Jean 17, 17
Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité.
Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité.
Cette demande est portée et exaucée dans la prière de Jésus (cf. Jn 17, 17-20), présente et efficace dans l’Eucharistie ; elle porte son fruit dans la vie nouvelle selon les Béatitudes (cf. Mt 5, 13-16 ; 6, 24 ; 7, 12-13).
A la lumière de ces considérations, la relation qui doit opportunément s'instaurer entre la théologie et la philosophie sera placée sous le signe de la circularité. Pour la théologie, le point de départ et la source originelle devront toujours être la parole de Dieu révélée dans l'histoire, tandis que l'objectif final ne pourra être que l'intelligence de la parole, sans cesse approfondie au fil des générations. D'autre part, puisque la parole de Dieu est la Vérité (cf. Jn 17, 17), pour mieux comprendre cette parole, on ne peut pas ne pas recourir à la recherche humaine de la vérité, à savoir la démarche philosophique, développée dans le respect des lois qui lui sont propres. Cela ne revient pas simplement à utiliser, dans le discours théologique, l'un ou l'autre concept ou telle partie d'une structure philosophique; il est essentiel que la raison du croyant exerce ses capacités de réflexion dans la recherche du vrai à l'intérieur d'un mouvement qui, partant de la parole de Dieu, s'efforce d'arriver à mieux la comprendre. Par ailleurs, il est clair que, en se mouvant entre ces deux pôles — la parole de Dieu et sa meilleure connaissance —, la raison est comme avertie, et en quelque sorte guidée, afin d'éviter des sentiers qui la conduiraient hors de la Vérité révélée et, en définitive, hors de la vérité pure et simple; elle est même invitée à explorer des voies que, seule, elle n'aurait même pas imaginé pouvoir parcourir. De cette relation de circularité avec la parole de Dieu, la philosophie sort enrichie, parce que la raison découvre des horizons nouveaux et insoupçonnés.
Votre parole est vérité ; hébraïsme, pour très vraie. Comparer à Jean, 11, 25.
Sanctifiez-les.
Expression si belle ! Néanmoins, les interprètes ne sont pas d’accord sur la signification précise qu’il faut lui
donner en cet endroit. Les uns, à la suite de S. Augustin, de S. Cyrille, de S. Thomas, lui laissent le sens le
plus ordinaire et le plus large : doter de la perfection morale. Mais ce qui convient très bien pour les disciples
ne saurait s’appliquer à Jésus-Christ lui-même : plus bas (v. 19), quand le Sauveur dira qu’il se sanctifie pour les siens, une telle interprétation cesserait évidemment d’être exacte. Les autres (d’après S. Jean
Chrysostome, Tolet, Maldonat, Luc de Bruges, etc.) prennent le mot « sanctifier » dans l’acception qu’il a en
divers passages de l’Ancien Testament : mettre à part pour un ministère sacré. Cf. Jér. 1, 5 ; Eccli. 49, 7 ; 2
Mach. 1, 25. C’est le vrai sens, croyons-nous ; il est confirmé par le passage Joan. 10, 36 (voyez le
commentaire), et il englobe évidemment la première interprétation lorsqu’il s’agit des disciples. « Sanctifiez-
les » peut donc se paraphraser ainsi : Séparez-les en vue de leur rôle tout céleste, et munissez-les des grâces
et des vertus nécessaires à son accomplissement. - Dans la vérité. Non point « par la vérité », car la
proposition grecque n’a pas ici le sens instrumental ; elle désigne l’élément dans lequel il faut que les apôtres
soient placés pour que leur sanctification soit produite, et l’atmosphère de toute leur vie. - Votre parole (la
parole qui est tienne) est vérité (sans article cette fois : Ta parole est vérité)… Jésus ajoute ces mots afin
d’expliquer ce qu’il entendait par la vérité sanctificatrice : c’était l’ensemble de la révélation qu’il avait
prêchée lui-même, et que les disciples avaient reçue d’une manière si croyante. Cf. vv. 6 et 8.