Jean 15, 19
Si vous apparteniez au monde, le monde aimerait ce qui est à lui. Mais vous n’appartenez pas au monde, puisque je vous ai choisis en vous prenant dans le monde ; voilà pourquoi le monde a de la haine contre vous.
Si vous apparteniez au monde, le monde aimerait ce qui est à lui. Mais vous n’appartenez pas au monde, puisque je vous ai choisis en vous prenant dans le monde ; voilà pourquoi le monde a de la haine contre vous.
Dans l'annonce de cet Evangile, nous ne devons pas craindre l'hostilité ou l'impopularité, refusant tout compromis et toute ambiguïté qui nous conformeraient à la mentalité de ce monde (cf. Rm 12, 2). Nous devons être dans le monde mais non pas du monde (cf. Jn 15, 19; 17, 16), avec la force qui nous vient du Christ, vainqueur du monde par sa mort et sa résurrection (cf. Jn 16, 33).
Raison pour laquelle les apôtres doivent s’attendre, aux aussi, à être l’objet de la
haine du monde. Cf. 1 Joan. 3, 13 ; 4, 5. - Si vous étiez du monde : sortis de lui, ayant par conséquent son
esprit et ses tendances. - Le monde aimerait ce qui serait à lui Cf. 7, 7. En vous, le monde se retrouverait et
s’aimerait, car tout est égoïsme dans ses affections. Remarquez ici l’emploi du verbe grec ἐφίλει : nous
n’avons plus le noble et relevé ἀγάπᾶν des versets 12-17. - Mais parce que vous n’êtes pas du monde : Jésus
adressait un grand éloge à ses apôtres quand il leur tenait ce langage. - Je vous ai choisis du milieu du monde.
Autrefois pourtant, ils avaient aussi fait partie du monde ; mais le divin Maître les en avait visiblement
arrachés en les appelant à lui. Cf. verset 16. - À cause de cela (avec emphase ; pour ce motif spécial) le
monde vous hait. La quintuple répétition du mot « monde » est d’un grand effet dans ce verset ; elle met très
bien en saillie l’antagonisme du monde et de l’Église de Jésus. Cf. 3, 17, 31 ; 12, 36 ; 17, 14.
Le Seigneur donne ici deux raisons pour leur consolation : la première se fonde sur l'exemple, et la seconde sur la cause [n°2033].
2031. Le Seigneur console donc ses disciples par son propre exemple, lui qui a aussi souffert les persécutions des tyrans : SI LE MONDE VOUS HAIT, SACHEZ QU'IL M'A PRIS EN HAINE AVANT VOUS. Car, sachons-le bien, de même que le principe de tous les bienfaits est l'amour, de même aussi le principe de toutes les persécutions est la haine : voilà pourquoi le Seigneur leur prédit la haine à venir - Vous serez haïs de tous les hommes . - Heureux serez-vous quand les hommes vous haïront (...) à cause du Fils de l'homme.
Il dit donc : SI LE MONDE VOUS HAIT, c'est-à-dire bientôt le monde vous haïra et il manifestera sa haine en vous persécutant, SACHEZ QU'IL M'A PRIS EN HAINE AVANT VOUS - Le monde ne peut pas vous haïr, mais moi il me hait. Mais c'est là la grande consolation du juste, pour lui permettre de supporter les persécutions avec force - Repensez à celui qui a supporté de la part des pécheurs une telle contradiction, afin de ne pas être accablés par la défaillance de vos âmes - Le Christ a souffert pour nous, vous laissant un exemple, pour que vous suiviez ses traces. Aussi, selon Augustin, les membres ne doivent pas s'élever au-dessus de la tête, ni refuser d'être dans le corps, en ne voulant pas supporter la haine du monde en union avec la tête.
2032. Mais le monde s'entend en deux sens. Parfois en bien, quand il s'agit de ceux qui, dans le monde, vivent selon le bien - C'était Dieu qui, dans le Christ, se réconciliait le monde. Parfois en mal, et il s'agit alors de ceux qui aiment le monde - Le monde entier a été mis sous l'influence du mauvais. Ainsi donc, le monde entier a en haine le monde entier ; parce que ceux qui aiment le monde, qui sont répandus dans le monde entier, haïssent le monde entier, c'est-à-dire l'Église des bons, affermie dans le monde entier.
2033. Voici la seconde raison, liée à la cause de cette haine. Car lorsque quelqu'un supporte la haine d'un autre par sa propre faute, il doit s'en affliger et s'en attrister ; mais quand c'est à cause de sa vertu, il doit s'en réjouir.
Le Seigneur montre donc, premièrement, la cause pour laquelle certains sont aimés du monde ; puis il montre pourquoi les Apôtres sont haïs du monde [n° 2037].
2034. La cause pour laquelle certains sont aimés du monde, c'est leur ressemblance avec le monde. Toute chose aime ce qui lui est semblable - Toute chair s'unit à ce qui lui est semblable. Et c'est pourquoi le monde - c'est-à-dire ceux qui aiment le monde - aime ceux qui aiment le monde : SI VOUS AVIEZ ÉTÉ DU MONDE, c'est-à-dire de ceux qui suivent le monde, LE MONDE AIMERAIT CE QUI EST À LUI, comme étant sien et semblable à lui. Ne lisait-on pas précédemment : Le monde ne peut pas vous haïr ? - Ils sont du monde, aussi parlent-ils d'après le monde, et le monde les écoute .
2035. Contrairement à cela, on objectera que, par « monde », le Seigneur entend ici les princes du monde, qui allaient persécuter les Apôtres. Or ces mêmes princes pourchassent aussi certains hommes qui vivent selon le monde, par exemple les assassins et les brigands ; le monde n'aime donc pas ce qui est à lui, pas plus qu'il n'aime les Apôtres.
Je réponds : il faut dire qu'on peut trouver quelque chose de purement bon, mais qu'on ne trouve rien de purement mauvais, puisque le sujet du mal, c'est le bien. Le mal de la faute se fonde donc sur le bien de la nature. Aussi ne peut-il y avoir d'homme pécheur et mauvais qui n'ait quelque chose de bon. Les hommes, donc, selon le mal qu'ils ont, à savoir leur infidélité, appartiennent au monde, et haïssent les Apôtres et ceux qui ne sont pas du monde ; mais selon le bien qu'ils ont, ils ne sont pas du monde, et ils ont en haine ceux qui sont du monde, à savoir les voleurs, les brigands et autres de ce genre. Il y en avait cependant certains qui dans le monde vivaient selon le bien ; ils aimaient les Apôtres et approuvaient leurs actes.
2036. Mais il semble encore davantage y avoir un doute du fait que tout péché se rapporte au monde, et qu'ainsi n'importe quel péché nous fait être du monde. Et nous voyons que certains hommes se rassemblant dans le péché se prennent mutuellement en haine, par exemple les orgueilleux - Entre les orgueilleux, ce sont toujours des disputes. L'avare aussi a en haine l'avare. Et c'est pourquoi, selon le Philosophe, les potiers rivalisent entre eux. Le monde a donc en haine le monde. Ce que le Seigneur dit : LE MONDE AIMERAIT CE QUI EST À LUI, ne semble donc pas être vrai.
À cela il faut répondre qu'il y a deux sortes d'amour : l'amour d'amitié et l'amour de concupiscence, qui sont deux amours différents. Par l'amour de concupiscence, en effet, nous ramenons à nous les choses qui nous sont extérieures puisque par cet amour nous aimons les réalités autres en tant qu'elles nous sont utiles ou agréables. Dans l'amour d'amitié, c'est le contraire : nous sortons de nous-mêmes pour aller vers ce qui est extérieur à nous, puisqu'à l'égard de ceux que nous aimons d'amitié, nous nous comportons comme envers nous-mêmes, en nous communiquant d'une certaine manière nous-mêmes à eux. Aussi, dans l'amour d'amitié, la similitude est cause d'amour, puisqu'on n'aime ainsi quelqu'un que dans la mesure où l'on est un avec lui ; or la similitude est une certaine unité. Dans l'amour de concupiscence, au contraire, qu'il soit utile ou agréable, la similitude est cause de séparation et de haine. En effet, puisque dans un tel amour j'aime quelqu'un dans la mesure où il m'est utile ou agréable, tout ce qui peut empêcher l'utilité ou le plaisir, je le hais comme contraire. Voilà pourquoi les orgueilleux se querellent, dans la mesure où l'un s'arroge la gloire que l'autre aime, et dans laquelle il se complaît. Il en est de même chez les potiers, dans la mesure où l'un prend pour lui le gain qu'un autre voulait pour lui-même.
Il faut savoir que l'amour de concupiscence n'est pas un amour pour la réalité convoitée, mais plutôt l'amour de celui qui convoite pour lui-même. Et pour cette raison, si l'on aime quelqu'un d'un tel amour, c'est dans la mesure où il nous est utile, nous l'avons dit ; voilà pourquoi, par cet amour, on aime plus soi-même que l'autre. Ainsi, celui qui aime le vin parce qu'il lui est agréable s'aime lui-même plutôt qu'il n'aime le vin. Mais l'amour d'amitié est davantage l'amour de la réalité aimée que de celui qui aime, parce qu'on aime quelqu'un pour lui-même, et non pas pour soi en tant qu'on aime. Ainsi donc, puisque dans l'amour d'amitié la similitude est cause d'amour, et la dissemblance cause de haine, le monde a en haine ce qui n'est pas à lui et ne lui est pas semblable, et il aime d'un amour d'amitié ce qui est à lui. Mais pour l'amour de concupiscence, c'est le contraire. Aussi le Seigneur dit-il : SI VOUS AVIEZ ÉTÉ DU MONDE, LE MONDE AIMERAIT, d'un amour d'amitié, CE QUI EST À LUI.
2037. Le Seigneur indique ici la cause pour laquelle les Apôtres sont haïs du monde, qui est la dissemblance : VOUS N'ÊTES PAS DU MONDE, sous-entendu : par l'élévation de votre esprit, bien que vous le soyez par votre origine - Vous, vous êtes d'en bas, moi, je suis d'en haut. Vous, vous êtes de ce monde, moi, je ne suis pas de ce monde. Et cela, c'est bien parce que vous avez été élevés du monde, non pas par vous-mêmes, mais par ma grâce, c'est-à-dire parce que MOI JE VOUS AI CHOISIS DU MILIEU DU MONDE - C'est moi qui vous ai choisis . C'EST POUR CELA QUE, parce que vous n'êtes pas du monde, LE MONDE, c'est-à-dire ceux qui l'aiment, VOUS HAIT, en tant que vous leur êtes dissemblables - Les justes ont en horreur les impies, et les impies ont en horreur ceux qui sont dans le droit chemin . - Les hommes sanguinaires haïssent celui qui est sans détour.
2038. On peut préciser trois raisons pour lesquelles le monde a en haine les saints. La première est la différence de condition : le monde est dans la mort, tandis que les saints sont dans l'état de la vie - Ne vous étonnez pas, frères, si le monde vous hait. Nous savons, nous, que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères. - Sa vue même nous est à charge.
La deuxième raison est le désagrément de la correction. Car les hommes saints reprennent, par leurs paroles comme par leurs actes, les agissements du monde ; aussi le monde les a-t-il en haine - Ils l'ont haï, celui qui les reprenait à la Porte. - II me hait, à savoir le monde, parce que moi je rends témoignage à son sujet que ses œuvres sont mauvaises.
La troisième raison est l'injuste jalousie par laquelle les méchants envient les hommes justes lorsqu'ils les voient croître et devenir nombreux en bonté et en sainteté ; ainsi les Égyptiens, voyant croître les fils d'Israël, les avaient en haine et les persécutaient ; et selon la Genèse, les frères de Joseph, voyant qu'il était plus aimé qu'eux tous, l'avaient pris en haine.
2031. Le Seigneur console donc ses disciples par son propre exemple, lui qui a aussi souffert les persécutions des tyrans : SI LE MONDE VOUS HAIT, SACHEZ QU'IL M'A PRIS EN HAINE AVANT VOUS. Car, sachons-le bien, de même que le principe de tous les bienfaits est l'amour, de même aussi le principe de toutes les persécutions est la haine : voilà pourquoi le Seigneur leur prédit la haine à venir - Vous serez haïs de tous les hommes . - Heureux serez-vous quand les hommes vous haïront (...) à cause du Fils de l'homme.
Il dit donc : SI LE MONDE VOUS HAIT, c'est-à-dire bientôt le monde vous haïra et il manifestera sa haine en vous persécutant, SACHEZ QU'IL M'A PRIS EN HAINE AVANT VOUS - Le monde ne peut pas vous haïr, mais moi il me hait. Mais c'est là la grande consolation du juste, pour lui permettre de supporter les persécutions avec force - Repensez à celui qui a supporté de la part des pécheurs une telle contradiction, afin de ne pas être accablés par la défaillance de vos âmes - Le Christ a souffert pour nous, vous laissant un exemple, pour que vous suiviez ses traces. Aussi, selon Augustin, les membres ne doivent pas s'élever au-dessus de la tête, ni refuser d'être dans le corps, en ne voulant pas supporter la haine du monde en union avec la tête.
2032. Mais le monde s'entend en deux sens. Parfois en bien, quand il s'agit de ceux qui, dans le monde, vivent selon le bien - C'était Dieu qui, dans le Christ, se réconciliait le monde. Parfois en mal, et il s'agit alors de ceux qui aiment le monde - Le monde entier a été mis sous l'influence du mauvais. Ainsi donc, le monde entier a en haine le monde entier ; parce que ceux qui aiment le monde, qui sont répandus dans le monde entier, haïssent le monde entier, c'est-à-dire l'Église des bons, affermie dans le monde entier.
2033. Voici la seconde raison, liée à la cause de cette haine. Car lorsque quelqu'un supporte la haine d'un autre par sa propre faute, il doit s'en affliger et s'en attrister ; mais quand c'est à cause de sa vertu, il doit s'en réjouir.
Le Seigneur montre donc, premièrement, la cause pour laquelle certains sont aimés du monde ; puis il montre pourquoi les Apôtres sont haïs du monde [n° 2037].
2034. La cause pour laquelle certains sont aimés du monde, c'est leur ressemblance avec le monde. Toute chose aime ce qui lui est semblable - Toute chair s'unit à ce qui lui est semblable. Et c'est pourquoi le monde - c'est-à-dire ceux qui aiment le monde - aime ceux qui aiment le monde : SI VOUS AVIEZ ÉTÉ DU MONDE, c'est-à-dire de ceux qui suivent le monde, LE MONDE AIMERAIT CE QUI EST À LUI, comme étant sien et semblable à lui. Ne lisait-on pas précédemment : Le monde ne peut pas vous haïr ? - Ils sont du monde, aussi parlent-ils d'après le monde, et le monde les écoute .
2035. Contrairement à cela, on objectera que, par « monde », le Seigneur entend ici les princes du monde, qui allaient persécuter les Apôtres. Or ces mêmes princes pourchassent aussi certains hommes qui vivent selon le monde, par exemple les assassins et les brigands ; le monde n'aime donc pas ce qui est à lui, pas plus qu'il n'aime les Apôtres.
Je réponds : il faut dire qu'on peut trouver quelque chose de purement bon, mais qu'on ne trouve rien de purement mauvais, puisque le sujet du mal, c'est le bien. Le mal de la faute se fonde donc sur le bien de la nature. Aussi ne peut-il y avoir d'homme pécheur et mauvais qui n'ait quelque chose de bon. Les hommes, donc, selon le mal qu'ils ont, à savoir leur infidélité, appartiennent au monde, et haïssent les Apôtres et ceux qui ne sont pas du monde ; mais selon le bien qu'ils ont, ils ne sont pas du monde, et ils ont en haine ceux qui sont du monde, à savoir les voleurs, les brigands et autres de ce genre. Il y en avait cependant certains qui dans le monde vivaient selon le bien ; ils aimaient les Apôtres et approuvaient leurs actes.
2036. Mais il semble encore davantage y avoir un doute du fait que tout péché se rapporte au monde, et qu'ainsi n'importe quel péché nous fait être du monde. Et nous voyons que certains hommes se rassemblant dans le péché se prennent mutuellement en haine, par exemple les orgueilleux - Entre les orgueilleux, ce sont toujours des disputes. L'avare aussi a en haine l'avare. Et c'est pourquoi, selon le Philosophe, les potiers rivalisent entre eux. Le monde a donc en haine le monde. Ce que le Seigneur dit : LE MONDE AIMERAIT CE QUI EST À LUI, ne semble donc pas être vrai.
À cela il faut répondre qu'il y a deux sortes d'amour : l'amour d'amitié et l'amour de concupiscence, qui sont deux amours différents. Par l'amour de concupiscence, en effet, nous ramenons à nous les choses qui nous sont extérieures puisque par cet amour nous aimons les réalités autres en tant qu'elles nous sont utiles ou agréables. Dans l'amour d'amitié, c'est le contraire : nous sortons de nous-mêmes pour aller vers ce qui est extérieur à nous, puisqu'à l'égard de ceux que nous aimons d'amitié, nous nous comportons comme envers nous-mêmes, en nous communiquant d'une certaine manière nous-mêmes à eux. Aussi, dans l'amour d'amitié, la similitude est cause d'amour, puisqu'on n'aime ainsi quelqu'un que dans la mesure où l'on est un avec lui ; or la similitude est une certaine unité. Dans l'amour de concupiscence, au contraire, qu'il soit utile ou agréable, la similitude est cause de séparation et de haine. En effet, puisque dans un tel amour j'aime quelqu'un dans la mesure où il m'est utile ou agréable, tout ce qui peut empêcher l'utilité ou le plaisir, je le hais comme contraire. Voilà pourquoi les orgueilleux se querellent, dans la mesure où l'un s'arroge la gloire que l'autre aime, et dans laquelle il se complaît. Il en est de même chez les potiers, dans la mesure où l'un prend pour lui le gain qu'un autre voulait pour lui-même.
Il faut savoir que l'amour de concupiscence n'est pas un amour pour la réalité convoitée, mais plutôt l'amour de celui qui convoite pour lui-même. Et pour cette raison, si l'on aime quelqu'un d'un tel amour, c'est dans la mesure où il nous est utile, nous l'avons dit ; voilà pourquoi, par cet amour, on aime plus soi-même que l'autre. Ainsi, celui qui aime le vin parce qu'il lui est agréable s'aime lui-même plutôt qu'il n'aime le vin. Mais l'amour d'amitié est davantage l'amour de la réalité aimée que de celui qui aime, parce qu'on aime quelqu'un pour lui-même, et non pas pour soi en tant qu'on aime. Ainsi donc, puisque dans l'amour d'amitié la similitude est cause d'amour, et la dissemblance cause de haine, le monde a en haine ce qui n'est pas à lui et ne lui est pas semblable, et il aime d'un amour d'amitié ce qui est à lui. Mais pour l'amour de concupiscence, c'est le contraire. Aussi le Seigneur dit-il : SI VOUS AVIEZ ÉTÉ DU MONDE, LE MONDE AIMERAIT, d'un amour d'amitié, CE QUI EST À LUI.
2037. Le Seigneur indique ici la cause pour laquelle les Apôtres sont haïs du monde, qui est la dissemblance : VOUS N'ÊTES PAS DU MONDE, sous-entendu : par l'élévation de votre esprit, bien que vous le soyez par votre origine - Vous, vous êtes d'en bas, moi, je suis d'en haut. Vous, vous êtes de ce monde, moi, je ne suis pas de ce monde. Et cela, c'est bien parce que vous avez été élevés du monde, non pas par vous-mêmes, mais par ma grâce, c'est-à-dire parce que MOI JE VOUS AI CHOISIS DU MILIEU DU MONDE - C'est moi qui vous ai choisis . C'EST POUR CELA QUE, parce que vous n'êtes pas du monde, LE MONDE, c'est-à-dire ceux qui l'aiment, VOUS HAIT, en tant que vous leur êtes dissemblables - Les justes ont en horreur les impies, et les impies ont en horreur ceux qui sont dans le droit chemin . - Les hommes sanguinaires haïssent celui qui est sans détour.
2038. On peut préciser trois raisons pour lesquelles le monde a en haine les saints. La première est la différence de condition : le monde est dans la mort, tandis que les saints sont dans l'état de la vie - Ne vous étonnez pas, frères, si le monde vous hait. Nous savons, nous, que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères. - Sa vue même nous est à charge.
La deuxième raison est le désagrément de la correction. Car les hommes saints reprennent, par leurs paroles comme par leurs actes, les agissements du monde ; aussi le monde les a-t-il en haine - Ils l'ont haï, celui qui les reprenait à la Porte. - II me hait, à savoir le monde, parce que moi je rends témoignage à son sujet que ses œuvres sont mauvaises.
La troisième raison est l'injuste jalousie par laquelle les méchants envient les hommes justes lorsqu'ils les voient croître et devenir nombreux en bonté et en sainteté ; ainsi les Égyptiens, voyant croître les fils d'Israël, les avaient en haine et les persécutaient ; et selon la Genèse, les frères de Joseph, voyant qu'il était plus aimé qu'eux tous, l'avaient pris en haine.