Jean 3, 22

Après cela, Jésus se rendit en Judée, ainsi que ses disciples ; il y séjourna avec eux, et il baptisait.

Après cela, Jésus se rendit en Judée, ainsi que ses disciples ; il y séjourna avec eux, et il baptisait.
Fulcran Vigouroux
Et il baptisait, par les mains de ses apôtres, comme il est dit à Jean, 4, 2.
Louis-Claude Fillion
Après cela désigne d’une manière vague la circonstance de temps. « Ces choses », c'est-à-dire, non seulement l’entretien avec Nicodème, mais en général tous les événements du séjour à Jérusalem racontés ci-dessus (2, 14-3, 21). Jésus quitta sans doute la ville sainte vers la fin des solennités pascales, en même temps que la foule des pèlerins. La locution grecque correspondante est fréquemment employée dans le quatrième évangile par mode de transition. Cf. 2, 12 ; 5, 1, 14 ; 6, 1 ; 11, 7, 11, 19, 28 ; 19, 38 ; 21, 1. - Jésus… avec ses disciples : les disciples mentionnés aux chapitres 1 et 2 : Pierre, André, Jacques, Philippe, Nathanael, et l’évangéliste lui-même. - Dans le pays de Judée. C’est la circonstance de lieu ; elle sera précisée davantage au verset suivant. Jérusalem étant située dans la Judée, cette désignation a créé aux vieux commentateurs, dont la géographie n’était pas le côté fort, de curieux embarras, très bien décrits par Maldonat (h. l.). Il est évident qu’elle oppose simplement la province à la capitale, les districts ruraux à la cité. On ne la trouve nulle part ailleurs sous cette forme ; mais on en peut rapprocher l’expression analogue « la Judée » Cf. S. Marc, 1, 5, et Actes 26,20. Sur les limites de cette province, voyez l’Evang. selon S. Matth., p. 66 et 67. Voici que la sphère dans laquelle Jésus déploie son activité de Messie s’agrandit peu à peu : le temple, la ville sainte, la province de Judée, bientôt la Galilée. - Et il y demeurait. Cet imparfait semble impliquer un séjour notable, que de nombreux exégètes évaluent à plusieurs mois. Voir, dans l’Introduction générale aux SS. Évangiles, le chapitre consacré à la chronologie. - Et baptizabat. Autre imparfait, pour indiquer la réitération de l’acte. Cf. Winer, Grammat., § 40, 3. Nous trouverons plus bas, 4, 2, un important correctif à cette assertion : « Quoique ce n'était pas Jésus qui baptisait, mais ses disciples ». En grec, volontiers « on attribue l’action à celui au nom de qui elle est exécutée par d’autres » (Baeumlein, p. 43). Jésus est donc censé faire personnellement ce que ses disciples accomplissaient par son autorité. - On a beaucoup discuté, depuis l’époque des Pères, sur la nature du baptême signalé ici et 4, 1, 2. Était-ce déjà le « baptême de feu », le baptême chrétien, sacramentel ? N’aurait-ce pas été plutôt une imitation du « baptême d’eau » conféré par le Précurseur ? La première opinion a été plus communément admise dans l’antiquité comme dans les temps modernes, et ce motif d’autorité plaide puissamment en sa faveur. La seconde compte néanmoins, à travers les âges, d’illustres défenseurs, entre autres S. Jean Chrysostome, S. Léon, Théophylacte, et un grand nombre de commentateurs contemporains (notamment Mgr Haneberg), et plusieurs raisons nous portent à l’adopter de préférence : 1° la nature préparatoire du ministère de Notre-Seigneur durant cette période de sa vie ; 2° le texte si expressif, 7, 39, « il ne pouvait y avoir l’Esprit, puisque Jésus n’avait pas encore été glorifié », rapproché des paroles « Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu », Matth. 3, 11 ; 3° cet autre message du premier évangile, qui semblerait s’appliquer beaucoup mieux à l’institution du sacrement, « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit », Matth. 28, 19 ; 4° l’absence de toute autre mention relative à cette collation du baptême par les disciples de Jésus jusqu’après la résurrection, d’où l’on peut inférer qu’elle fut abandonnée bientôt. - Il ressort du moins de ce trait, et la suite du récit le montrera plus clairement encore, que la prédication du Sauveur produisait déjà de précieux résultats.