Jean 2, 1

Le troisième jour, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là.

Le troisième jour, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là.
Catéchisme de l'Église catholique
Appelée dans les Évangiles " la mère de Jésus " (Jn 2, 1 ; 19, 25 ; cf. Mt 13, 55), Marie est acclamée, sous l’impulsion de l’Esprit, dès avant la naissance de son fils, comme " la mère de mon Seigneur " (Lc 1, 43). En effet, Celui qu’elle a conçu comme homme du Saint-Esprit et qui est devenu vraiment son Fils selon la chair, n’est autre que le Fils éternel du Père, la deuxième Personne de la Sainte Trinité. L’Église confesse que Marie est vraiment Mère de Dieu (Theotokos) (cf. DS 251).

Au seuil de sa vie publique, Jésus opère son premier signe – à la demande de sa Mère – lors d’une fête de mariage (cf. Jn 2, 1-11). L’Église accorde une grande importance à la présence de Jésus aux noces de Cana. Elle y voit la confirmation de la bonté du mariage et l’annonce que désormais le mariage sera un signe efficace de la présence du Christ.

L’Evangile nous révèle comment Marie prie et intercède dans la foi : à Cana (cf. Jn 2, 1-12) la mère de Jésus prie son fils pour les besoins d’un repas de noces, signe d’un autre Repas, celui des noces de l’Agneau donnant son Corps et son Sang à la demande de l’Église, son Epouse. Et c’est à l’heure de la nouvelle Alliance, au pied de la Croix (cf. Jn 19, 25-27), que Marie est exaucée comme la Femme, la nouvelle Eve, la véritable " mère des vivants ".
Fulcran Vigouroux
Cana en Galilée est célèbre non seulement par le miracle de l’eau changée en vin, mais aussi par un autre miracle raconté dans Jean, 4, 46-54. C’est là qu’était né Nathanaël, voir Jean, 21, 2. ― « Aujourd’hui, la Cana évangélique s’appelle Kafr-Kenna, sur le chemin de Nazareth à Tibériade. Les chrétiens y ont une église bâtie des débris d’une autre plus magnifique, changée plus tard en mosquée et détruite aujourd’hui. On y [montre] deux des hydries dans lesquelles l’eau fut changée en vin. Elles sont en calcaire compact du pays et travaillées assez grossièrement. Elles n’ont absolument aucune sculpture. Voici leurs dimensions : la grande urne, de forme plus arrondie a 1 mètre 20 centimètres sur 80 centimètres ; la seconde, plus allongée, a 90 centimètres sur 75. Chacun des hydries contenait, dit l’évangéliste, deux ou trois métrètes, or cette mesure vaut près de 39 litres. La capacité des urnes de l’Evangile variait de 78 à 117 litres. Or la plus grande des urnes actuelles peut contenir 100 litres et la plus petite 60 litres. Il y a donc complète coïncidence. Elles ont été vues à la fin du VIe siècle par Antonin le Martyr. ― On montre encore à Kenna les ruines de la maison de l’un des douze Apôtres, Simon, [que plusieurs croient être l’époux des noces de Cana]. ― Saint Jérôme nous apprend qu’il y a deux Cana. L’une du côté de Sidon, et celle-ci il l’appelle la Grande ; l’autre, qu’il appelle la Petite. Aujourd’hui les Arabes appellent Kenna-el-Djalil la Cana voisine de la Phénicie. Or, el-Djalil en arabe signifie la Grande. Cet accord du nom moderne avec le texte de saint Jérôme tranche la question. » (J.-H. MICHON.)
Louis-Claude Fillion
Le narrateur nous fait d’abord connaître l’époque, l’occasion générale et le lieu du prodige. - 1° L’époque : Trois jours après. Cette date a été expliquée de plusieurs manières. Elle représenterait, d’après Sepp, le troisième jour de la semaine juive (le mardi) ; d’après Klofutar, Patrizi, etc., le troisième jour qui suivit l’arrivée de Notre-Seigneur en Galilée ; d’après J. P. Lange, etc., le troisième jour à partir de 1, 19 ; d’après d’autres, le troisième jour des solennités nuptiales. Il est plus naturel et plus simple de compter les jours depuis la dernière date mentionnée en termes exprès par l’évangéliste, c’est-à-dire depuis 1, 43. Dans cet intervalle, Jésus avait pu aisément franchir avec ses nouveaux disciples les 75 milles romains qui séparent Béthabara de Cana en Galilée. - 2° L’occasion générale : Il se fit des noces. On a cherché assez anciennement à déterminer quels étaient les mariés. Des mots suivants, attribués à saint Jérôme, « Jean voulant se marier a été appelé par le Seigneur » (Prolog. in Joan.), divers auteurs ont conclu que l’époux était l’apôtre bien-aimé. Les Mahométans ont adopté cette tradition curieuse, mais difficilement justifiable. Voir d’Herbelot, Biblioth. orient., s. v. Johannes. D’autres l’identifient à Nathanaël, uniquement parce qu’il était originaire de Cana ; d’autres (Cf. Nicéphore, Hist. eccles. 8, 30 ) à Simon le « Cananéen », dans la fausse supposition (voyez l’Evang. selon S. Mathieu, p. 195) que cette épithète le désignait pareillement comme un habitant de Cana. Quant à la mariée, ce serait Suzanne (Luc. 8, 3) ou Marie-Madeleine : conjectures non moins gratuites que les précédentes. Il est certain du moins que les mariés étaient des amis du Sauveur et de sa mère ; la suite du récit le prouve clairement. - 3° Le lieu : à Cana en Galilée. Deux localités se disputent actuellement la gloire d’avoir servi de théâtre au premier miracle de Jésus : ce sont Kefr-Kenna et Kana-el-Djelîl. La première revendique en sa faveur, et ce n’est pas un argument léger, le témoignage d’une tradition qui remonte pour le moins au huitième siècle, sans aucune interruption. C’est un petit village situé au N. E. et à environ une lieue et demie de Nazareth (voyez Meyer, Palaestina, 1882, p. 172 ; V. Guérin, carte de Palestine, Paris 1881) ; on y voit les restes d’une église bâtie, dit-on, sur l’emplacement de la maison où eurent lieu les noces et le miracle. Kana-el-Djelîl, amas de ruines qu’on aperçoit sur le versant d’une colline, tout à fait au nord de Nazareth, à cinq heures de marche, doit surtout sa réputation au Dr Robinson (Palaestina, t. 3, p. 443 et ss.), qui crut trouver dans la ressemblance des noms une preuve décisive. L’autorité du célèbre géographe américain gagna un certain nombre d’exégètes à son opinion ; mais on revient presque unanimement aujourd’hui et à bon-droit, au sentiment traditionnel. Cf. Schegg Pilgerbuch, t. 2, p. 261 ; Zeller, (missionnaire protestant à Nazareth), Report of Palestine Exploration Fund, 1879, n°3 ; de Saulcy, Voyage autour de la mer Morte, t. 2, p. 449-454 ; V. Guérin, Description de la Palestine : Galilée, t. 1, p. 168-182 ; Geissler, Das heilige Land, 25e année, 1881, p. 93 et ss. Il existait encore en Palestine un autre Cana, signalé au livre de Josué, 19, 28, comme faisant partie de la tribu d’Aser ; on l’a retrouvé dans une bourgade de même nom assez rapprochée de Tyr. - Et la mère de Jésus y était. Marie était donc arrivée à Cana avant son divin fils. Il est question d’elle à trois reprises dans l’Évangile selon S. Jean : ici, 6, 42 et 19, 25-27. Le silence de l’historien sacré relativement à S. Joseph amenait déjà S. Épiphane à conjecturer avec beaucoup de vraisemblance que le père nourricier de Jésus était mort pendant la vie cachée de Nazareth. Voyez l’Évangile selon S. Mathieu, p. 283.