Jean 3, 13
Car nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme.
Car nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme.
Jésus a accueilli la profession de foi de Pierre qui le reconnaissait comme le Messie en annonçant la passion prochaine du Fils de l’Homme (cf. Mt 16, 16-23). Il a dévoilé le contenu authentique de sa royauté messianique à la fois dans l’identité transcendante du Fils de l’Homme " qui est descendu du ciel " (Jn 3, 13 ; cf. Jn 6, 62 ; Dn 7, 13) et dans sa mission rédemptrice comme Serviteur souffrant : " Le Fils de l’Homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude " (Mt 20, 28 ; cf. Is 53, 10-12). C’est pourquoi le vrai sens de sa royauté n’est manifesté que du haut de la Croix (cf. Jn 19, 19-22 ; Lc 23, 39-43). C’est seulement après sa Résurrection que sa royauté messianique pourra être proclamée par Pierre devant le Peuple de Dieu : " Que toute la maison d’Israël le sache avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous avez crucifié " (Ac 2, 36).
Cette dernière étape demeure étroitement unie à la première, c’est-à-dire à la descente du ciel réalisée dans l’Incarnation. Seul celui qui est " sorti du Père " peut " retourner au Père " : le Christ (cf. Jn 16, 28). " Personne n’est jamais monté aux cieux sinon le Fils de l’Homme qui est descendu des cieux " (Jn 3, 13 ; cf. Ep 4, 8-10). Laissée à ses forces naturelles, l’humanité n’a pas accès à la " Maison du Père " (Jn 14, 2), à la vie et à la félicité de Dieu. Le Christ seul a pu ouvrir cet accès à l’homme, " de sorte que nous, ses membres, nous ayons l’espérance de le rejoindre là où Lui, notre Tête et notre Principe, nous a précédés " (MR, Préface de l’Ascension)
Comment me croirez-vous si je vous révèle les choses du ciel (verset 12) ?
Et cependant je puis seul vous en parler avec une autorité absolue, puisque seul j’ai habité le ciel et
contemplé ses secrets à découvert. Ou, plus brièvement : Celui-là seul peut exposer les choses célestes, qui
est lui même du ciel. - « Qui est monté aux cieux et en est descendu » ? est-il dit au livre des Proverbes, 3, 4.
N.-S. Jésus-Christ fait en ce moment la réponse : personne n’est monté au ciel, si ce n’est … « Personne »,
pas même Moïse, ni aucun des grands Prophètes. « n’est monté » : dans le texte grec est à un parfait très
énergique, que l’on doit prendre dans le sens strict et littéral ; on ne saurait nier plus vivement le fait en
question. « Au ciel », c'est-à-dire dans le royaume de la vérité absolue, éternelle, de manière à la contempler
face à face. Non toutefois que Jésus ait voulu marquer son Ascension par les mots « monté au ciel », comme
l’ont pensé S. Augustin, le Vén. Bède et quelques autres ; car ce glorieux mystère appartenait encore à
l’avenir. C’est simplement une locution elliptique. « Tolet et Lucas Brugensis ont raison de dire que quand le
Christ dit qu’il monte, il s’adapte à la façon des hommes de parler, lesquels ne peuvent imaginer qu’on
puisse se rendre au ciel sans monter », Corluy, p. 81. - Qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme Cette
descente du ciel avait eu lieu au jour de l’Incarnation, quand le Verbe s’était fait chair dans le sein virginal de
Marie. Cf. Luc. 1, 26 et ss. Les Pères s’arrêtent volontiers, pour les expliquer et pour les admirer, sur ces
termes si étonnamment juxtaposés : « Le Fils de l’homme est descendu du ciel ». « C’est le Verbe qui est
descendu », s’écrie S. Cyrille d’Alexandrie, et cependant, « Il dit que le fils de l’homme est descendu, ne
voulant pas, après l’incarnation, séparer le Christ en deux personnes, ne permettant à personne de dire
qu’autre est le Fils, simple temple assumé de la Vierge, et autre le Verbe, qui procède du Père comme une
lumière, sauf en ce qui concerne la distinction qui provient de leur nature ». « La dénomination de Fils de
l'homme ici ne comprend pas seulement la chair du Sauveur, mais désigne toute sa personne par celle des
deux natures qui est inférieure. Maintes fois Notre-Seigneur la désigne tout entière sous le nom de sa
divinité, ou sous celui de son humanité », S. Jean Chrysostôme. « Bien que ce soit sur la terre qu'il soit
devenu Fils de l'homme, il n'a point jugé indigne de sa divinité qui est descendue jusqu'à nous de porter le
nom de Fils de l'homme, tout en restant dans le ciel, de même qu'il a honoré son humanité du nom de Fils de
Dieu, car l'unité de personne qui existe entre les deux natures fait qu'il n'y a qu'un seul Christ et fils de Dieu
qui s'est rendu visible sur la terre, de même que le Fils de l'homme demeurait dans les deux », S. Augustin
(voyez la Chaîne de S. Thomas). Voilà bien le dogme catholique dans toute sa précision. - La majestueuse
réflexion de la fin, qui est dans le ciel, est omise par les manuscrits B, L, Sinaïtique, par les traductions
memphitique et éthiopienne et par plusieurs Pères. Sa présence dans tous les autres « Codices », y compris
celui du Vatican, dans les versions antiques les plus célèbres et chez la plupart des écrivains des premiers
siècles, prouve suffisamment son authenticité. Des paroles de ce genre peuvent tomber par l’erreur d’un
copiste, mais elles ne s’ajoutent guère : aussi ne croyons-nous pas la critique en droit de les supprimer. Elles
contiennent une nouvelle révélation pleine d’importance. Le Verbe de Dieu, même en se faisant homme,
n’avait pas quitté le ciel ; mais il continuait d’être en communion perpétuelle et intime avec le ciel ; il y
résidait comme dans sa patrie. « Jésus-Christ était sur la terre et il était au ciel; sur la terre par son corps, au
ciel par sa divinité, ou plutôt en tous lieux par sa divinité. Il était sorti du sein de sa mère, sans quitter celui
de son Père », S. Augustin, Traité 12 sur S. Jean, 8. Les rationalistes rejettent naturellement ce sens, pour ne voir ici qu’une « métaphore hébraïque », laquelle attribuerait vaguement à Jésus je ne sais quelle nature
« supérieure ». M. Alford leur riposte à bon droit que de pareilles tentatives sont futiles et ridicules.
Olshausen réfute de même par une vigoureuse parole les interprètes qui voudraient donner à qui est la
signification : qui était. Ce serait là, dit-il, un pléonasme insupportable. - Quelle richesse dogmatique dans ce
verset ! On peut en rapprocher Matth. 11, 27, où Jésus exprime une idée parallèle.
Lorsque vous entendez dire que le Fils de l'homme est descendu du ciel, n'allez pas croire que la chair elle-même en est descendue, c'est là une erreur des hérétiques qui enseignaient que le Christ avait pris son corps dans le ciel, et n'avait fait que passer par le sein de la Vierge.
Qu'un homme descende sans vêtements du sommet d'une montagne dans une vallée, et qu'il remonte sur cette montagne après s'être revêtu de ses habits et de ses armes, on pourra dire avec raison que celui qui remonte est le même qui est descendu.
Comme nous sommes devenus une seule chose avec lui, il remonte seul avec nous dans le ciel d'où il est descendu seul en lui-même ; et ainsi celui qui reste toujours dans le ciel, ne cesse de monter tous les jours dans le ciel.
Vous êtes surpris qu'il soit à la fois sur la terre et dans le ciel, mais il communique le même privilège à ses disciples. Ecoutez, saint Paul : « Notre vie, dit le grand Apôtre, est dans les cieux. » Or, si saint Paul qui n'était qu'un homme vivait à la fois sur la terre et dans les cieux, le Dieu du ciel et de la terre ne pouvait-il pas être en même temps dans le ciel et sur la terre ?
Après avoir relevé l'ignorance de ce pharisien qui s'élevait au-dessus des autres à cause de son titre de docteur, et blâmé l'incrédulité de ceux qui refusent de recevoir le témoignage de la vérité, Nôtre-Seigneur ajoute qu'il en est cependant qui croiront malgré l'incrédulité des autres, et à cette question : « Comment cela peut-il se faire ? » il répond : « Et personne n'est monté au ciel que celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'homme qui est dans le ciel, » paroles dont voici le sens : L'effet de la génération spirituelle est de rendre les hommes célestes de terrestres qu'ils étaient, grâce qu'ils ne peuvent obtenir qu'en devenant mes membres, de manière que celui qui monte soit le même qui est descendu, c'est-à-dire que Nôtre-Seigneur regarde son corps ou son Eglise, comme lui-même.
Bien que ce soit sur la terre qu'il soit devenu Fils de l'homme, il n'a point jugé indigne de sa divinité qui est descendue jusqu'à nous de porter le nom de Fils de l'homme, tout en restant dans le ciel, de même qu'il a honoré son humanité du nom de Fils de Dieu, car l'unité de personne qui existe entre les deux natures fait qu'il n'y a qu'un seul Christ et fils de Dieu qui s'est rendu visible sur la terre, de même que le Fils de l'homme demeurait dans les deux. La foi a des mystères plus incroyables, prépare à croire des vérités moins difficiles ; car si la nature divine si éloignée de nous a pu cependant s'unir à la nature humaine, de manière à ne former qu'une seule personne ; il est bien plus facile de croire que les hommes sanctifiés ne fassent qu'un avec le Fils de Dieu fait homme, et que tandis que tous montent au ciel par un effet de sa grâce, il monte lui seul au ciel d'où il est descendu.
Voyez comme ce qui nous parait élevé est indigne de la grandeur du Fils de Dieu. Non-seulement il est dans le ciel, mais il remplit tout de son immensité. Cependant il condescend à la faiblesse de celui à qui il parle, et il l'élève peu à peu à des idées plus sublimes.
La dénomination de Fils de l'homme ici ne comprend pas seulement la chair du Sauveur, mais désigne toute sa personne par celle des deux natures qui est inférieure. Maintes fois Nôtre-Seigneur la désigne tout entière sous le nom de sa divinité, ou sous celui de son humanité.
Ou bien encore, comme Nicodème l'avait abordé en lui disant : « Nous savons que vous êtes un docteur envoyé de Dieu, » Nôtre-Seigneur veut détruire l'idée qui faisait de lui un maître à la manière des nombreux prophètes qui avaient paru sur la terre, et c'est pour cela qu'il ajoute : « Et personne n'est monté au ciel que celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'homme qui est dans le ciel. »
Ou bien encore, entant qu'il est descendu du ciel, il est le principe de sa conception dans le sein de Marie, car ce n'est pas d'elle-même qu'elle a donné naissance au corps du Sauveur, bien qu'elle ait contribué pour toute la part naturelle à son sexe, nu développement et à l'enfantement de ce corps. Or, il est devenu le Fils de l'homme par suite de la chair qu'il a prise dans le sein de la Vierge. Il est dans le ciel en vertu de cette nature divine et immuable dont l'infinité ne fut jamais resserrée dans les limites étroites d'un corps matériel, mais qui, tout en demeurant par la puissance du Verbe, sous la forme d'un serviteur, ne laissa pas comme maître du ciel et de la terre d'être présent par son immensité dans tontes les parties de ce vaste univers. Il est donc descendu du ciel, parce qu'il est le Fils de l'homme, et il est dans le ciel, parce que le Verbe en se faisant chair n'a point perdu sa nature de Verbe de Dieu.