Jean 3, 29
Celui à qui l’épouse appartient, c’est l’époux ; quant à l’ami de l’époux, il se tient là, il entend la voix de l’époux, et il en est tout joyeux. Telle est ma joie : elle est parfaite.
Celui à qui l’épouse appartient, c’est l’époux ; quant à l’ami de l’époux, il se tient là, il entend la voix de l’époux, et il en est tout joyeux. Telle est ma joie : elle est parfaite.
Saint Jean le Baptiste est le précurseur (cf. Ac 13, 24) immédiat du Seigneur, envoyé pour Lui préparer le chemin (cf. Mt 3, 3). " Prophète du Très-Haut " (Lc 1, 76), il dépasse tous les prophètes (cf. Lc 7, 26), il en est le dernier (cf. Mt 11,13), il inaugure l’Évangile (cf. Ac 1, 22 ; Lc 16, 16) ; il salue la venue du Christ dès le sein de sa mère (cf. Lc 1, 41) et il trouve sa joie à être " l’ami de l’époux " (Jn 3, 29) qu’il désigne comme " l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde " (Jn 1, 29). Précédant Jésus " avec l’esprit et la puissance d’Elie " (Lc 1, 17), il lui rend témoignage par sa prédication, son baptême de conversion et finalement son martyre (cf. Mc 6, 17-29).
L’unité du Christ et de l’Église, Tête et membres du Corps, implique aussi la distinction des deux dans une relation personnelle. Cet aspect est souvent exprimé par l’image de l’époux et de l’épouse. Le thème du Christ Époux de l’Église a été préparé par les prophètes et annoncé par Jean-Baptiste (cf. Jn 3, 29). Le Seigneur s’est lui-même désigné comme " l’Époux " (Mc 2, 19 ; cf. Mt 22, 1-14 ; 25, 1-13). L’apôtre présente l’Église et chaque fidèle, membre de son Corps, comme une Épouse " fiancée " au Christ Seigneur, pour n’être avec Lui qu’un seul Esprit (cf. 1 Co 6, 15-16 ; 2 Co 11, 2). Elle est l’Épouse immaculée de l’Agneau immaculé (cf. Ap 22, 17 ; Ep 1, 4 ; 5, 27) que le Christ a aimée, pour laquelle Il s’est livré " afin de la sanctifier " (Ep 5, 26), qu’Il s’est associée par une alliance éternelle, et dont Il ne cesse de prendre soin comme de son propre Corps (cf. Ep 5, 29) :
Se réjouit de joie ; hébraïsme, pour éprouver une grande joie, être ravi de joie.
Pour
démontrer de plus en plus combien il est au-dessous de Jésus, Jean-Baptiste emploie une frappante
comparaison, empruntée aux coutumes nuptiales des anciens Juifs. Cf. Matth. 9, 15 et le commentaire. -
Deux personnages distincts sont notés, l’époux et l’ami de l’époux. Ce dernier, ainsi nommé parce qu’on le
choisissait parmi les amis les plus intimes, ne différait guère du paranymphe des Grecs. Il était chargé, les
fiançailles une fois conclues, de transmettre aux futurs époux leurs messages réciproques, la coutume ne leur
permettant pas de se voir avant le mariage ; il organisait la fête des noces et y présidait, etc. : fonctions
regardées tout ensemble comme très honorables et très délicates. On l’appelait en hébreu schôschben,
quelquefois ôheb, ami. Voyez à ce sujet les savantes dissertations de Schoettgen et de Wetstein, dans leurs
« Horae talmud. in Evangelia ». - La conduite extérieure du schôschben et ses sentiments intérieurs sont
décrits par quelques traits caractéristiques. Qui se tient là : il a pris l’attitude d’un serviteur zélé, prêt à
l’action immédiate. - et écoute : il écoute attentivement, pour saisir et exécuter aussitôt les moindres ordres
de l’époux (voyez d’autres interprétations dans Meyer, etc. ). - Est ravi de joie à cause de la voix … Dès qu’il
entend cette voix, signe de la présence de son heureux ami, il est lui-même au comble du bonheur, sans la
moindre arrière-pensée d’envie ou d’égoïsme. Sur l’hébraïsme χαρᾷ χαίρει (se réjouit, avec répétition
destinée à renforcer l’idée), voyez Winer. Grammat., § 54. 3, et Beelen, p. 484. Cf. Matth. 13, 14 ; 15, 4 ;
Luc. 22, 15 ; Act. 4. 17 ; 5, 28 ; 23, 14 ; Jac. 5, 17. C’est le seul exemple de ce genre qu’on trouve dans le
quatrième évangile. - Cette joie qui est la mienne… S. Jean s’applique maintenant à lui-même sa belle
comparaison. Telle est, s’écrie-t-il d’une manière emphatique , ma propre joie relativement à Jésus : c’est la
joie qu’éprouve le paranymphe auprès du fiancé durant les solennités nuptiales. - Est complète : rien n’y
manque ; elle est aussi parfaite que possible (en grec, verbe plein d’énergie). Sur cette locution, aimée de
notre évangéliste, voyez 15, 11 ; 16, 24 ; 17, 13 ; 1 Joan. 1, 4 ; 2 Joan. 12. - Bossuet, dans ses Élévations sur
les mystères, 24ème semaine, 1re élévation, relève admirablement la « suavité » de ce verset. « S. Jean, dit-il,
nous y découvre un nouveau caractère de Jésus-Christ, le plus tendre et le plus doux de tous : c’est qu’il est
l’époux. Il a épousé la nature humaine, qui lui était étrangère, il en a fait un même tout avec lui ; en elle il a
épousé sa sainte Église, épouse immortelle qui n’a ni tache ni ride… Il a épousé les âmes saintes… ; les
comblant de dons, de chastes délices ; jouissant d’elles, se donnant à elles ; leur donnant non seulement tout
ce qu’il a, mais encore tout ce qu’il est, son corps, son âme, sa divinité, et leur préparant dans la vie future
une union incomparablement plus grande ». « Nous devons au plus austère des prophètes, ajoute très bien
M. Fouard, La vie de N.-S. Jésus-Christ, 2e édit., tome 2, p. 234, les plus douces images sous lesquelles les
âmes pieuses aiment à contempler Jésus, celles d’Agneau de Dieu (1, 29, 36) et d’Époux. » Au reste, déjà
dans l’Ancien Testament, les rapports de Jéhova et de la nation choisie avaient plus d’une fois comparés à
ceux qu’établit le mariage. Cf. Is. 54, 5 ; Ezech. 16 ; Os. 2, 19, 20, etc. Le Nouveau Testament applique
plusieurs autres fois à Jésus cette forte image : Matth. 22, 1 et ss. ; 25, 1 et ss. ; Eph. 5. 32 ; Apoc. 19, 7 ; 21,
2, 9, etc. Si Notre-Seigneur est le divin fiancé de l’Église, S. Jean-Baptiste fut vraiment un fidèle
paranymphe, son ministère n’ayant eu d’autre but que de préparer la joyeuse fête des noces et de conduire
l’époux à l’épouse. Cf. 2 Cor. 11, 2. Les foules qui commençaient à se presser autour de Jésus (verset 26)
étaient une annonce évidente du prochain mariage : la voix de l’époux avait retenti, et Jean l’avait entendue
avec un indicible bonheur.