Jean 19, 8

Quand Pilate entendit ces paroles, il redoubla de crainte.

Quand Pilate entendit ces paroles, il redoubla de crainte.
Louis-Claude Fillion
Lorsque Pilate entendit cette parole : cette nouvelle scène est en effet une conséquence de la nouvelle accusation portée contre Jésus. - Il craignit encore davantage. Affecté déjà très vivement par la céleste attitude de N.-S. Jésus-Christ et par le songe de sa propre femme (Cf. Matth. 27, 19), Pilate le fut beaucoup plus encore lorsqu’il eut entendu cette parole des Juifs, qu’il interpréta, bien entendu, d’après ses idées païennes. Si ce majestueux accusé était vraiment un être surhumain, le fils de quelque divinité, quelles terribles vengeances des dieux ne risquait-on pas de s’attirer en prenant part à sa condamnation ? Comme le dit si bien le proverbe : Incrédule, crédule ! Mais il y a loin de cette crainte superstitieuse du « procurator » au sentiment que lui prête Tertullien quand il écrit : « Déjà chrétien par la connaissance intime qu’il avait de lui-même ». Apol. 21.
Saint Bède le Vénérable
Pilate est effrayé, non point parce qu'il entend parler de la loi (puisqu'il était païen), mais parce qu'il craint de mettre à mort le Fils de Dieu.
Saint Augustin
Cette accusation des Juifs peut se rattacher à celle que rapporte saint Luc: «Nous l'avons trouvé soulevant notre nation», et à laquelle on peut ajouter: «Parce qu'il s'est fait Fils de Dieu».

L'envieuse fureur des Juifs contre Jésus-Christ ne fait que s'enflammer et s'accroître encore davantage: «Les princes des prêtres et leurs satellites ne l'eurent pas plutôt vu, qu'ils crièrent: Crucifiez-le, crucifiez-le».

Voici un sujet d'envie plus grande encore. L'usurpation de la puissance royale, par des moyens illicites, n'était rien auprès du cette ambition sacrilège. Cependant Jésus ne s'était arrogé injustement ni l'un ni l'autre de ces titres, il les possède tous les deux en vérité, il est le Fils unique de Dieu, et Dieu l'a établi roi sur Sion, sa montagne sainte ( Ps 2), et il lui serait facile de donner actuellement des preuves de cette double puissance, s'il ne préférait montrer que sa patience est d'autant plus grande que sa puissance est plus étendue.
Saint Jean Chrysostome
Pendant qu'il est ainsi l'objet de leurs disputes, il accomplit cette prophétie: «Il n'a pas ouvert la bouche, et dans son humiliation son jugement a été supprimé».

Pilate est effrayé de ce nouveau chef d'accusation; il craint que ce qu'il vient d'entendre dire ne soit vrai, et qu'il ne s'expose à commettre une plus grande injustice: «Pilate ayant entendu ces paroles, dit l'Évangéliste, fut encore plus effrayé».

Les Juifs, au contraire, n'eurent point horreur de ce qu'ils venaient de dire, et ils mettent à mort le Sauveur pour une cause qui aurait dû les faire tomber tous en adoration devant lui.

Pilate, voyant l'inutilité de ses efforts, leur dit: «Prenez-le vous-mêmes, et crucifiez-le». C'est le langage d'un homme qui manifeste son horreur pour une action, et qui semble engager à faire ce qu'il n'a pas voulu accorder; car les Juifs ne lui avaient amené Jésus que pour qu'il fût condamné par le jugement du gouverneur lui-même; or il arriva tout le contraire, c'est-à-dire qu'il est déclaré innocent au tribunal du gouverneur. C'est ce qu'il leur dit en propres termes: «Je ne trouve pas en lui de cause qui mérite la mort». C'est-à-dire qu'il ne cesse de le justifier de toutes les accusations portées contre lui. Il est donc évident que ce n'est que pour satisfaire leur fureur qu'il a livré Jésus à ces premiers et sanglants outrages. Mais rien de tout cela ne fut capable d'émouvoir et de fléchir les Juifs, semblables à des chiens affamés. «Les Juifs lui répondirent: Nous avons une loi, et selon cette loi il doit mourir, parce qu'il s'est fait Fils de Dieu».