Jean 3, 23

Jean, quant à lui, baptisait à Aïnone, près de Salim, où l’eau était abondante. On venait là pour se faire baptiser.

Jean, quant à lui, baptisait à Aïnone, près de Salim, où l’eau était abondante. On venait là pour se faire baptiser.
Fulcran Vigouroux
Ennon « Œnon, dit saint Jérôme après Eusèbe, est un endroit qu’on montre encore aujourd’hui à 8 milles de Scythopolis, au sud, près de Salim et du Jourdain. » Ennon, Aenon signifie sources. ― Salim, que l’Evangéliste mentionne pour fixer la situation d’Ennon, est malheureusement inconnu. On a trouvé un Salim à l’est et non loin de Naplouse (Samarie) et il y a là deux sources très abondantes. On a découvert un ouadi Selam ou Seleim, au nord-est de Jérusalem, à environ deux lieues, près de l’ouadi Farah, où les sources abondent.
Louis-Claude Fillion
Jean baptisait aussi. Plus encore que le simple imparfait cette tournure désigne la fréquence et la durée de l’acte. Voyez Winer, Grammat. Il baptisait et baptisait encore. Pendant quelque temps, le Précurseur et le Messie travaillent simultanément, à peu de distance l’un de l’autre et de la même manière, prêchant en termes identiques (Cf. Matth. 3, 2 et Marc. 1, 14, 15) et employant le même rite préparatoire. Jean-Baptiste continue son œuvre jusqu’au dernier instant. Samuel ne cessa pas immédiatement après la consécration du Saül d’exercer les fonctions de juge en Israël ; Jean attend aussi l’heure de la Providence pour mettre un terme à sa prédication, à son baptême (voyez le verset 34). Les rationalistes, qui ne comprennent rien au plan divin, se scandalisent à tort de voir que le Précurseur ne se retire pas dès la première manifestation du Christ. - À Ennon, près de Salim. La seconde de ces localités devait être plus considérable et plus connue, puisqu’elle sert à déterminer l’emplacement de la première. Mais où étaient-elles l’une et l’autre ? Problème géographique impossible à résoudre pour le moment. Ce ne sont pourtant pas les hypothèses qui manquent, Salim ou Salem et Ennon (pluriel de source, par conséquent : « les sources ») étant des noms très communs, qu’on retrouve sur divers points du territoire palestinien. 1°Eusèbe et S. Jérôme (Onomasticon, s. v. Aenon et Salem), qui nous donnent les renseignements les plus anciens, placent Salim à huit mille romains (8000 pas) au sud de Bethéan ou Scythopolis, dans la vallée du Jourdain et Ennon tout auprès. Van de Velde, Karte von Palaestina, 2° édit. (comparez le Mémoire explicatif), affirme précisément avoir trouvé dans ces parages différentes sources dont l’une serait nommée « Scheick Salim ». Caspari, Chronolog. geograph. Einleitung in das Leben Jesu Christi, Hambourg 1869, p. 105, et Smith, Dictionary of the Bible, au mot Salim, adoptent cette même opinion. Mais on objecte très justement que, d’après le contexte, S. Jean, aussi bien que N.-S. Jésus-Christ, paraît avoir été alors en Judée ; en outre, que le Précurseur n’aura vraisemblablement pas fixé le lieu de son séjour et de son ministère dans la province de Samarie, si détestée des Juifs (voyez 4, 9 et le commentaire). 2° Le célèbre palestinologue américain Robinson, qui a fait des recherches spéciales dans l’intention de découvrir Salim et Ennon (Neuere biblische Forschungen in Palaestina, p. 400 et ss. ), les identifie avec deux villages situés aux environs de Naplouse, et pareillement appelés Salim (Cf. Judith 4, 4) et Ainoûn, qui contiendraient des sources d’eau vive. Ce sentiment, qu’adoptait déjà S. Épiphane, présente les mêmes difficultés que celui d’Eusèbe. 3° D’après la « ferme conviction » du Dr Barclay, City of the great King, 1858, p. 558-579, nos deux localités ne sont autres que le Séleim et l’Ainoûn rencontrés par lui dans l’ouadi Farah, vallée profonde et ravinée, remplie de sources, qu’on rencontre à quelques kilomètres au N. E. de Jérusalem. Cf. Palestine Exploration Report, 1874, p. 141 et s. Cette fois nous sommes bien dans la Judée. 4° Nous demeurons pareillement en Judée, mais à la condition d’aller tout à fait au sud de cette province, si nous admettons avec le docteur Sepp (Jerusalem und das h. Land, 1864, t. 1, p. 520 et ss. Cf. Riehm, Handwoerterbuch des bibl. Alterthums, p. 33) et quelques autres auteurs modernes (Ewald, Wieseler, etc.) que ces noms, illustrés par le baptême de S. Jean, apparaissent déjà dans la nomenclature du livre de Josué, 15, 12, sous la forme de « Selim » et « Aïn ». - Parce qu’il... introduit le motif pour lequel le Précurseur s’était transporté spécialement en ce lieu : il y avait là beaucoup d’eau, et il en fallait beaucoup pour le baptême d’immersion. Cette locution désigne des sources, des ruisseaux, et non une rivière unique comme serait le Jourdain. Du reste, la remarque de l’évangéliste serait bien naïve, si nous devions chercher Aenon au bord du fleuve. - On y venait et on y était baptisé. Encore des imparfaits, qui marquent la répétition des actes. Il y a en outre ici l’indication d’un grand concours de peuple.