victime d’holocauste il les a agréés, et quand leur temps sera venu il les regardera favorablement Mais le temps où ceux qui appartiennent au monde obtiennent leur gloire, c’est le temps présent — Ne laissons pas passer la fleur de ce temps, couronnons-nous de roses avant qu’elles ne flétrissent Le Seigneur voulut donc montrer qu’il ne cherchait pas la gloire de ce temps, mais qu’il voulait parvenir par sa Passion et son humilité à l’élévation de la gloire céleste — Ne fallait-il pas que le Christ souffrît toutes ces choses pour entrer dans sa gloire? Et c’est pourquoi il leur dit — à ses frères — MON TEMPS — le temps de ma gloire — N’EST PAS ENCORE ADVENU, car il faut que la tristesse soit changée en joie Les souffrances du temps présent sont sans proportion avec la gloire future qui doit se révéler en nous Mais VOTRE TEMPS, c’est-à-dire la gloire du monde, EST TOUJOURS PRET
1020. Par ces mots, le Christ indique la raison de cette différence de temps. En effet, pour ceux qui appartiennent au monde, le temps de la gloire est là, parce qu’ils aiment ce que le monde aime, et ils sont en accord avec le monde. Mais pour les saints, qui cherchent la gloire spirituelle, le temps de la gloire n’est pas venu, parce qu’ils cherchent ce qui déplaît au monde : la pauvreté, les larmes, la faim et autres choses semblables Ils blâment aussi ce que le monde aime; bien plus, ils méprisent le monde lui-même : Le monde est à jamais cruc et moi pour le monde C’est pour quoi le Christ dit : LE MONDE NE PEUT PAS VOUS HAIR; autrement dit : le temps de votre gloire est là, parce que le monde ne vous hait pas, vous qui vous accordez avec lui, et parce que tout être vivant aime son semblable MAIS IL ME HAIT; et donc mon temps n’est pas toujours prêt. Et la rai son de cette haine, c’est que MOI JE RENDS TEMOIGNAGE A SON SUJET — au sujet du monde — QUE SES ŒUVRES SONT MAUVAISES : je ne manque pas de reprendre les hommes qui appartiennent au monde, même si je sais qu’ainsi je suscite la haine et m’expose à la mort — Ils (ceux qui aiment la méchanceté) ont haï celui qui les reprenait à la Porte — Ne reprends pas le railleur, de peur qu’il ne te haïsse
1021. Mais n’y a-t-il pas des hommes qui, tout en étant du monde, sont haïs par le monde, c’est-à-dire par un de leurs semblables? Il faut répondre qu’un de ceux-là peut être objet de haine de la part d’un autre pour des motifs par ticuliers, parce que celui-là possède ce que celui-ci voudrait posséder, ou lui est un obstacle dans ce qui se rapporte à la gloire du monde; mais en tant que tel, aucun homme appartenant au monde n’est l’objet de la haine du monde. Les saints, par contre, sont universellement haïs du monde, parce qu’ils le contredisent. Et si quelqu’un du monde les aime, ce n’est pas en tant qu’il est du monde, mais en tant qu’il y a en lui quelque chose de spirituel.
1022. Le Seigneur refuse ici de monter à la fête. En effet, de même qu’il y a deux espèces de gloire, il y a deux espèces de fête. Les gens du monde ont dés fêtes temporel les, qui consistent à se réjouir, à faire bonne chère et à s’adonner à des jouissances extérieures du même genre — Le Seigneur appela aux pleurs, aux gémissements, à se raser les cheveux et à se ceindre d'un sac; et voici la joie et l’allégresse : on tue des veaux, on égorge des béliers, on mange des viandes et on boit du vin Mon âme hait vos solennités . Quant aux saints, ils ont des fêtes spirituelles, qui consistent dans les joies de l’esprit — Contemple Sion, la ville de nos fêtes Et c’est pourquoi il dit : VOUS, qui cherchez la gloire du monde, MONTEZ A CETTE FETE, fête de joie éphémère; MAIS MOI JE NE MONTERAI PAS A CETTE FETE, mais à la fête de la solennité éternelle; et cela PARCE QUE MON TEMPS, celui de ma gloire, qui demeurera sans fin dans une joie éternelle, éternité sans labeur, sérénité sans nuage, N’EST PAS ENCORE ACCOMPLI –
1023. Chrysostome tout en gardant la même division, interprète ce verset de la manière suivante : Les frères du Seigneur avaient tramé avec les Juifs de faire mourir le Christ; c’est pourquoi ils l’incitaient à partir, voulant le faire paraître en public et le livrer aux Juifs. Aussi dit-il : MON TEMPS, c’est-à-dire le temps de la croix et de la mort, N’EST PAS ENCORE ADVENU, pour que j’aille en Judée et sois mis à mort; MAIS VOTRE TEMPS EST TOUJOURS PRET, parce que vous, vous pourrez demeurer avec eux sans danger. La raison en est qu’ils ne peuvent vous haïr, vous qui êtes animés du même zèle qu’eux et qui aimez ce qu’ils aiment. MAIS IL ME HAIT, PARCE QUE MOI JE RENDS TEMOIGNAGE A SON SUJET QUE SES ŒUVRES SONT MAUVAISES, ce qui montre que les Juifs me haïssent non pas parce que je relativise le sabbat, mais parce que je les contredis publiquement. VOUS donc, MONTEZ A CETTE FETE, c’est-à-dire pour le début de la fête (car elle se célé brait pendant sept jours, comme nous l’avons dit ); quant à MOI, JE NE MONTERAI PAS A CETTE FETE, c’est-à-dire avec vous, ou bien au début de la fête, PARCE QUE MON TEMPS, celui oùje dois souffrir, N’EST PAS ENCORE ACCOMPLI; en effet, c’est au cours d’une Pâque à venir qu’il devait être crucifié. Et c’est pourquoi il ne monta pas avec eux, pour pouvoir mieux se cacher.
COMMENT LE CHRIST EST MONTÉ EN JUDÉE
1024. L’Évangéliste traite ici de la montée du Christ en Judée; il en montre d’abord l’ajournement , puis l’ordre , enfin le mode .
1025. Il montre l’ajournement de la montée du Christ lorsqu’il dit : APRES AVIR DIT CELA, c’est-à-dire ayant fait cette réponse, LUI-MEME DEMEURA EN GALILEE, ne montant pas à la fête avec les gens de sa parenté, pour que fût vérifiée la parole qu’il avait dite : MOI, JE NE MONTE RAI PAS A CETTE FETE — Dieu n’est pas semblable à un homme pour mentir, ni fils d’homme pour changer
1026. L’Évangéliste montre ensuite l’ordre de cette montée lorsqu’il dit : MAIS QUAND SES FRERES, c’est-à-dire les gens de sa parenté, FURENT MONTES, ALORS LUI AUSSI MONTA A LA FETE.
Mais cela semble aller à l’encontre de ce qu’il a dit plus haut : MOI, JE NE MONTERAI PAS À CETTE FETE; l’Apôtre dit pourtant : En le Christ Jésus que nous avons prêché parmi vous (...), il n'a pas eu de oui et de non; c’est le oui qui s’est trouvé en lui .
Il faut répondre en premier lieu, selon le sens littéral, que la fête de la scénopégie durait sept jours, comme nous l’avons dit Le Seigneur a dit plus haut : MOI, JE NE MON TERAI PAS A CETTE FETE, c’est-à-dire au début de la fête. Ce qui est dit ici — A LA FETE — doit être compris des jours intermédiaires; d’où ce qu’on lit plus loin : alors qu’on était déjà au milieu de la fête Et ainsi, il est évident que ce que le Christ a fait n’a pas été en contradiction avec ce qu’il a dit.
Selon Augustin on peut répondre ceci : ses frères vou laient que le Christ montât en Judée pour y chercher une gloire éphémère; ainsi, il leur dit : JE NE MONTERAI PAS A CETTE FETE, de cette manière, comme vous le voulez. Mais LUI AUSSI MONTA A LA FETE, pour y enseigner les foules et les instruire de la gloire éternelle.
On peut répondre enfin, selon Chrysostome, qu’il a dit plus haut : JE NE MONTERAI PAS A CETTE FETE pour souffrir et mourir, comme eux le voulaient; cependant LUI AUSSI MONTA A LA FETE, non pas pour y souffrir, mais pour y instruire les autres
1027. Ici, l’Évangéliste montre la manière dont le Christ est monté en Judée; la raison de cette manière d’agir est triple.
Selon Chrysostome, il fit cela de peur que, sa divinité étant davantage découverte, son Incarnation soit moins certaine, comme on l’a dit plus haut, et pour supprimer la honte qu’éprouvent les hommes justes à devoir se cacher, quand ils ne peuvent pas résister à leurs persécuteurs à la face de tous. Et l’Evangéliste dit expressément COMME EN SECRET, pour montrer que cela a été fait par mode d’arrangement — Vraiment tu es un Dieu caché .
Selon Augustin c’est pour donner à entendre que le Christ est caché dans les figures de l’Ancien Testament — J’ai attendu le Seigneur qui a caché sa face, c’est-à-dire la connaissance manifeste quenous pouvons avoir de lui, loin de la maison de Jacob et c’est pourquoi ils ont jusqu’à aujourd’hui un voile posé sur leur cœur Toutes les choses qui ont été dites au peuple ancien, Israël, furent des ombres des biens futurs, comme le dit l’épître aux Hébreux . Donc, pour montrer que cette fête elle-même était une figure, le Christ y monta en secret. La scénopégie, comme nous l’avons dit, était la célébration des tentes. Célèbre donc cette fête celui qui comprend qu’il est en ce monde un pèlerin .
Enfin, et c’est encore une autre raison, il fit cela pour nous montrer que nous devons cacher ce que nous faisons de bien, ne cherchant pas la faveur des hommes, ni ne désirant les acclamations de foules empressées — Gardez-vous d’accomplir votre justice en face des hommes de façon à être vus d’eux
Il commence par montrer le but du présent chapitre l’origine de son enseignement; ensuite, à partir du chapitre VIII, il manifestera son utilité.
Ici, l’Evangéliste commence par situer le lieu où le Christ a mis en lumière l’origine de son enseignement, en exposant d’abord comment on a incité le Christ à s’y rendre, puis le refus du Seigneur , et enfin comment le Christ y est parvenu .
Puis l’Evangéliste montrera les occasions de manifester l’origine de l’enseignement du Christ , avant de nous donner cette manifestation elle-même .
L’Évangéliste, pour montrer comment on a incité le Christ à se rendre dans le lieu où il amis en lumière l’origine de son enseignement, commence par montrer les occasions qui ont provoqué cefait, puis il nous expose le fait lui-même .
Trois raisons poussaient [lesfrères du Seigneur à l’inciter à se rendre en Judée : son séjour prolongé , son intention , l’opportunité du moment .
1011. Par son séjour en Galilée, le Christ manifestait son intention de s’attarder, et c’est pourquoi l’Evangéliste affirme : APRÈS CELA, c’est-à-dire après les paroles qu’il avait dites à Capharnaüm, JESUS PARCOURAIT LA GALILEE. Il était en effet reparti de Capharnaüm, métropole de la Galilée, afin de parcourir cette région.
Si le Seigneur séjourne souvent en Galilée, c’est pour nous montrer que nous devons passer des vices aux vertus : Toi donc, fils d’homme, fais-toi un bagage d’émigré; tu émigreras devant eux en plein jour
1012. Les frères du Seigneur étaient poussés par une deuxième raison : l’intention du Christ; intention qu’il leur avait peut-être fait connaître par ses paroles, et c’est pour quoi l'Evangéliste dit : Jésus, EN EFFET, NE VOULAIT PAS PARCOURIR LA JUDEE. La raison en est que LES JUIFS CHERCHAIENT A LE TUER. Et ces derniers cherchaient à le tuer parce que non seulement il violait le sabbat, mais encore il appelait Dieu son propre Père, se faisant ainsi l’égal de Dieu .
Mais ne pouvait-il pas s’y rendre et circuler parmi les Juifs sans être mis à mort par eux, comme il le fit plus tard? On peut, en réponse à cette question, donner trois raisons. La première vient d’Augustin il arriverait dans l’avenir que certains, à cause de leur foi au Christ, devraient se cacher pour ne pas être découverts par leurs persécuteurs. Afin qu’on ne leur reprochât pas leur fuite comme un crime, le Seigneur, pour notre consolation, voulut montrer qu’en cela il les avait précédés — ce qu’il enseigne du reste par la parole : Lorsqu'on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre .
La seconde raison est que le Christ était Dieu et homme; c’est pourquoi, en vertu de sa divinité, il pouvait ne pas être blessé par ses persécuteurs; mais il ne voulut pas toujours agir ainsi, parce que sa divinité aurait été manifestée de telle sorte qu’on en serait venu à douter de son humanité. Et c’est pourquoi, fuyant parfois ses persécuteurs comme un homme, il affirme son humanité, afin de con fondre tous ceux d’après qui il n’a pas été véritablement homme; et parfois, passant sans dommage au milieu d’eux il manifeste sa divinité, confondant ainsi tous ceux aux yeux de qui il n’est qu’un homme. Cela explique pourquoi Chrysostome a sous les yeux une autre version : "Il n’avait pas le pouvoir s'il le voulait de se rendre en Judée", si l’on considère le mode humain des actions du Christ autrement dit : on peut vouloir se rendre en un lieu et en être empêché par des embûches.
La troisième raison est que le temps de sa Passion n’était pas encore venu, car c’est au moment de la Pâque qu’il aurait à souffrir, lorsque l’agneau serait immolé, pour qu’ainsi la Victime se substituât à la victime : Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père...
1013. L’opportunité du moment était une raison de plus, pour ses frères, de l’inciter à partir : il convenait alors de se rendre à Jérusalem; et c’est ce que l’Evangéliste dit : OR ON ETAIT TOUT PROCHE DE LA FETE DES JUIFS, LA SCENOPEGIE. Scenopegia est un mot grec composé de scenos qui signifie "tente" et de phagim qui veut dire "manger"; autrement dit : c’était le temps où les Juifs prenaient leurs repas sous des tentes Car le Seigneur avait prescrit aux fils d’Israël que le septième mois ils habiteraient pendant sept jours dans des tentes en mémoire des quarante années où ils avaient habité sous des tentes au désert. Et les juifs célébraient alors cette fête.
L’Evangéliste rappelle ce fait pour montrer qu’entre le moment où furent accomplies les œuvres concernant la nourriture spirituelle et le moment présent, beaucoup de temps s’était écoulé. En effet, quand le Christ fit le miracle des pains, la fête de la Pâque était proche; or la fête des Tentes a lieu bien après la Pâque. Ainsi l’Evangéliste ne mentionne ici aucun des actes accomplis par le Seigneur pendant cet intervalle de cinq mois, pour nous faire com prendre ceci : bien qu’il ne cessât d’accomplir des signes [comme saint Jean le dit à la fin de cet Evangile , les Evangélistes s’appliquèrent surtout à relater ceux qui furent occasion de dispute ou d’opposition de la part des Juifs
1014. L’Évangéliste expose ici l’incitation des frères du Seigneur : d’abord leur exhortation, ensuite le but de cette exhortation ; enfin, l’Evangéliste montre pour quoi ils l’exhortent ainsi .
1015. L’Évangéliste commence donc par faire con naître ceux qui s’adressent au Christ : SES FRERES, non des frères selon la chair, du même sein que lui, blasphème que proféra Elvidius, car la foi catholique nie que ce sein virginal très saint qui enfanta Dieu homme ait ensuite conçu un autre homme mortel. Ils étaient donc ses frères par un lien de parenté parce qu’ils étaient du même sang que la bien heureuse Vierge Marie. C’est en effet la coutume de l’Ecriture d’appeler frères ceux qui sont liés par le sang — Abraham dit à Lot : "Qu'il n'y ait pas, je te prie, de dispute entre toi et moi (...) car nous sommes frères" alors que Lot était le neveu d’Abraham. Et comme le dit Augustin, de même que dans le sépulcre où on déposa le corps du Seigneur ne reposa ni avant ni après un autre corps, ainsi le sein de Marie, ni avant ni après la conception, ne conçut aucun mortel Mais parmi les parents de la bienheureuse Vierge il y avait des Apôtres, tels les fils de Zébédée, et Jacques fils d’Alphée, et d’autres encore; aussi ne faut-il pas croire qu’ils furent de ceux qui incitèrent le Christ à se rendre en Judée; ce furent d’autres parents, qui n’aimaient pas le Christ.
L’Évangéliste expose ensuite leur exhortation : TRAVERSE D'ICI, c’est-à-dire de la Galilée, ET VA EN JUDEE, là où se trouve jérusalem, ce lieu où normalement se trouvent les docteurs : Toi qui vois, va, fuis dans la terre de Juda et mange là ton pain, et là tu prophétiseras
1016. Ils donnent aussi le but de cette exhortation en disant : POUR QUE TES DISCIPLES AUSSI VOIENT TES ŒUVRES, CELLES QUE TU FAIS. Par ces paroles ils mon trent qu’ils sont avides de vaine gloire, soupçonneux et incrédules .
Ils se montrent avides de vaine gloire quand ils disent : POUR QUE TES DISCIPLES AUSSI VOIENT TES ŒUVRES, CELLES QUE TU FAIS. Ils éprouvaient en effet des sentiments purement humains à l’égard du Christ et voulaient capter la gloire de l’honneur humain que les foules rendaient au Christ; et c’est pourquoi ils l’amenaient à accomplir ses œuvres en public. Car c’est le propre de l’assoiffé de vaine gloire que de manifester en public tout ce qu’il y a de glorieux en lui ou chez les siens : Ils aiment prier debout dans les synagogues et aux coins des places, afin de se faire voir des hommes eux dont il est dit : Ils préférèrent la gloire des hommes à la gloire de Dieu .
Ils se montrent ensuite soupçonneux et accusent d’abord le Christ d’avoir peur; c’est pourquoi ils lui disent : PERSONNE CERTES NE FAIT QUELQUE CHOSE DANS LE SECRET, autrement dit : toi, tu dis que tu accomplis des miracles, mais tu les fais en secret, et cela par crainte, sinon tu irais à Jérusalem et là tu les ferais devant la multitude. Cependant le Seigneur dit : C’est ouvertement que j’ai parlé au monde et je n’ai rien dit en secret Puis ils l’accusent d’aimer la gloire; aussi disent-ils : S’IL CHERCHE A ETRE LUI MEME A U GRAND JOUR, autrement dit : toi, tu cherches à tirer gloire de ce que tu accomplis, et cependant par crainte tu te caches. C’est le propre des méchants de croire que les autres ont des passions semblables aux leurs. Voyez avec quelle insolence la prudence de la chair attaquait le Verbe fait chair; c’est contre eux qu’il est dit : Tu reprends celui qui n’est pas égal à toi .
Enfin, ils se montrent incrédules quand ils ajoutent : SI TU FAIS CES CHOSES, MANIFESTE-TOI AU MONDE, comme mettant en doute le fait qu’il accomplisse lui-même des miracles — Celui qui est incrédule agit d’une manière infidèle
1017. L’Évangéliste ajoute la raison pour laquelle ils parlaient ainsi, lorsqu’il dit : EN EFFET, SES FRERES NON PLUS NE CROYAIENT PAS EN LUI – Il arrive en effet que les hommes charnels soient les pires ennemis de ceux qui leur sont unis par le sang et qu’ils envient leurs biens spirituels; et ainsi ils les méprisent. Aussi Augustin dit-il : "Ils ont bien pu avoir le même sang que le Christ; mais à cause même de leur proximité il leur répugnait de croire en lui " — L'homme a pour ennemis ceux de sa propre maison — Il a éloigné mes frères de moi, et mes amis, comme des étrangers, se sont retirés de moi. Mes proches m'ont abandonné, et ceux qui me connaissaient m’ont oublié
LE REFUS DU CHRIST
1018. Il s’agit ici de la réponse du Christ; il indique d’abord que le temps n’est pas opportun pour partir et il en donne ensuite la raison ; puis il dit son refus de monter la fête .
1019. Il faut savoir que tout ce verset est interprété différemment par Augustin et par Chrysostome .
Selon Augustin les frères du Seigneur l’invitaient à une gloire humaine. Mais le temps où les saints parviennent à la gloire, c’est le temps à venir; ils y parviennent par de grandes souffrances et des tribulations — Comme l’or dans la fournaise, Dieu les a éprouvés, comme une victime d’holocauste il les a agréés, et quand leur temps sera venu il les regardera favorablement Mais le temps où ceux qui appartiennent au monde obtiennent leur gloire, c’est le temps présent — Ne laissons pas passer la fleur de ce temps, couronnons-nous de roses avant qu’elles ne flétrissent Le Seigneur voulut donc montrer qu’il ne cherchait pas la gloire de ce temps, mais qu’il voulait parvenir par sa Passion et son humilité à l’élévation de la gloire céleste — Ne fallait-il pas que le Christ souffrît toutes ces choses pour entrer dans sa gloire? Et c’est pourquoi il leur dit — à ses frères — MON TEMPS — le temps de ma gloire — N’EST PAS ENCORE ADVENU, car il faut que la tristesse soit changée en joie Les souffrances du temps présent sont sans proportion avec la gloire future qui doit se révéler en nous Mais VOTRE TEMPS, c’est-à-dire la gloire du monde, EST TOUJOURS PRET
1020. Par ces mots, le Christ indique la raison de cette différence de temps. En effet, pour ceux qui appartiennent au monde, le temps de la gloire est là, parce qu’ils aiment ce que le monde aime, et ils sont en accord avec le monde. Mais pour les saints, qui cherchent la gloire spirituelle, le temps de la gloire n’est pas venu, parce qu’ils cherchent ce qui déplaît au monde : la pauvreté, les larmes, la faim et autres choses semblables Ils blâment aussi ce que le monde aime; bien plus, ils méprisent le monde lui-même : Le monde est à jamais cruc et moi pour le monde C’est pour quoi le Christ dit : LE MONDE NE PEUT PAS VOUS HAIR; autrement dit : le temps de votre gloire est là, parce que le monde ne vous hait pas, vous qui vous accordez avec lui, et parce que tout être vivant aime son semblable MAIS IL ME HAIT; et donc mon temps n’est pas toujours prêt. Et la rai son de cette haine, c’est que MOI JE RENDS TEMOIGNAGE A SON SUJET — au sujet du monde — QUE SES ŒUVRES SONT MAUVAISES : je ne manque pas de reprendre les hommes qui appartiennent au monde, même si je sais qu’ainsi je suscite la haine et m’expose à la mort — Ils (ceux qui aiment la méchanceté) ont haï celui qui les reprenait à la Porte — Ne reprends pas le railleur, de peur qu’il ne te haïsse
1021. Mais n’y a-t-il pas des hommes qui, tout en étant du monde, sont haïs par le monde, c’est-à-dire par un de leurs semblables? Il faut répondre qu’un de ceux-là peut être objet de haine de la part d’un autre pour des motifs par ticuliers, parce que celui-là possède ce que celui-ci voudrait posséder, ou lui est un obstacle dans ce qui se rapporte à la gloire du monde; mais en tant que tel, aucun homme appartenant au monde n’est l’objet de la haine du monde. Les saints, par contre, sont universellement haïs du monde, parce qu’ils le contredisent. Et si quelqu’un du monde les aime, ce n’est pas en tant qu’il est du monde, mais en tant qu’il y a en lui quelque chose de spirituel.
1022. Le Seigneur refuse ici de monter à la fête. En effet, de même qu’il y a deux espèces de gloire, il y a deux espèces de fête. Les gens du monde ont dés fêtes temporel les, qui consistent à se réjouir, à faire bonne chère et à s’adonner à des jouissances extérieures du même genre — Le Seigneur appela aux pleurs, aux gémissements, à se raser les cheveux et à se ceindre d'un sac; et voici la joie et l’allégresse : on tue des veaux, on égorge des béliers, on mange des viandes et on boit du vin Mon âme hait vos solennités . Quant aux saints, ils ont des fêtes spirituelles, qui consistent dans les joies de l’esprit — Contemple Sion, la ville de nos fêtes Et c’est pourquoi il dit : VOUS, qui cherchez la gloire du monde, MONTEZ A CETTE FETE, fête de joie éphémère; MAIS MOI JE NE MONTERAI PAS A CETTE FETE, mais à la fête de la solennité éternelle; et cela PARCE QUE MON TEMPS, celui de ma gloire, qui demeurera sans fin dans une joie éternelle, éternité sans labeur, sérénité sans nuage, N’EST PAS ENCORE ACCOMPLI –
1023. Chrysostome tout en gardant la même division, interprète ce verset de la manière suivante : Les frères du Seigneur avaient tramé avec les Juifs de faire mourir le Christ; c’est pourquoi ils l’incitaient à partir, voulant le faire paraître en public et le livrer aux Juifs. Aussi dit-il : MON TEMPS, c’est-à-dire le temps de la croix et de la mort, N’EST PAS ENCORE ADVENU, pour que j’aille en Judée et sois mis à mort; MAIS VOTRE TEMPS EST TOUJOURS PRET, parce que vous, vous pourrez demeurer avec eux sans danger. La raison en est qu’ils ne peuvent vous haïr, vous qui êtes animés du même zèle qu’eux et qui aimez ce qu’ils aiment. MAIS IL ME HAIT, PARCE QUE MOI JE RENDS TEMOIGNAGE A SON SUJET QUE SES ŒUVRES SONT MAUVAISES, ce qui montre que les Juifs me haïssent non pas parce que je relativise le sabbat, mais parce que je les contredis publiquement. VOUS donc, MONTEZ A CETTE FETE, c’est-à-dire pour le début de la fête (car elle se célé brait pendant sept jours, comme nous l’avons dit ); quant à MOI, JE NE MONTERAI PAS A CETTE FETE, c’est-à-dire avec vous, ou bien au début de la fête, PARCE QUE MON TEMPS, celui oùje dois souffrir, N’EST PAS ENCORE ACCOMPLI; en effet, c’est au cours d’une Pâque à venir qu’il devait être crucifié. Et c’est pourquoi il ne monta pas avec eux, pour pouvoir mieux se cacher.
COMMENT LE CHRIST EST MONTÉ EN JUDÉE
1024. L’Évangéliste traite ici de la montée du Christ en Judée; il en montre d’abord l’ajournement , puis l’ordre , enfin le mode .
1025. Il montre l’ajournement de la montée du Christ lorsqu’il dit : APRES AVIR DIT CELA, c’est-à-dire ayant fait cette réponse, LUI-MEME DEMEURA EN GALILEE, ne montant pas à la fête avec les gens de sa parenté, pour que fût vérifiée la parole qu’il avait dite : MOI, JE NE MONTE RAI PAS A CETTE FETE — Dieu n’est pas semblable à un homme pour mentir, ni fils d’homme pour changer
1026. L’Évangéliste montre ensuite l’ordre de cette montée lorsqu’il dit : MAIS QUAND SES FRERES, c’est-à-dire les gens de sa parenté, FURENT MONTES, ALORS LUI AUSSI MONTA A LA FETE.
Mais cela semble aller à l’encontre de ce qu’il a dit plus haut : MOI, JE NE MONTERAI PAS À CETTE FETE; l’Apôtre dit pourtant : En le Christ Jésus que nous avons prêché parmi vous (...), il n'a pas eu de oui et de non; c’est le oui qui s’est trouvé en lui .
Il faut répondre en premier lieu, selon le sens littéral, que la fête de la scénopégie durait sept jours, comme nous l’avons dit Le Seigneur a dit plus haut : MOI, JE NE MON TERAI PAS A CETTE FETE, c’est-à-dire au début de la fête. Ce qui est dit ici — A LA FETE — doit être compris des jours intermédiaires; d’où ce qu’on lit plus loin : alors qu’on était déjà au milieu de la fête Et ainsi, il est évident que ce que le Christ a fait n’a pas été en contradiction avec ce qu’il a dit.
Selon Augustin on peut répondre ceci : ses frères vou laient que le Christ montât en Judée pour y chercher une gloire éphémère; ainsi, il leur dit : JE NE MONTERAI PAS A CETTE FETE, de cette manière, comme vous le voulez. Mais LUI AUSSI MONTA A LA FETE, pour y enseigner les foules et les instruire de la gloire éternelle.
On peut répondre enfin, selon Chrysostome, qu’il a dit plus haut : JE NE MONTERAI PAS A CETTE FETE pour souffrir et mourir, comme eux le voulaient; cependant LUI AUSSI MONTA A LA FETE, non pas pour y souffrir, mais pour y instruire les autres
1027. Ici, l’Évangéliste montre la manière dont le Christ est monté en Judée; la raison de cette manière d’agir est triple.
Selon Chrysostome, il fit cela de peur que, sa divinité étant davantage découverte, son Incarnation soit moins certaine, comme on l’a dit plus haut, et pour supprimer la honte qu’éprouvent les hommes justes à devoir se cacher, quand ils ne peuvent pas résister à leurs persécuteurs à la face de tous. Et l’Evangéliste dit expressément COMME EN SECRET, pour montrer que cela a été fait par mode d’arrangement — Vraiment tu es un Dieu caché .
Selon Augustin c’est pour donner à entendre que le Christ est caché dans les figures de l’Ancien Testament — J’ai attendu le Seigneur qui a caché sa face, c’est-à-dire la connaissance manifeste quenous pouvons avoir de lui, loin de la maison de Jacob et c’est pourquoi ils ont jusqu’à aujourd’hui un voile posé sur leur cœur Toutes les choses qui ont été dites au peuple ancien, Israël, furent des ombres des biens futurs, comme le dit l’épître aux Hébreux . Donc, pour montrer que cette fête elle-même était une figure, le Christ y monta en secret. La scénopégie, comme nous l’avons dit, était la célébration des tentes. Célèbre donc cette fête celui qui comprend qu’il est en ce monde un pèlerin .
Enfin, et c’est encore une autre raison, il fit cela pour nous montrer que nous devons cacher ce que nous faisons de bien, ne cherchant pas la faveur des hommes, ni ne désirant les acclamations de foules empressées — Gardez-vous d’accomplir votre justice en face des hommes de façon à être vus d’eux