Jean 3, 14
De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé,
De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé,
La simple conjonction et introduit de nouveau une révélation grandiose, un autre
secret céleste exposé à Nicodème par celui qui connaît à fond les mystères du ciel. De la divinité de Jésus
nous passons au plan de la merveilleuse rédemption qu’il devait opérer ; déjà la croix fait son apparition
(Nous croyons inutile de chercher un autre enchaînement ; nous tomberions, comme l’a fait maint exégète,
dans l’artificiel et l’arbitraire). Sans doute, cette première prédiction de la Passion du Christ dut paraître
obscure à Nicodème (comp. 2, 19, relativement à la Résurrection) ; mais d’autres oracles successifs (Matth.
9, 14 et ss. ; 10, 38 ; voyez les passages parallèles de S. Marc et de S. Luc) et la voix si claire des faits la
rendront aussi évidente que possible (comp. 2, 22). - Comme Moïse L’événement rappelé ici en cinq mots par
Notre-Seigneur forme l’un des miracles les plus éclatants de l’ancienne Alliance. C’était là quarantième
année du séjour au désert : le peuple, fatigué, lança vers le ciel une de ces plaintes blasphématoires qui lui
avaient plusieurs fois déjà coûté si cher ; Dieu se vengea en envoyant une multitude de serpents brûlants,
dont la morsure produisit partout la mort dans les rangs des Hébreux. Prompt repentir des coupables, suivi,
comme toujours, d’un miséricordieux pardon. Néanmoins, le Seigneur voulut attacher le salut à un signe ;
sur son ordre, « Moïse fit un serpent d’airain et le plaça sur un poteau, et quiconque avait été mordu par un
serpent et regardait le serpent d’airain, conservait la vie ». Voyez Num. 21, 4-9. Étrange moyen de salut,
assurément ; mais il avait l’avantage d’exciter la foi, tant aimée de Dieu ; circonstance importante, que les
livres juifs les plus anciens ne manquent pas de relever. « Le cœur (des malades) était fixé sur le nom de la
Parole (du Verbe) de Jéhova ». Targum de Jonathan. « Leurs visages devaient se diriger vers leur Père qui est
au ciel. » Targum de Jérusalem. Le passage suivant de la Sagesse est encore plus frappant (16, 5 et ss.) : « Et
même, quand s’abattit sur les tiens la fureur terrible de bêtes venimeuses, lorsqu’ils périssaient sous la
morsure de serpents tortueux, ta colère ne persista pas jusqu’à la fin. C’est en guise d’avertissement qu’ils
avaient été alarmés pour un peu de temps, mais ils possédaient un signe de salut, qui leur rappelait le
commandement de ta Loi. Celui qui se tournait vers ce signe était sauvé, non pas à cause de ce qu’il
regardait, mais par toi, le Sauveur de tous ». D’après la tradition juive, le serpent d’airain était donc déjà un
symbole de salut. De quelle manière ? Jésus le dit en complétant la révélation unique qui semble avoir eu
lieu sur ce point. - De même désigne non une ressemblance fortuite, mais un accomplissement réel, voulu par
Dieu. L’acte de Moïse avait été le type de ce qui devait se réaliser aux temps messianiques pour le salut de
l’humanité entière. - Soit élevé. Dans le texte grec, le verbe signifie proprement être élevé, placé sur un haut
lieu, ce qui peut s’entendre de bien des manières. Voyez Bretschneider, Lexic. Man., s. v. Toutefois, il ressort
nettement du contexte qu’il ne s’agit pas ici de l’exaltation glorieuse du Messie, comme on l’a parfois
prétendu de nos jours. En outre, S. Jean, d’une part, exprime régulièrement cette idée de triomphe par
δοξασθηναι ; d’autre part, N.-S. Jésus-Christ voile à plusieurs reprises sa Passion dans le quatrième Évangile
sous le verbe « être élevé » (cf. 8, 28 ; 12, 32, 34). Les mots correspondants en araméen et en syriaque
s’emploient précisément pour marquer le supplice de la croix (comparez le même mot dans Gesenius,
Thesaurus, t. 1, p. 428). Enfin, telle est l’interprétation commune de la tradition et des auteurs modernes.
Tout au plus pourrait-on, avec quelques interprètes contemporains, associer les deux idées, l’élévation de
Jésus sur la croix, et « par la croix vers la lumière » ; encore est-il préférable de s’en tenir strictement à la
première. - Soit élevé. C’était nécessaire d’après les divins et éternels décrets, promulgués à diverses reprises
dans l’Ancien Testament. Voyez Matth. 16, 21 ; Luc. 24, 26 et le commentaire ; Hebr. 2, 9, 10. - Le Fils de
l’homme ; Jésus répète cette humble appellation (cf. verset 13), qui convenait mieux que toute autre pour
être associée au mystère de la croix. - Les points de comparaison entre la figure (« comme Moïse a élevé le
serpent ») et la réalité (« de même il faut que le Fils de l'homme soit élevé ») peuvent être réunis en quelques
lignes. 1° Le serpent d’airain est élevé au sommet d’un poteau, Jésus sur l’arbre de la croix. 2° De part et
d’autre le salut dépend d’un regard de foi. 3° Ici et là c’est la mort qui restitue la vie. Voyez S. Justin, Apol.
1, 60 : Dial. Cum Tryph. 94 ; S. Jean Chrysostome et Euthymius, h. l.