Jean 15, 23
Celui qui a de la haine contre moi a de la haine aussi contre mon Père.
Celui qui a de la haine contre moi a de la haine aussi contre mon Père.
Ce verset est étroitement lié au
précédent. Traiter Jésus-Christ d’une manière si indigne que le monde l’a fait (Celui qui me hait) ; cela
résulte, d’une part, de la filiation divine de Jésus ; de l’autre, de son caractère d’ambassadeur céleste. Cf. 5,
23 ; 13, 20 ; Matth. 10, 40.
2044. Précédemment, en traitant de la persécution qui allait survenir pour les disciples de la part des Juifs, le Seigneur en précisait la raison : c'est que ces derniers ne connaissent pas celui qui l'a envoyé. Mais parce que d'ordinaire l'ignorance excuse, il montre ici qu'ils sont absolument inexcusables, et cela pour deux raisons : à cause de ce que lui-même en personne a fait pour eux et leur a enseigné ; et à cause de ce qui allait arriver en son absence [n° 2058].
Ce que le Christ a personnellement fait et enseigné.
Le Seigneur montre que les Juifs sont inexcusables d'abord à cause de son enseignement de la vérité, puis à cause de l'évidence des signes [n° 2053].
II montre d'abord ce qui pourrait être invoqué pour leur excuse, ensuite que cet appui leur fait défaut [n° 2049] et enfin il montre ce qui est à la racine de leur persécution [n° 2050].
2045. Le Seigneur dit donc : Tout cela, ils vous le feront à cause de mon nom ; et assurément, on pourrait les en excuser, SI JE N'ÉTAIS PAS VENU ET NE LEUR AVAIS PAS PARLÉ. Autrement dit, si je ne m'étais pas montré en personne et ne les avais pas enseignés personnellement, ILS N'AURAIENT PAS DE PÉCHÉ.
2046. Contre cela, l'épître aux Romains affirme : Tous ont péché, et ont besoin de la grâce de Dieu. Mais il faut dire que le Seigneur ne parle pas ici de n'importe quel péché mais du péché d'infidélité, parce qu'ils ne croient pas dans le Christ. Un tel péché est dit par antonomase, parce que lorsqu'un tel péché existe, aucun autre ne peut être remis, puisque aucun péché n'est remis sinon par la foi en Jésus Christ, de laquelle vient toute justice, selon l'épître aux Romains.
Et voilà pourquoi ce qu'il dit : ILS N'AURAIENT PAS DE PÉCHÉ, revient à dire : le fait qu'ils ne croient pas en moi ne leur serait pas imputé. Et ceci premièrement parce que la foi vient de l'audition, selon l'épître aux Romains. Aussi, s'il n'était pas venu et ne leur avait pas parlé, ils n'auraient pas pu croire. Or, ne pas faire ce qu'on ne peut faire d'aucune manière, cela n'est compté comme péché à personne.
2047. Et si l'on dit qu'ils étaient tenus de croire, et qu'ils le pouvaient même si le Christ n'était pas venu, puisqu'il leur avait été annoncé par les prophètes - [L'Évangile de Dieu] que d'avance il avait promis par ses prophètes dans les Saintes Écritures au sujet de son Fils -, voici ce qu'il faut répondre : les paroles mêmes des prophètes, les Juifs ne pouvaient pas les croire et les comprendre par eux-mêmes, sans qu'elles leur fussent montrées par un secours divin - Ces paroles sont fermées et scellées jusqu'au temps fixé. Aussi l'eunuque disait-il dans les Actes : Comment puis-je comprendre si personne ne me montre ?
Ainsi donc, si le Christ n'était pas venu, ils n'auraient pas ce péché, celui d'infidélité, mais ils auraient eu cependant d'autres péchés actuels pour lesquels ils auraient été punis. Et une raison semblable vaut pour tous ceux à qui la prédication de la parole de Dieu n'a pu parvenir. Par le fait même, le péché d'infidélité ne leur est pas imputé pour leur condamnation ; mais, privés du bienfait de la foi en raison de leurs autres péchés, actuels et originel, ils sont condamnés.
2048. Il faut savoir que, pour beaucoup, l'avènement et l'enseignement du Christ ont tourné à leur bien, pour ceux qui l'ont reçu et ont gardé sa parole ; et que pour beaucoup ils ont tourné à leur mal, c'est-à-dire pour ceux qui n'ont voulu ni l'écouter, ni le croire - Il sera pour vous une sanctification, une pierre d'achoppement, un rocher où l'on trébuche, pour les deux maisons d'Israël, un filet et un piège pour les habitants de Jérusalem. - Celui-ci a été établi pour la ruine et la résurrection de beaucoup.
2049. Le Seigneur vient donc d'exposer ce par quoi on pourrait excuser les persécuteurs de leur infidélité. Mais à cela il n'y a pas de fondement, parce que le Christ s'est présenté personnellement à eux et les a enseignés. Aussi dit-il : MAIS MAINTENANT, c'est-à-dire du fait que je suis venu et leur ai parlé, ILS N'ONT PAS D'EXCUSE, c'est-à-dire l'excuse de l'ignorance, À LEUR PÉCHÉ - Ils sont donc inexcusables puisque, connaissant Dieu, ils ne Vont pas glorifié ni remercié comme Dieu. Or, qu'ils aient connu le Christ, cela est évident - Voici l'héritier ; venez, tuons-le. Mais ils ont connu qu'il était le Christ promis dans la Loi, non pas qu'il était Dieu ; car s'ils l'avaient connue [cette sagesse], ils n'auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire. L'ignorance ne sert donc pas à les excuser, puisqu'ils n'ont pas fait cela par ignorance, mais pour un autre motif, à savoir par haine et en raison de leur malice bien déterminée.
2050. Le Seigneur ajoute cela comme pour dire : leur péché, ce n'est pas l'ignorance, mais la haine qu'ils ont eue à mon égard, et cela parce qu'elle rejaillit en haine pour le Père.
En effet, puisque le Fils et le Père sont un dans leur essence, leur vérité et leur bonté, et que toute connaissance d'une réalité se fait par la vérité qui est en elle, et que semblablement tout ce qui est aimé l'est par la bonté qui est en lui, quiconque aime le Fils, aime aussi le Père ; et quiconque connaît l'un, connaît l'autre semblablement. C'est pourquoi celui qui hait le Fils, hait aussi le Père.
2051. Mais ici surgissent deux questions. La première : quelqu'un peut-il avoir Dieu en haine ? Il faut dire que Dieu, en tant qu'il est Dieu, personne ne peut l'avoir en haine, puisque Dieu est la pure essence de la bonté, qui, étant aimable en elle-même, ne peut être haïe en elle-même par qui que ce soit. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il est impossible que quelqu'un de mauvais voie Dieu. Car il est impossible que Dieu soit vu de quelqu'un qui ne l'aime pas ; mais celui qui aime Dieu est bon. Aussi est-il incompatible que quelqu'un voie Dieu et soit mauvais.
Cependant, on peut avoir Dieu en haine selon un autre point de vue : par exemple celui qui aime la volupté hait Dieu en tant qu'il réprouve les jouissances des voluptés, et celui qui cherche l'impunité hait la justice punitive de Dieu.
2052. La deuxième question est la suivante : personne ne peut avoir en haine ce qu'il ignore ; or les Juifs ignoraient le Père, comme l'a dit le Seigneur auparavant : Ils ne connaissent pas celui qui m'a envoyé. Ce qu'il dit : [IL] HAIT AUSSI MON PÈRE ne semble donc pas vrai.
Mais on doit dire, selon Augustin, que l'on peut aimer ou haïr quelqu'un qu'on n'a jamais vu, et qu'on ne connaît pas en vérité mais seulement d'après ce que l'opinion dit de lui en bien ou en ma1. Et ceci peut arriver de deux manières. Soit on l'a en haine ou on l'aime pour sa propre personne, soit c'est à cause de ce qu'on raconte de lui : par exemple, si j'entends dire que quelqu'un est un voleur, je le hais, non pas que je connaisse ou haïsse sa propre personne, mais parce que j'ai de la haine pour tout voleur en général ; c'est pourquoi, si quelqu'un était voleur et que moi je ne le sache pas, je l'aurais en haine, sans toutefois savoir que je le hais.
Les Juifs, quant à eux, avaient en haine le Christ et la vérité qu'il prêchait. Et comme la vérité même que le Christ prêchait était dans la volonté de Dieu le Père, ainsi que les œuvres qu'il faisait, de même, comme ils haïssaient le Christ, ils haïssaient le Père, sans savoir que tout cela était dans la volonté du Père.
2053. Que les persécuteurs soient inexcusables, le Seigneur le montre ici par l'évidence des signes. Car ils pourraient dire que ses paroles contre eux ne les ont pas convaincus ; aussi confirme-t-il ses paroles par des faits prodigieux, en disant : SI JE N'AVAIS PAS FAIT PARMI EUX DES ŒUVRES QUE NUL AUTRE N'A FAITES, ILS N'AURAIENT PAS DE PÉCHÉ.
Tout d'abord, il montre qu'ils pourraient être excusables jusqu'à un certain point ; puis il montre la racine de leur péché [n° 2056] ; enfin, il fait intervenir une autorité [n° 2057].
2054. Quant au premier point, deux questions se posent. La première concerne la vérité de l'affirmation précédente : SI JE N'AVAIS PAS FAIT PARMI EUX DES ŒUVRES QUE NUL AUTRE N'A FAITES. Là, on se demande si le Christ a fait parmi eux des œuvres bonnes que nul autre n'avait faites. Et il semble que non ; car si l'on dit que le Christ a ressuscité des morts, cela Élie et Elisée l'ont fait, eux aussi. Si le Christ a marché sur la mer, Moïse a partagé la mer en deux. Mais Josué, lui, a fait quelque chose de plus grand : que le soleil s'immobilise. Le Christ les confond donc d'une manière inconvenante et ce qui s'ensuit semble dépourvu de vérité.
Je réponds que, selon Augustin, le Seigneur ne parle pas ici de n'importe quels miracles réalisés parmi eux, c'est-à-dire en leur présence, mais de ceux réalisés PARMI EUX, c'est-à-dire en leurs personnes. Car en ce qui concerne la guérison de malades, personne n'en a fait parmi eux autant que le Christ ; du reste, dans d'autres domaines également, il a fait DES ŒUVRES QUE NUL AUTRE N'A FAITES parce qu'il n'y a aucun autre homme qui ait été fait Dieu, et qu'aucun homme n'est né d'une vierge sinon le Christ.
Il a donc FAIT PARMI EUX DES ŒUVRES QUE NUL AUTRE N'A FAITES quant à la guérison de malades, et cela de trois manières. Premièrement, en grandeur, puisqu'il a relevé d'entre les morts un mort de quatre jours, qu'il a rendu la lumière à un aveugle de naissance, ce qu'on n'a jamais entendu dire. Deuxièmement, en nombre, comme le dit Matthieu, car il guérissait, quel qu'en soit le nombre, tous ceux qui avaient quelque maladie, ce que personne d'autre n'avait fait. Troisièmement, dans la manière de faire : car les autres procédaient en invoquant, montrant ainsi qu'ils ne le faisaient pas par leur propre puissance, tandis que le Christ procédait en commandant, comme de sa propre puissance - Quel est ce nouvel enseignement, donné avec autorìté ? Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent !Ainsi donc, bien que d'autres aient ressuscité certains morts et fait d'autres actions miraculeuses que le Christ a faites, ce n'était toutefois pas de la même manière ni par leur propre puissance comme le Christ. De même, ce qu'on rapporte de l'immobilisation du soleil est moins important que ce que le Christ a fait en mourant : il fit reculer la lune et changea toute la course du firmament, comme le dit Denys.
2055. La deuxième question concerne la vérité de la proposition conditionnelle suivante : SI [LE CHRIST] N'AVAIT PAS FAIT PARMI EUX LES ŒUVRES QUE NUL AUTRE N'A FAITES, ils seraient exempts du péché d'infidélité.
La réponse est : si nous parlions de n'importe quels miracles, les persécuteurs auraient une excuse si le Christ ne les avait pas réalisés parmi eux. Car personne ne peut venir au Christ par la foi s'il n'est attiré - Nul ne peut venir à moi si le Père qui m'a envoyé ne l'attire. C'est pour cela que, dans le Cantique des cantiques, l'épouse dit : Attire-moi à ta suite, nous courrons à l'odeur de tes parfums. Voilà pourquoi, s'il n'y avait personne pour les attirer à la foi, ils seraient excusables de leur infidélité.
Mais remarquons que le Christ a exercé une attraction par sa parole, par des signes visibles et invisibles, c'est-à-dire en remuant et en éveillant de l'intérieur leurs cœurs - Le cœur du roi est dans la main de Dieu. L'œuvre de Dieu en nous est donc un instinct intérieur qui nous pousse à bien agir, et ceux qui y résistent pèchent ; autrement, c'est en vain qu'Etienne aurait dit : Toujours vous résistez, vous, à l'Esprit-Saint. - Le Seigneur m'a ouvert l'oreille, celle du cœur, et moi je ne le contredis pas. Ce que le Seigneur dit : SI JE N'AVAIS PAS FAIT PARMI EUX DES ŒUVRES QUE NUL AUTRE N'A FAITES, doit donc s'entendre non seulement des œuvres visibles, mais aussi de cet instinct intérieur et de l'attraction de son enseignement ; et assurément, s'il n'avait pas réalisé cela parmi eux, ILS N'AURAIENT PAS DE PÉCHÉ. Ainsi donc, on voit clairement de quelle manière ils pourraient être excusés, c'est-à-dire si le Seigneur n'avait pas fait d'œuvres miraculeuses parmi eux.
2056. Ici le Seigneur montre ce qui est à la racine du péché d'infidélité qu'ils encouraient : c'est la haine, à cause de laquelle ils ne croyaient pas aux œuvres qu'ils avaient vues. Aussi dit-il : MAIS MAINTENANT, ILS ONT VU - sous-entendu les œuvres que j'ai faites parmi eux -, ET ILS NOUS ONT HAÏS, MOI ET MON PÈRE - Puisqu'ils ont eu en haine la discipline et n'ont pas reçu la crainte du Seigneur. Et, comme le dit Grégoire, dans l'Église il y en a qui non seulement ne font pas le bien, mais aussi persécutent, et ce qu'ils négligent de faire eux-mêmes, ils le détestent encore chez les autres ; aussi leur péché n'est-il pas commis par faiblesse ou ignorance, mais par leur seule application.
2057. On pourrait dire : si c'est un fait que les Juifs t'ont haï, toi et ton Père, pourquoi fais-tu des miracles pour eux ? Aussi le Seigneur répond-il en disant qu'il fait cela POUR QUE S'ACCOMPLISSE LA PAROLE QUI EST ÉCRITE DANS LEUR LOI – ILS M'ONT HAÏ GRATUITEMENT.
Mais à ce propos, un doute s'élève : pourquoi le Seigneur dit-il que cela est écrit dans leur Loi, alors qu'en fait cela est écrit dans les Psaumes ?
À cela il faut répondre que, dans l'Écriture, la Loi peut s'entendre en trois sens. Parfois, en effet, il s'agit communément de tout l'Ancien Testament ; et c'est ainsi qu'on le comprend ici, parce que toute la doctrine de l'Ancien Testament est ordonnée à l'observance de la Loi - Souviens-toi de moi lorsque tu viendras dans ton royaume. Parfois la Loi désigne la partie de l'Ancien Testament qu'on distingue des hagiographes et des Prophètes - II faut que s'accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la Loi de Moïse, et les Prophètes, et les Psaumes, auxquels s'ajoutent aussi les hagiographes. Et parfois la Loi désigne la partie de l'Ancien Testament qu'on distingue des Prophètes seulement ; les hagiographes sont alors comptés avec les Prophètes.
Le Seigneur dit donc : c'est POUR QUE S'ACCOMPLISSE LA PAROLE QUI EST ÉCRITE DANS LEUR LOI (c'est-à-dire au psaume 34, 19 ) : ILS M'ONT HAÏ GRATUITEMENT, c'est-à-dire non pas pour obtenir un avantage ou éviter un inconvénient, car c'est bien pour cela que l'homme déteste certaines choses, qui n'ont pas existé chez le Christ ; celui-ci, bien au contraire, leur donnait l'occasion d'aimer, en les guérissant et en les enseignant - Lui qui a passé en faisant le bien . - Le mal se rend-il pour le bien, qu’ils creusent une fosse pour mon âme ? - Qu'est-ce que vos pères ont trouvé d'injuste en moi pour s'éloigner de moi ?
Le témoignage de l'Esprit Saint et des Apôtres.
2058. Le Seigneur montre à présent que les persécuteurs sont inexcusables en raison de ce qui allait survenir après lui, parce qu'ils allaient avoir d'autres témoignages : celui de l'Esprit Saint, et aussi celui des Apôtres. Il expose d'abord ce qui leur adviendrait de la part de l'Esprit Saint, puis ce qui leur serait donné par les Apôtres [n° 2067].
En ce qui concerne l'Esprit Saint, il touche quatre points : sa liberté ou sa puissance (potestas), sa douceur [n° 2060], sa procession [n° 2061], son opération [n° 2066].
2059. D'abord la liberté ou la puissance de l'Esprit Saint - LORSQUE SERA VENU LE PARACLET -, car on dit proprement de quelqu'un qu'il vient lorsqu'il va de lui-même, de sa propre autorité, et cela convient à l'Esprit Saint qui souffle où il veut -J'ai supplié, et l'Esprit de sagesse est venu en moi. L'expression JE VOUS ENVERRAI ne désigne donc pas une contrainte, mais l'origine.
C- LE PARACLET
2060. Le Seigneur fait allusion à la douceur de l'Esprit Saint en disant LE PARACLET, c'est-à-dire le Consolateur. Car puisqu'il est l'Amour de Dieu, il nous fait mépriser les réalités terrestres et adhérer à Dieu, et par là il éloigne de nous douleur et tristesse, et nous procure la joie des réalités divines - Le fruit de l'Esprit est charité, joie, paix (...) - L'Église était remplie de la consolation de l'Esprit Saint.
2061. En troisième lieu, le Seigneur révèle une double procession de l'Esprit Saint, et d'abord sa procession temporelle.
Là il faut considérer que, lorsqu'on dit que l'Esprit Saint est envoyé, ce n'est pas comme s'il changeait de lieu, puisqu'il emplit le monde entier, comme le dit le livre de la Sagesse ; mais c'est parce qu'il commence à habiter d'une nouvelle manière, par la grâce, en ceux dont il fait le temple de Dieu - Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous ? Et il n'est pas contradictoire de dire que l'Esprit Saint est envoyé et qu'il vient, car dire de lui qu'il vient nous fait voir manifestement la majesté de sa divinité - [lui] qui opère (...) comme il le veut. Et on dit qu'il est envoyé pour montrer qu'il procède d'un autre, car le fait de sanctifier la créature rationnelle en habitant en elle, il le tient d'un autre, de qui il tient d'être, comme le Fils tient d'un autre tout ce qu'il opère.
Remarquons aussi que la mission de l'Esprit Saint vient du Père et du Fils communément, comme l'indique symboliquement l'Apocalypse : L'Ange me montra un fleuve d'eau de la vie - c'est-à-dire l'Esprit Saint - procédant du trône de Dieu et de l'Agneau - c'est-à-dire du Christ. Voilà pourquoi, pour la mission de l'Esprit Saint, il est fait mention du Père et du Fils par lesquels, en vertu d'une égale et même puissance, il est envoyé. Aussi le Christ présente-t-il parfois le Père comme celui qui envoie, mais cependant pas sans le Fils - Mais le Paraclet, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom -, et parfois il se présente lui-même comme celui qui envoie, mais pas sans le Père : QUE MOI JE VOUS ENVERRAI D'AUPRÈS DU PÈRE, parce que tout ce qu'opère le Fils, il le tient du Père - Le Fils ne peut rien faire de lui-même.
2062. En second lieu, le Seigneur révèle la procession éternelle. Et là il montre également que l'Esprit Saint appartient au Fils, en disant : L'ESPRIT DE VÉRITÉ, car lui-même en effet est la Vérité - Moi je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; et que l'Esprit Saint appartient au Père, lorsqu'il dit : QUI PROCÈDE DU PÈRE. Ainsi donc, quand il dit : L'ESPRIT DE VÉRITÉ, cela revient au même que s'il disait : l'Esprit du Fils - Dieu a envoyé dans nos cœurs l'Esprit de son Fils.
Et puisque ce nom « esprit » exprime une certaine impulsion, et que tout mouvement a un effet qui convient à son principe (comme la chaleur rend chaud), il s'ensuit que l'Esprit Saint rend ceux auxquels il est envoyé semblables à celui dont il est l'Esprit. Et parce qu'il est L'ESPRIT DE VÉRITÉ, il enseigne la vérité tout entière, comme il est dit plus loin : Mais quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous enseignera la vérité tout entière. - L'inspiration du Tout-Puissant donne l'intelligence. De même, parce qu'il est l'Esprit du Fils, il fait des fils - Vous avez reçu un esprit d'adoption filiale
Si le Seigneur dit L'ESPRIT DE VÉRITÉ, c'est pour le différencier de l'esprit du mensonge - Le Seigneur a répandu au milieu de l'Égypte un esprit d'égarement. - Je sortirai, et je serai un esprit menteur dans la bouche de tous ses prophètes.
2063. Mais parce qu'il dit : QUI PROCÈDE DU PÈRE, sans ajouter « et du Fils », les Grecs disent que l'Esprit Saint ne procède pas du Fils, mais seulement du Père, ce qui ne peut absolument pas être.
En effet, l'Esprit Saint ne pourrait pas être distingué du Fils s'il ne procédait du Fils ou, inversement, si le Fils ne procédait de lui, ce que personne ne dit. Car on ne peut pas dire qu'entre les personnes divines, qui sont tout à fait immatérielles et simples, il y ait une distinction matérielle, celle qui se fait selon la division de la quantité (la matière étant le fondement de la quantité). Il faut donc que la distinction des personnes divines soit selon le mode d'une distinction formelle, parce qu'il faut qu'elle soit selon une opposition. Car des formes non opposées, quelles qu'elles soient, peuvent se trouver ensemble dans une même réalité sans diversifier le sujet ; par exemple, le blanc et le grand. C'est pourquoi, pour les personnes divines, l'innascibilité et la paternité, parce qu'elles ne s'opposent pas, appartiennent à une seule personne. Si donc le Fils et l'Esprit Saint sont des personnes distinctes procédant du Père, on doit les distinguer par des propriétés opposées ! : non pas opposées selon l'affirmation et la négation, ni selon la privation et l'avoir, parce qu'alors le Fils et l'Esprit Saint seraient l'un par rapport à l'autre comme l'être et le non-être, ou comme le parfait et le dépourvu, ce qui répugne à leur égalité ; ce n'est pas non plus selon l'opposition de contrariété, parce qu'entre des contraires, l'un est toujours plus parfait que l'autre. Il reste donc que l'Esprit Saint se distingue du Fils par la seule opposition relative.
Or cette opposition ne peut exister que du fait que l'un des opposés se rapporte à l'autre. Car des relations diverses entre deux réalités et une troisième ne s'opposent pas directement, si ce n'est peut-être accidentellement dans les conséquences. Aussi reste-t-il, pour que l'Esprit Saint se distingue du Fils, à leur attribuer des relations opposées, par lesquelles ils s'opposent mutuellement. Et on ne peut trouver d'autres relations que des relations d'origine, selon que l'un vient de l'autre. Il est donc impossible, supposée la Trinité des personnes, que l'Esprit Saint ne vienne pas du Fils.
2064. Certains disent que l'Esprit Saint et le Fils se distinguent selon la différence des processions, en tant que le Fils est à partir du Père en naissant, et l'Esprit Saint en procédant.
Mais on revient encore à la même question : comment ces deux processions diffèrent-elles ? En effet, on ne peut pas dire qu'elles se distinguent par ce qui serait reçu de divers dans la génération, à la manière dont la génération de l'homme et celle du cheval diffèrent selon les diverses natures communiquées ; en effet, c'est la même nature divine que le Fils reçoit du Père en naissant, et l'Esprit Saint en procédant. Il reste donc qu'ils se distinguent seulement selon l'ordre d'origine, c'est-à-dire en tant que la naissance du Fils est principe de la procession de l'Esprit Saint. C'est pourquoi, si l'Esprit Saint n'était pas [à partir] du Fils, il ne serait pas distinct de lui, pas plus que la procession ne serait distincte de la naissance.
C'est pourquoi même les Grecs reconnaissent un certain ordre entre le Fils et l'Esprit Saint : ils disent que l'Esprit Saint est l'Esprit du Fils, et que le Fils opère par l'Esprit Saint, mais non pas l'inverse. Certains aussi concèdent que l'Esprit Saint est [à partir] du Fils et cependant ils ne veulent pas concéder que l'Esprit Saint procède du Fils ; mais là ils parlent manifestement avec impudence. Nous utilisons en effet le mot « procession » pour tout ce qui est, d'une manière ou d'une autre, [à partir] d'un autre (ab alio), et c'est pourquoi, en raison de son caractère très commun, ce mot convient pour désigner l'existence de l'Esprit Saint à partir du Fils, existence dont on ne peut trouver dans les créatures aucun exemple à partir duquel on pourrait lui donner un nom propre, comme le nom de « génération » pour le Fils. Car si dans les créatures on trouve bien une personne procédant selon la nature comme fils, on n'en trouve pas qui procède selon la volonté comme amour. Voilà pourquoi on peut conclure que l'Esprit Saint, quelle que soit la manière dont il se rapporte au Fils, procède de lui.
2065. Cependant, certains parmi les Grecs affirment qu'on ne doit pas dire que l'Esprit Saint procède du Fils parce que cette préposition « de » (a ou ab) désigne chez eux un principe ne dépendant pas d'un principe, ce qui convient au Père seu1. Mais cette raison n'est pas contraignante parce que le Fils est avec le Père un seul principe de l'Esprit Saint, comme aussi des créatures. Or, bien que le Fils tienne du Père d'être principe des créatures, on dit cependant que les créatures sont [à partir] du Fils ; aussi peut-on dire, pour la même raison, que l'Esprit Saint procède du Fils. Et rien ne s'oppose à ce que le Seigneur dit ici : QUI PROCÈDE DU PÈRE, et non pas « du Père et du Fils », car il dit semblablement : QUE MOI JE VOUS ENVERRAI, et cependant on comprend que c'est le Père qui envoie, du fait qu'il ajoute : D'AUPRÈS DU PÈRE. De même encore, le fait qu'il ajoute : L'ESPRIT DE VÉRITÉ, c'est-à-dire du Fils, fait comprendre qu'il procède du Fils. Car toujours, comme nous l'avons dit, le Fils est conjoint au Père et réciproquement, en ce qui concerne la procession de l'Esprit Saint ; ainsi emploie-t-on des expressions diverses pour signifier la distinction des personnes.
2066. En quatrième lieu le Seigneur, en disant : C'EST LUI QUI RENDRA TÉMOIGNAGE DE MOI, révèle les opérations de l'Esprit Saint qui rend témoignage d'une triple manière : premièrement, en instruisant les disciples et en leur donnant confiance pour témoigner - Car ce n'est pas vous qui parlez, mais l'Esprit de votre Père qui parle en vous. Deuxièmement, en communiquant à ceux qui croient en le Christ son enseignement - Dieu y joignant son témoignage par des signes et des prodiges, et par des miracles divers et des répartitions variées d'Esprit Saint. Troisièmement, en attendrissant les cœurs de ceux qui écoutent - Envoie ton esprit, et ils seront créés.
2067. Enfin, le Seigneur révèle ce qui allait se passer du côté des disciples : ET VOUS AUSSI, VOUS RENDREZ TÉMOIGNAGE, inspirés par l'Esprit Saint - Vous serez mes témoins à Jérusalem, et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. Les Actes parlent de ce double témoignage : Nous sommes témoins de ces choses, nous et l'Esprit Saint que le Seigneur a donné à tous ceux qui lui obéissent.
Et il ajoute que leur témoignage convient parfaitement [est idoine] en disant : PARCE QUE VOUS ÊTES AVEC MOI DEPUIS LE COMMENCEMENT, c'est-à-dire le commencement de la prédication et de l'accomplissement des miracles ; ainsi ils pourraient témoigner de ce qu'ils ont vu et entendu, selon cette parole de la première épître de Jean : Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons.
Par là aussi on peut comprendre que le Christ n'a pas fait de miracles dans son enfance, comme le rapportent certains apocryphes, mais seulement à partir du moment où il a rassemblé les disciples.
Ce que le Christ a personnellement fait et enseigné.
Le Seigneur montre que les Juifs sont inexcusables d'abord à cause de son enseignement de la vérité, puis à cause de l'évidence des signes [n° 2053].
II montre d'abord ce qui pourrait être invoqué pour leur excuse, ensuite que cet appui leur fait défaut [n° 2049] et enfin il montre ce qui est à la racine de leur persécution [n° 2050].
2045. Le Seigneur dit donc : Tout cela, ils vous le feront à cause de mon nom ; et assurément, on pourrait les en excuser, SI JE N'ÉTAIS PAS VENU ET NE LEUR AVAIS PAS PARLÉ. Autrement dit, si je ne m'étais pas montré en personne et ne les avais pas enseignés personnellement, ILS N'AURAIENT PAS DE PÉCHÉ.
2046. Contre cela, l'épître aux Romains affirme : Tous ont péché, et ont besoin de la grâce de Dieu. Mais il faut dire que le Seigneur ne parle pas ici de n'importe quel péché mais du péché d'infidélité, parce qu'ils ne croient pas dans le Christ. Un tel péché est dit par antonomase, parce que lorsqu'un tel péché existe, aucun autre ne peut être remis, puisque aucun péché n'est remis sinon par la foi en Jésus Christ, de laquelle vient toute justice, selon l'épître aux Romains.
Et voilà pourquoi ce qu'il dit : ILS N'AURAIENT PAS DE PÉCHÉ, revient à dire : le fait qu'ils ne croient pas en moi ne leur serait pas imputé. Et ceci premièrement parce que la foi vient de l'audition, selon l'épître aux Romains. Aussi, s'il n'était pas venu et ne leur avait pas parlé, ils n'auraient pas pu croire. Or, ne pas faire ce qu'on ne peut faire d'aucune manière, cela n'est compté comme péché à personne.
2047. Et si l'on dit qu'ils étaient tenus de croire, et qu'ils le pouvaient même si le Christ n'était pas venu, puisqu'il leur avait été annoncé par les prophètes - [L'Évangile de Dieu] que d'avance il avait promis par ses prophètes dans les Saintes Écritures au sujet de son Fils -, voici ce qu'il faut répondre : les paroles mêmes des prophètes, les Juifs ne pouvaient pas les croire et les comprendre par eux-mêmes, sans qu'elles leur fussent montrées par un secours divin - Ces paroles sont fermées et scellées jusqu'au temps fixé. Aussi l'eunuque disait-il dans les Actes : Comment puis-je comprendre si personne ne me montre ?
Ainsi donc, si le Christ n'était pas venu, ils n'auraient pas ce péché, celui d'infidélité, mais ils auraient eu cependant d'autres péchés actuels pour lesquels ils auraient été punis. Et une raison semblable vaut pour tous ceux à qui la prédication de la parole de Dieu n'a pu parvenir. Par le fait même, le péché d'infidélité ne leur est pas imputé pour leur condamnation ; mais, privés du bienfait de la foi en raison de leurs autres péchés, actuels et originel, ils sont condamnés.
2048. Il faut savoir que, pour beaucoup, l'avènement et l'enseignement du Christ ont tourné à leur bien, pour ceux qui l'ont reçu et ont gardé sa parole ; et que pour beaucoup ils ont tourné à leur mal, c'est-à-dire pour ceux qui n'ont voulu ni l'écouter, ni le croire - Il sera pour vous une sanctification, une pierre d'achoppement, un rocher où l'on trébuche, pour les deux maisons d'Israël, un filet et un piège pour les habitants de Jérusalem. - Celui-ci a été établi pour la ruine et la résurrection de beaucoup.
2049. Le Seigneur vient donc d'exposer ce par quoi on pourrait excuser les persécuteurs de leur infidélité. Mais à cela il n'y a pas de fondement, parce que le Christ s'est présenté personnellement à eux et les a enseignés. Aussi dit-il : MAIS MAINTENANT, c'est-à-dire du fait que je suis venu et leur ai parlé, ILS N'ONT PAS D'EXCUSE, c'est-à-dire l'excuse de l'ignorance, À LEUR PÉCHÉ - Ils sont donc inexcusables puisque, connaissant Dieu, ils ne Vont pas glorifié ni remercié comme Dieu. Or, qu'ils aient connu le Christ, cela est évident - Voici l'héritier ; venez, tuons-le. Mais ils ont connu qu'il était le Christ promis dans la Loi, non pas qu'il était Dieu ; car s'ils l'avaient connue [cette sagesse], ils n'auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire. L'ignorance ne sert donc pas à les excuser, puisqu'ils n'ont pas fait cela par ignorance, mais pour un autre motif, à savoir par haine et en raison de leur malice bien déterminée.
2050. Le Seigneur ajoute cela comme pour dire : leur péché, ce n'est pas l'ignorance, mais la haine qu'ils ont eue à mon égard, et cela parce qu'elle rejaillit en haine pour le Père.
En effet, puisque le Fils et le Père sont un dans leur essence, leur vérité et leur bonté, et que toute connaissance d'une réalité se fait par la vérité qui est en elle, et que semblablement tout ce qui est aimé l'est par la bonté qui est en lui, quiconque aime le Fils, aime aussi le Père ; et quiconque connaît l'un, connaît l'autre semblablement. C'est pourquoi celui qui hait le Fils, hait aussi le Père.
2051. Mais ici surgissent deux questions. La première : quelqu'un peut-il avoir Dieu en haine ? Il faut dire que Dieu, en tant qu'il est Dieu, personne ne peut l'avoir en haine, puisque Dieu est la pure essence de la bonté, qui, étant aimable en elle-même, ne peut être haïe en elle-même par qui que ce soit. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il est impossible que quelqu'un de mauvais voie Dieu. Car il est impossible que Dieu soit vu de quelqu'un qui ne l'aime pas ; mais celui qui aime Dieu est bon. Aussi est-il incompatible que quelqu'un voie Dieu et soit mauvais.
Cependant, on peut avoir Dieu en haine selon un autre point de vue : par exemple celui qui aime la volupté hait Dieu en tant qu'il réprouve les jouissances des voluptés, et celui qui cherche l'impunité hait la justice punitive de Dieu.
2052. La deuxième question est la suivante : personne ne peut avoir en haine ce qu'il ignore ; or les Juifs ignoraient le Père, comme l'a dit le Seigneur auparavant : Ils ne connaissent pas celui qui m'a envoyé. Ce qu'il dit : [IL] HAIT AUSSI MON PÈRE ne semble donc pas vrai.
Mais on doit dire, selon Augustin, que l'on peut aimer ou haïr quelqu'un qu'on n'a jamais vu, et qu'on ne connaît pas en vérité mais seulement d'après ce que l'opinion dit de lui en bien ou en ma1. Et ceci peut arriver de deux manières. Soit on l'a en haine ou on l'aime pour sa propre personne, soit c'est à cause de ce qu'on raconte de lui : par exemple, si j'entends dire que quelqu'un est un voleur, je le hais, non pas que je connaisse ou haïsse sa propre personne, mais parce que j'ai de la haine pour tout voleur en général ; c'est pourquoi, si quelqu'un était voleur et que moi je ne le sache pas, je l'aurais en haine, sans toutefois savoir que je le hais.
Les Juifs, quant à eux, avaient en haine le Christ et la vérité qu'il prêchait. Et comme la vérité même que le Christ prêchait était dans la volonté de Dieu le Père, ainsi que les œuvres qu'il faisait, de même, comme ils haïssaient le Christ, ils haïssaient le Père, sans savoir que tout cela était dans la volonté du Père.
2053. Que les persécuteurs soient inexcusables, le Seigneur le montre ici par l'évidence des signes. Car ils pourraient dire que ses paroles contre eux ne les ont pas convaincus ; aussi confirme-t-il ses paroles par des faits prodigieux, en disant : SI JE N'AVAIS PAS FAIT PARMI EUX DES ŒUVRES QUE NUL AUTRE N'A FAITES, ILS N'AURAIENT PAS DE PÉCHÉ.
Tout d'abord, il montre qu'ils pourraient être excusables jusqu'à un certain point ; puis il montre la racine de leur péché [n° 2056] ; enfin, il fait intervenir une autorité [n° 2057].
2054. Quant au premier point, deux questions se posent. La première concerne la vérité de l'affirmation précédente : SI JE N'AVAIS PAS FAIT PARMI EUX DES ŒUVRES QUE NUL AUTRE N'A FAITES. Là, on se demande si le Christ a fait parmi eux des œuvres bonnes que nul autre n'avait faites. Et il semble que non ; car si l'on dit que le Christ a ressuscité des morts, cela Élie et Elisée l'ont fait, eux aussi. Si le Christ a marché sur la mer, Moïse a partagé la mer en deux. Mais Josué, lui, a fait quelque chose de plus grand : que le soleil s'immobilise. Le Christ les confond donc d'une manière inconvenante et ce qui s'ensuit semble dépourvu de vérité.
Je réponds que, selon Augustin, le Seigneur ne parle pas ici de n'importe quels miracles réalisés parmi eux, c'est-à-dire en leur présence, mais de ceux réalisés PARMI EUX, c'est-à-dire en leurs personnes. Car en ce qui concerne la guérison de malades, personne n'en a fait parmi eux autant que le Christ ; du reste, dans d'autres domaines également, il a fait DES ŒUVRES QUE NUL AUTRE N'A FAITES parce qu'il n'y a aucun autre homme qui ait été fait Dieu, et qu'aucun homme n'est né d'une vierge sinon le Christ.
Il a donc FAIT PARMI EUX DES ŒUVRES QUE NUL AUTRE N'A FAITES quant à la guérison de malades, et cela de trois manières. Premièrement, en grandeur, puisqu'il a relevé d'entre les morts un mort de quatre jours, qu'il a rendu la lumière à un aveugle de naissance, ce qu'on n'a jamais entendu dire. Deuxièmement, en nombre, comme le dit Matthieu, car il guérissait, quel qu'en soit le nombre, tous ceux qui avaient quelque maladie, ce que personne d'autre n'avait fait. Troisièmement, dans la manière de faire : car les autres procédaient en invoquant, montrant ainsi qu'ils ne le faisaient pas par leur propre puissance, tandis que le Christ procédait en commandant, comme de sa propre puissance - Quel est ce nouvel enseignement, donné avec autorìté ? Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent !Ainsi donc, bien que d'autres aient ressuscité certains morts et fait d'autres actions miraculeuses que le Christ a faites, ce n'était toutefois pas de la même manière ni par leur propre puissance comme le Christ. De même, ce qu'on rapporte de l'immobilisation du soleil est moins important que ce que le Christ a fait en mourant : il fit reculer la lune et changea toute la course du firmament, comme le dit Denys.
2055. La deuxième question concerne la vérité de la proposition conditionnelle suivante : SI [LE CHRIST] N'AVAIT PAS FAIT PARMI EUX LES ŒUVRES QUE NUL AUTRE N'A FAITES, ils seraient exempts du péché d'infidélité.
La réponse est : si nous parlions de n'importe quels miracles, les persécuteurs auraient une excuse si le Christ ne les avait pas réalisés parmi eux. Car personne ne peut venir au Christ par la foi s'il n'est attiré - Nul ne peut venir à moi si le Père qui m'a envoyé ne l'attire. C'est pour cela que, dans le Cantique des cantiques, l'épouse dit : Attire-moi à ta suite, nous courrons à l'odeur de tes parfums. Voilà pourquoi, s'il n'y avait personne pour les attirer à la foi, ils seraient excusables de leur infidélité.
Mais remarquons que le Christ a exercé une attraction par sa parole, par des signes visibles et invisibles, c'est-à-dire en remuant et en éveillant de l'intérieur leurs cœurs - Le cœur du roi est dans la main de Dieu. L'œuvre de Dieu en nous est donc un instinct intérieur qui nous pousse à bien agir, et ceux qui y résistent pèchent ; autrement, c'est en vain qu'Etienne aurait dit : Toujours vous résistez, vous, à l'Esprit-Saint. - Le Seigneur m'a ouvert l'oreille, celle du cœur, et moi je ne le contredis pas. Ce que le Seigneur dit : SI JE N'AVAIS PAS FAIT PARMI EUX DES ŒUVRES QUE NUL AUTRE N'A FAITES, doit donc s'entendre non seulement des œuvres visibles, mais aussi de cet instinct intérieur et de l'attraction de son enseignement ; et assurément, s'il n'avait pas réalisé cela parmi eux, ILS N'AURAIENT PAS DE PÉCHÉ. Ainsi donc, on voit clairement de quelle manière ils pourraient être excusés, c'est-à-dire si le Seigneur n'avait pas fait d'œuvres miraculeuses parmi eux.
2056. Ici le Seigneur montre ce qui est à la racine du péché d'infidélité qu'ils encouraient : c'est la haine, à cause de laquelle ils ne croyaient pas aux œuvres qu'ils avaient vues. Aussi dit-il : MAIS MAINTENANT, ILS ONT VU - sous-entendu les œuvres que j'ai faites parmi eux -, ET ILS NOUS ONT HAÏS, MOI ET MON PÈRE - Puisqu'ils ont eu en haine la discipline et n'ont pas reçu la crainte du Seigneur. Et, comme le dit Grégoire, dans l'Église il y en a qui non seulement ne font pas le bien, mais aussi persécutent, et ce qu'ils négligent de faire eux-mêmes, ils le détestent encore chez les autres ; aussi leur péché n'est-il pas commis par faiblesse ou ignorance, mais par leur seule application.
2057. On pourrait dire : si c'est un fait que les Juifs t'ont haï, toi et ton Père, pourquoi fais-tu des miracles pour eux ? Aussi le Seigneur répond-il en disant qu'il fait cela POUR QUE S'ACCOMPLISSE LA PAROLE QUI EST ÉCRITE DANS LEUR LOI – ILS M'ONT HAÏ GRATUITEMENT.
Mais à ce propos, un doute s'élève : pourquoi le Seigneur dit-il que cela est écrit dans leur Loi, alors qu'en fait cela est écrit dans les Psaumes ?
À cela il faut répondre que, dans l'Écriture, la Loi peut s'entendre en trois sens. Parfois, en effet, il s'agit communément de tout l'Ancien Testament ; et c'est ainsi qu'on le comprend ici, parce que toute la doctrine de l'Ancien Testament est ordonnée à l'observance de la Loi - Souviens-toi de moi lorsque tu viendras dans ton royaume. Parfois la Loi désigne la partie de l'Ancien Testament qu'on distingue des hagiographes et des Prophètes - II faut que s'accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la Loi de Moïse, et les Prophètes, et les Psaumes, auxquels s'ajoutent aussi les hagiographes. Et parfois la Loi désigne la partie de l'Ancien Testament qu'on distingue des Prophètes seulement ; les hagiographes sont alors comptés avec les Prophètes.
Le Seigneur dit donc : c'est POUR QUE S'ACCOMPLISSE LA PAROLE QUI EST ÉCRITE DANS LEUR LOI (c'est-à-dire au psaume 34, 19 ) : ILS M'ONT HAÏ GRATUITEMENT, c'est-à-dire non pas pour obtenir un avantage ou éviter un inconvénient, car c'est bien pour cela que l'homme déteste certaines choses, qui n'ont pas existé chez le Christ ; celui-ci, bien au contraire, leur donnait l'occasion d'aimer, en les guérissant et en les enseignant - Lui qui a passé en faisant le bien . - Le mal se rend-il pour le bien, qu’ils creusent une fosse pour mon âme ? - Qu'est-ce que vos pères ont trouvé d'injuste en moi pour s'éloigner de moi ?
Le témoignage de l'Esprit Saint et des Apôtres.
2058. Le Seigneur montre à présent que les persécuteurs sont inexcusables en raison de ce qui allait survenir après lui, parce qu'ils allaient avoir d'autres témoignages : celui de l'Esprit Saint, et aussi celui des Apôtres. Il expose d'abord ce qui leur adviendrait de la part de l'Esprit Saint, puis ce qui leur serait donné par les Apôtres [n° 2067].
En ce qui concerne l'Esprit Saint, il touche quatre points : sa liberté ou sa puissance (potestas), sa douceur [n° 2060], sa procession [n° 2061], son opération [n° 2066].
2059. D'abord la liberté ou la puissance de l'Esprit Saint - LORSQUE SERA VENU LE PARACLET -, car on dit proprement de quelqu'un qu'il vient lorsqu'il va de lui-même, de sa propre autorité, et cela convient à l'Esprit Saint qui souffle où il veut -J'ai supplié, et l'Esprit de sagesse est venu en moi. L'expression JE VOUS ENVERRAI ne désigne donc pas une contrainte, mais l'origine.
C- LE PARACLET
2060. Le Seigneur fait allusion à la douceur de l'Esprit Saint en disant LE PARACLET, c'est-à-dire le Consolateur. Car puisqu'il est l'Amour de Dieu, il nous fait mépriser les réalités terrestres et adhérer à Dieu, et par là il éloigne de nous douleur et tristesse, et nous procure la joie des réalités divines - Le fruit de l'Esprit est charité, joie, paix (...) - L'Église était remplie de la consolation de l'Esprit Saint.
2061. En troisième lieu, le Seigneur révèle une double procession de l'Esprit Saint, et d'abord sa procession temporelle.
Là il faut considérer que, lorsqu'on dit que l'Esprit Saint est envoyé, ce n'est pas comme s'il changeait de lieu, puisqu'il emplit le monde entier, comme le dit le livre de la Sagesse ; mais c'est parce qu'il commence à habiter d'une nouvelle manière, par la grâce, en ceux dont il fait le temple de Dieu - Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous ? Et il n'est pas contradictoire de dire que l'Esprit Saint est envoyé et qu'il vient, car dire de lui qu'il vient nous fait voir manifestement la majesté de sa divinité - [lui] qui opère (...) comme il le veut. Et on dit qu'il est envoyé pour montrer qu'il procède d'un autre, car le fait de sanctifier la créature rationnelle en habitant en elle, il le tient d'un autre, de qui il tient d'être, comme le Fils tient d'un autre tout ce qu'il opère.
Remarquons aussi que la mission de l'Esprit Saint vient du Père et du Fils communément, comme l'indique symboliquement l'Apocalypse : L'Ange me montra un fleuve d'eau de la vie - c'est-à-dire l'Esprit Saint - procédant du trône de Dieu et de l'Agneau - c'est-à-dire du Christ. Voilà pourquoi, pour la mission de l'Esprit Saint, il est fait mention du Père et du Fils par lesquels, en vertu d'une égale et même puissance, il est envoyé. Aussi le Christ présente-t-il parfois le Père comme celui qui envoie, mais cependant pas sans le Fils - Mais le Paraclet, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom -, et parfois il se présente lui-même comme celui qui envoie, mais pas sans le Père : QUE MOI JE VOUS ENVERRAI D'AUPRÈS DU PÈRE, parce que tout ce qu'opère le Fils, il le tient du Père - Le Fils ne peut rien faire de lui-même.
2062. En second lieu, le Seigneur révèle la procession éternelle. Et là il montre également que l'Esprit Saint appartient au Fils, en disant : L'ESPRIT DE VÉRITÉ, car lui-même en effet est la Vérité - Moi je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; et que l'Esprit Saint appartient au Père, lorsqu'il dit : QUI PROCÈDE DU PÈRE. Ainsi donc, quand il dit : L'ESPRIT DE VÉRITÉ, cela revient au même que s'il disait : l'Esprit du Fils - Dieu a envoyé dans nos cœurs l'Esprit de son Fils.
Et puisque ce nom « esprit » exprime une certaine impulsion, et que tout mouvement a un effet qui convient à son principe (comme la chaleur rend chaud), il s'ensuit que l'Esprit Saint rend ceux auxquels il est envoyé semblables à celui dont il est l'Esprit. Et parce qu'il est L'ESPRIT DE VÉRITÉ, il enseigne la vérité tout entière, comme il est dit plus loin : Mais quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous enseignera la vérité tout entière. - L'inspiration du Tout-Puissant donne l'intelligence. De même, parce qu'il est l'Esprit du Fils, il fait des fils - Vous avez reçu un esprit d'adoption filiale
Si le Seigneur dit L'ESPRIT DE VÉRITÉ, c'est pour le différencier de l'esprit du mensonge - Le Seigneur a répandu au milieu de l'Égypte un esprit d'égarement. - Je sortirai, et je serai un esprit menteur dans la bouche de tous ses prophètes.
2063. Mais parce qu'il dit : QUI PROCÈDE DU PÈRE, sans ajouter « et du Fils », les Grecs disent que l'Esprit Saint ne procède pas du Fils, mais seulement du Père, ce qui ne peut absolument pas être.
En effet, l'Esprit Saint ne pourrait pas être distingué du Fils s'il ne procédait du Fils ou, inversement, si le Fils ne procédait de lui, ce que personne ne dit. Car on ne peut pas dire qu'entre les personnes divines, qui sont tout à fait immatérielles et simples, il y ait une distinction matérielle, celle qui se fait selon la division de la quantité (la matière étant le fondement de la quantité). Il faut donc que la distinction des personnes divines soit selon le mode d'une distinction formelle, parce qu'il faut qu'elle soit selon une opposition. Car des formes non opposées, quelles qu'elles soient, peuvent se trouver ensemble dans une même réalité sans diversifier le sujet ; par exemple, le blanc et le grand. C'est pourquoi, pour les personnes divines, l'innascibilité et la paternité, parce qu'elles ne s'opposent pas, appartiennent à une seule personne. Si donc le Fils et l'Esprit Saint sont des personnes distinctes procédant du Père, on doit les distinguer par des propriétés opposées ! : non pas opposées selon l'affirmation et la négation, ni selon la privation et l'avoir, parce qu'alors le Fils et l'Esprit Saint seraient l'un par rapport à l'autre comme l'être et le non-être, ou comme le parfait et le dépourvu, ce qui répugne à leur égalité ; ce n'est pas non plus selon l'opposition de contrariété, parce qu'entre des contraires, l'un est toujours plus parfait que l'autre. Il reste donc que l'Esprit Saint se distingue du Fils par la seule opposition relative.
Or cette opposition ne peut exister que du fait que l'un des opposés se rapporte à l'autre. Car des relations diverses entre deux réalités et une troisième ne s'opposent pas directement, si ce n'est peut-être accidentellement dans les conséquences. Aussi reste-t-il, pour que l'Esprit Saint se distingue du Fils, à leur attribuer des relations opposées, par lesquelles ils s'opposent mutuellement. Et on ne peut trouver d'autres relations que des relations d'origine, selon que l'un vient de l'autre. Il est donc impossible, supposée la Trinité des personnes, que l'Esprit Saint ne vienne pas du Fils.
2064. Certains disent que l'Esprit Saint et le Fils se distinguent selon la différence des processions, en tant que le Fils est à partir du Père en naissant, et l'Esprit Saint en procédant.
Mais on revient encore à la même question : comment ces deux processions diffèrent-elles ? En effet, on ne peut pas dire qu'elles se distinguent par ce qui serait reçu de divers dans la génération, à la manière dont la génération de l'homme et celle du cheval diffèrent selon les diverses natures communiquées ; en effet, c'est la même nature divine que le Fils reçoit du Père en naissant, et l'Esprit Saint en procédant. Il reste donc qu'ils se distinguent seulement selon l'ordre d'origine, c'est-à-dire en tant que la naissance du Fils est principe de la procession de l'Esprit Saint. C'est pourquoi, si l'Esprit Saint n'était pas [à partir] du Fils, il ne serait pas distinct de lui, pas plus que la procession ne serait distincte de la naissance.
C'est pourquoi même les Grecs reconnaissent un certain ordre entre le Fils et l'Esprit Saint : ils disent que l'Esprit Saint est l'Esprit du Fils, et que le Fils opère par l'Esprit Saint, mais non pas l'inverse. Certains aussi concèdent que l'Esprit Saint est [à partir] du Fils et cependant ils ne veulent pas concéder que l'Esprit Saint procède du Fils ; mais là ils parlent manifestement avec impudence. Nous utilisons en effet le mot « procession » pour tout ce qui est, d'une manière ou d'une autre, [à partir] d'un autre (ab alio), et c'est pourquoi, en raison de son caractère très commun, ce mot convient pour désigner l'existence de l'Esprit Saint à partir du Fils, existence dont on ne peut trouver dans les créatures aucun exemple à partir duquel on pourrait lui donner un nom propre, comme le nom de « génération » pour le Fils. Car si dans les créatures on trouve bien une personne procédant selon la nature comme fils, on n'en trouve pas qui procède selon la volonté comme amour. Voilà pourquoi on peut conclure que l'Esprit Saint, quelle que soit la manière dont il se rapporte au Fils, procède de lui.
2065. Cependant, certains parmi les Grecs affirment qu'on ne doit pas dire que l'Esprit Saint procède du Fils parce que cette préposition « de » (a ou ab) désigne chez eux un principe ne dépendant pas d'un principe, ce qui convient au Père seu1. Mais cette raison n'est pas contraignante parce que le Fils est avec le Père un seul principe de l'Esprit Saint, comme aussi des créatures. Or, bien que le Fils tienne du Père d'être principe des créatures, on dit cependant que les créatures sont [à partir] du Fils ; aussi peut-on dire, pour la même raison, que l'Esprit Saint procède du Fils. Et rien ne s'oppose à ce que le Seigneur dit ici : QUI PROCÈDE DU PÈRE, et non pas « du Père et du Fils », car il dit semblablement : QUE MOI JE VOUS ENVERRAI, et cependant on comprend que c'est le Père qui envoie, du fait qu'il ajoute : D'AUPRÈS DU PÈRE. De même encore, le fait qu'il ajoute : L'ESPRIT DE VÉRITÉ, c'est-à-dire du Fils, fait comprendre qu'il procède du Fils. Car toujours, comme nous l'avons dit, le Fils est conjoint au Père et réciproquement, en ce qui concerne la procession de l'Esprit Saint ; ainsi emploie-t-on des expressions diverses pour signifier la distinction des personnes.
2066. En quatrième lieu le Seigneur, en disant : C'EST LUI QUI RENDRA TÉMOIGNAGE DE MOI, révèle les opérations de l'Esprit Saint qui rend témoignage d'une triple manière : premièrement, en instruisant les disciples et en leur donnant confiance pour témoigner - Car ce n'est pas vous qui parlez, mais l'Esprit de votre Père qui parle en vous. Deuxièmement, en communiquant à ceux qui croient en le Christ son enseignement - Dieu y joignant son témoignage par des signes et des prodiges, et par des miracles divers et des répartitions variées d'Esprit Saint. Troisièmement, en attendrissant les cœurs de ceux qui écoutent - Envoie ton esprit, et ils seront créés.
2067. Enfin, le Seigneur révèle ce qui allait se passer du côté des disciples : ET VOUS AUSSI, VOUS RENDREZ TÉMOIGNAGE, inspirés par l'Esprit Saint - Vous serez mes témoins à Jérusalem, et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. Les Actes parlent de ce double témoignage : Nous sommes témoins de ces choses, nous et l'Esprit Saint que le Seigneur a donné à tous ceux qui lui obéissent.
Et il ajoute que leur témoignage convient parfaitement [est idoine] en disant : PARCE QUE VOUS ÊTES AVEC MOI DEPUIS LE COMMENCEMENT, c'est-à-dire le commencement de la prédication et de l'accomplissement des miracles ; ainsi ils pourraient témoigner de ce qu'ils ont vu et entendu, selon cette parole de la première épître de Jean : Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons.
Par là aussi on peut comprendre que le Christ n'a pas fait de miracles dans son enfance, comme le rapportent certains apocryphes, mais seulement à partir du moment où il a rassemblé les disciples.