Jean 19, 12

Dès lors, Pilate cherchait à le relâcher ; mais des Juifs se mirent à crier : « Si tu le relâches, tu n’es pas un ami de l’empereur. Quiconque se fait roi s’oppose à l’empereur. »

Dès lors, Pilate cherchait à le relâcher ; mais des Juifs se mirent à crier : « Si tu le relâches, tu n’es pas un ami de l’empereur. Quiconque se fait roi s’oppose à l’empereur. »
Louis-Claude Fillion
Dès lors. D’autres donnent à ce mot la signification de « pour ce motif » (le syriaque, S. Augustin, Patrizi, Keil, Westcott, etc.). Cf. 6, 66. La traduction de la Vulgate est préférable. Auparavant déjà Pilate avait fait plusieurs tentatives pour sauver Jésus, mais indirectement, mollement. On parle ici d’efforts suprêmes, plus directs, réitérés, comme l’exprime l’imparfait cherchait. La réponse du Sauveur (verset 11) l’a rendu plus anxieux que jamais, et il désirait vivement ne point participer à sa condamnation. - Pilate cherchait à le délivrer. Que ne le faisait-il de lui-même, puisqu’il avait en cela de pleins pouvoirs ? - Mais les Juifs criaient... Mais (par contraste) les Juifs criaient. Eux aussi, ils redoublent d’efforts, de crainte que leur victime ne leur échappe. - Si tu le délivres… Leur haine intelligente va transformer, selon les besoins du moment, le délit religieux dont ils accusaient Notre-Seigneur, en un crime politique. - Tu n’es pas l’ami de César. Connaissant l’ambition du « procurator », les Juifs le menacent ouvertement de la disgrâce de l’empereur, auprès duquel ils étaient tout disposés à le diffamer. Combien d’hommes plus courageux que Pilate sont tout à coup devenus lâches pour un semblable motif ? D’après Wetstein, h. l., « On disait que les légats, les procurateurs, les préfets et les conseillers étaient des amis de César » ; mais ce n’est pas à ce titre officiel que les hiérarques faisaient allusion. Relâcher le prisonnier, telle était leur pensée, serait de la part du gouverneur aller contre les intérêts de César et s’exposer à perdre prochainement les faveurs impériales, c'est-à-dire à perdre sa place. - Car quiconque… Ils vont développer leur assertion et en démontrer la vérité. - Se fait roi, comme c’était le cas pour Jésus, suivant eux. - Se déclare contre César. Se proclamer roi dans un royaume établi, organisé, c’est évidemment « contredire », et de la façon la plus grave, le souverain régnant ; c’est commettre le crime de lèse-majesté. La « lex majestatis », ainsi qu’on la nommait à Rome, était alors maniée d’une manière extrêmement dure par Tibère, au dire de Suétone (Tiber., c. 58). « Le crime de lèse-majesté était le complément de toutes les accusations », ajoute Tacite en parlant du même empereur (Ann. 3, 38). Aussi une simple accusation équivalait-elle à un arrêt de mort. Les hiérarques savaient ce qu’ils disaient.