Jean 3, 36
Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui refuse de croire le Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. »
Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui refuse de croire le Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. »
Le Précurseur termine son témoignage en tirant la
conséquence pratique de tout ce qu’il vient de dire. Si Jésus est tant aimé de Dieu et muni d’une telle
puissance, heureux quiconque adhère à lui par la foi, malheur à ceux qui refusent de croire ! - Celui qui
croit : dans le texte grec la construction indique une foi durable, permanente. - Au Fils, avec l’article : le Fils
par antonomase (de même plus bas, et au verset 35). - Tout homme qui remplit cette condition a la vie
éternelle. Notez le temps présent (Cf. verset 18) ; il a déjà, il a par anticipation ; sa foi lui garantit le ciel. -
Celui qui… Douloureux contraste, sur lequel S. Jean-Baptiste appuie davantage, dans l’intention évidente de
ramener à de meilleurs sentiments ceux de ses disciples qu’il voyait incrédules à l’égard de N.-S.
Jésus-Christ. - Ne croit pas. Dans le grec, littéralement : celui qui désobéit. Ce mot, qu’on retrouve Rom. 2,
8 ; 11, 30, 31 ; 1 Petr. 4, 17, etc., montre fort bien que tout incrédule est un réfractaire. Ne verra pas la vie.
Hébraïsme (Cf. Luc. 2, 26), significatif en cet endroit. Non seulement il ne possédera point la vie
bienheureuse de l’éternité ; mais il ne lui sera pas même permis de la voir. - Mais la colère de Dieu demeure
sur lui. Le présent est aussi terrible qu’il était doux plus haut : la phrase entière, majestueuse comme la
sentence d’un juge suprême, équivaut à l’épithète « éternelle » de l’hémistiche précédent. On comprend, du
reste, que Dieu écrase éternellement du poids de sa colère ceux qui ne veulent pas croire en son Fils
bien-aimé. Cf. Ps. 2, 12-13. Comparez, à propos de cet anthropomorphisme, Matth. 3, 7 ; Luc. 3, 7 ; 21, 23 ;
Rom. 2, 5 ; Eph. 5, 6 ; Col. 3, 6 ; 1 Thess. 1, 10 ; 2, 16 ; Apoc. 11, 18 ; 14, 10 ; etc., indépendamment des
nombreux textes de l’Ancien Testament qui parlent de Dieu irrité. - Après cette effrayante menace, le
Précurseur disparaît tout à coup de la scène du quatrième évangile. Il finit ainsi son ministère comme il
l’avait commencé, en relevant le caractère judiciaire du Messie. Cf. Matth. 3, 12.
Ainsi donc, en vertu de sa divinité, Dieu a tout donné à son Fils par nature et non par grâce ; ou bien il a tout remis entre ses mains, sous le rapport de son humanité, car Nôtre-Seigneur Jésus-Christ est le maître de tout ce qui existe dans le ciel et sur la terre.
On peut encore entendre ces paroles : (signavit, il a marqué d'une empreinte) dans ce sens qu'il a gravé dans son cœur un signe distinct et spécial que Jésus est le vrai Dieu qui a souffert pour le salut du genre humain.
Puisque toutes choses ont été remises entre ses mains, donc aussi la vie éternelle. C'est pour cela que Jean-Baptiste ajoute : « Celui qui croit au Fils a la vie éternelle. »
La foi dont il est ici question, n'est pas celle qui ne consiste qu'en paroles, mais la foi qui reçoit sa perfection des œuvres.
Ou bien encore, il est un peuple qui est comme réservé à la colère de Dieu, et qui doit être condamné avec le démon ; personne, parmi ce peuple, ne reçoit le témoignage du Christ. Jean-Baptiste a donc considéré cette division que la différence de disposition et d'esprit établit dans ce mélange d'hommes qui composent le genre humain, il a séparé par la pensée ceux que la distance des lieux n'a point encore séparés, et il a vu deux peuples, le peuple des infidèles, et le peuple qui a embrassé la foi. Il jette les yeux sur lès infidèles, et dit : « Personne ne reçoit son témoignage.» Puis se détournant de la gauche, il regarde à droite et ajoute : « Celui qui reçoit son témoignage atteste que Dieu est véridique. »
Que signifient ces paroles : « Dieu est véridique, » si ce n'est que l'homme est menteur et que Dieu est le seul qui soit vrai ? Quel est l'homme en effet, qui peut dire ce que c'est que la vérité, s'il n'est éclairé par celui qui ne peut mentir. Dieu est donc vrai, et Jésus-Christ est Dieu. En voulez-vous la preuve ? Recevez son témoignage et tous la trouverez. Mais si tous ne le reconnaissez pas comme Dieu, vous n'avez pas encore reçu son témoignage. Jésus est donc le Dieu Véridique, et c'est Dieu qui l'a envoyé. C'est un Dieu qui a envoyé un Dieu, réunissez-les, vous avez un seul Dieu. Ces paroles : « Celui que Dieu a envoyé, » Jean-Baptiste les appliquait à Jésus-Christ, pour bien établir la distinction qui existait entre le Sauveur et lui. Quoi donc ? Est-ce que Jean-Baptiste n'était pas aussi l'envoyé de Dieu ? Oui, mais écoutez la suite : « Parce que Dieu ne lui donne pas son esprit avec mesure. » Aux hommes, il la donne avec mesure, à son Fils unique il le donne sans mesure. L'un reçoit de l'Esprit le don de parler avec sagesse, l'autre reçoit du même Esprit le don de parler avec science. (1 Co 12) Celui-ci reçoit une grâce, celui-là en reçoit une autre. La mesure est une espèce de partage dans les dons, mais Jésus-Christ ne reçoit pas avec mesure les grâces dont il est le principe et la source.
Il venait de dire du Fils : « Il ne lui a pas donné i'Esprit avec mesure. » Il ajoute : « Le Père aime le Fils » et encore : « Et il a tout remis entre ses mains » pour vous faire comprendre toute l'étendue de ces paroles : « Le Père aime le Fils. » En effet, le Père aime Jean ou Paul, et cependant il n'a pas tout remis entre leurs mains. Le Père aime le Fils, mais comme un père aime son fils, non pas comme un maître aime son serviteur ; comme on aime non pas un fils adoptif, mais comme un fils unique. C'est pour cela qu'il lui a tout remis entre ses mains, afin que la grandeur du Fils soit égale à la grandeur du Père. Lors donc qu'il a daigné nous envoyer son Fils, gardons-nous de penser qu'il nous ait envoyé quelqu'un qui lui soit inférieur.
Il ne dit point : La colère de Dieu vient à lui, mais : « Elle demeure sur lui, » parce que tous les hommes qui naissent à cette vie mortelle, portent avec eux la colère de Dieu qui est tombée sur le premier Adam. Le Fils de Dieu est venu sans avoir de péché, et il s'est revêtu de notre immortalité, et il a souffert la mort pour nous rendre la vie. Celui donc qui refuse de croire au Fils, mérite de voir demeurer sur lui cette colère de Dieu, dont l'Apôtre a dit : « Nous étions par nature des enfants de colère. » (Ep 2)
Jean-Baptiste vient de dire expressément de Jésus-Christ : « Il atteste ce qu'il a vu et entendu » pour défendre contre l'accusation d'erreur les enseignements du Sauveur auxquels un si petit nombre devait ajouter foi, comme il le déclare lui-même: « Et personne ne reçoit son témoignage ; » personne, c'est-à-dire un petit nombre de personnes ; car il avait des disciples qui ajoutaient foi à ses paroles. Jean-Baptiste fait ici allusion à ceux de ses disciples qui ne croyaient pas encore en Jésus-Christ et condamne en même temps l'indifférence coupable des Juifs. C'est ce que l'Evangéliste avait dit lui-même au commencement de son Evangile : « Il est venu chez lui, et les siens ne l'ont pas reçu. » (C'est-à-dire les Juifs qui lui appartenaient d'une manière toute particulière.)
C'est-à-dire prouve qu'il est véridique. Jean-Baptiste veut inspirer ici une crainte salutaire en disant : « Que Dieu est véridique, » et il montre par là qu'on ne peut refuser de croire en Jésus-Christ sans accuser de mensonge et d'erreur Dieu qui l'a envoyé, parce qu'il n'enseigne que la doctrine qu'il a reçue de son Père : « Car celui que Dieu a envoyé, dit les paroles de Dieu. »
Par Esprit, Jean-Baptiste entend ici l'opération de l'Esprit saint, et il veut nous apprendre que tous nous avons reçu dans une certaine mesure cette divine opération de l'Esprit saint, tandis que Jésus-Christ l'a reçue toute entière, comment donc avoir le moindre soupçon contre sa parole ? Il ne dit rien qui ne soit de Dieu, qui ne soit de l'Esprit saint ; il ne parle point pour le moment du Dieu Verbe, et se contente de confirmer sa doctrine par l'autorité du Père et de l'Esprit saint ; car les Juifs croyaient qu'il existe un Dieu et admettaient aussi l'existence de l'Esprit saint, (sans en avoir toutefois une idée convenable) mais ils ne connaissaient pas l'existence du Fils.
Une veut donc point dire qu'il suffit de croire au Fils pour avoir la vie éternelle, puisque Nôtre-Seigneur déclare lui-même expressément que ce ne sont pas ceux qui se contentent de dire : Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des cieux. Il nous apprend encore que le blasphème contre l'Esprit saint, suffit pour précipiter dans l'enfer. Ne croyons pas même que la foi pleine et entière au Père, au Fils et au Saint-Esprit, suffise pour le salut, il faut y joindre une vie sainte et une conduite exemplaire. Et comme le saint Précurseur sait que la menace des châtiments a plus d'efficacité que la promesse des récompenses, il conclut son discours par ces paroles : « Celui qui ne croit point au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. » Remarquez comme il fait remonter au Père l'idée de châtiment, il ne dit pas : La colère du Fils, bien qu'il soit juge lui-même, il ne parle que de la juste colère du Père pour leur inspirer une crainte plus vive. Et il ne dit point : La colère de Dieu demeurera en lui, mais : « Elle demeurera sur lui, » c'est-à-dire, qu'elle ne le quittera jamais. Et pour qu'on ne pense pas qu'il ne s'agit ici que d'une mort temporelle, il ajoute : « Il ne verra point la vie. »