Jean 15, 15

Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.

Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.
Pape Francois
1. « Il nous a aimés » dit saint Paul, en parlant du Christ (Rm 8, 37), nous faisant découvrir que rien « ne pourra nous séparer » (Rm 8, 39) de son amour. Il l’affirme avec certitude car le Christ l’a dit lui-même à ses disciples : « Je vous ai aimés » (Jn 15, 9.12). Il a dit aussi : « Je vous appelle amis » (Jn 15, 15). Son cœur ouvert nous précède et nous attend inconditionnellement, sans exiger de préalable pour nous aimer et nous offrir son amitié : « Il nous a aimés le premier » (1 Jn 4, 19). Grâce à Jésus, « nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru » (1 Jn 4, 16).

34. Selon l’Évangile, Jésus est venu chez les siens (cf. Jn 1, 11). Il ne nous traite pas comme des étrangers, par conséquent nous sommes les siens. Il nous considère comme un bien propre sur lequel il veille avec soin, avec affection. Il nous traite comme les siens. Cela ne signifie pas que nous serions ses esclaves, et lui-même le dit : « Je ne vous appelle plus serviteurs » (Jn 15, 15). Il nous propose l’appartenance réciproque des amis. Il est venu, Il a franchi toutes les distances, Il s’est fait proche de nous dans les choses les plus simples et les plus quotidiennes de l’existence. L’autre nom qu’il porte, “Emmanuel”, signifie en effet “Dieu avec nous”, Dieu proche de notre vie, vivant parmi nous. Le Fils de Dieu s’est incarné et s’est « anéanti lui-même, prenant la condition d’esclave » (Ph 2, 7).
Catéchisme de l'Église catholique
La Loi nouvelle est appelée une loi d’amour parce qu’elle fait agir par l’amour qu’infuse l’Esprit Saint plutôt que par la crainte ; une loi de grâce, parce qu’elle confère la force de la grâce pour agir par le moyen de la foi et des sacrements ; une loi de liberté (cf. Jc 1, 25 ; 2, 12) parce qu’elle nous libère des observances rituelles et juridiques de la Loi ancienne, nous incline à agir spontanément sous l’impulsion de la charité, et nous fait enfin passer de la condition du serviteur " qui ignore ce que fait son Maître " à celle d’ami du Christ, " car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître " (Jn 15, 15), ou encore à la condition de fils héritier (cf. Ga 4, 1-7. 21-31 ; Rm 8, 15).

La vertu de chasteté s’épanouit dans l’amitié. Elle indique au disciple comment suivre et imiter Celui qui nous a choisis comme ses propres amis (cf. Jn 15, 15), s’est donné totalement à nous et nous fait participer à sa condition divine. La chasteté est promesse d’immortalité.
Pape Saint Jean-Paul II
Les Pères du Concile Vatican II, fixant leur regard sur Jésus qui révèle, ont mis en lumière le caractère salvifique de la révélation de Dieu dans l'histoire et ils en ont exprimé la nature dans les termes suivants: « Par cette révélation, le Dieu invisible (cf. Col 1, 15; 1 Tm 1, 17), dans son amour surabondant, s'adresse aux hommes comme à des amis (cf. Ex 33, 11; Jn 15, 14-15) et est en relation avec eux (cf. Ba 3, 38), pour les inviter à la vie en communion avec lui et les recevoir en cette communion. Cette économie de la Révélation se réalise par des actions et des paroles intrinsèquement liées entre elles, si bien que les œuvres, accomplies par Dieu dans l'histoire du salut, manifestent et corroborent la doctrine et les réalités signifiées par les paroles, et que les paroles, de leur côté, proclament les œuvres et élucident le mystère qui y est contenu. Par cette révélation, la vérité profonde sur Dieu aussi bien que sur le salut de l'homme se met à briller pour nous dans le Christ, qui est à la fois le Médiateur et la plénitude de toute la Révélation ».

«L'Esprit de Dieu», qui, selon la description biblique de la création, «planait sur les eaux»130, désigne le même «Esprit qui sonde les profondeurs de Dieu»: il sonde les profondeurs du Père et du Verbe-Fils dans le mystère de la création. Non seulement il est le témoin direct de leur amour réciproque, d'où est issue la création, mais il est lui-même cet Amour. Lui-même, comme Amour, est l'éternel don incréé. En lui se trouve la source et le commencement de tout don fait aux créatures. Le témoignage du commencement, que nous trouvons dans toute la Révélation, dès le Livre de la Genèse, est clair et ne varie pas sur ce point. Créer veut dire appeler à l'existence à partir du néant; créer signifie donc donner l'existence. Et si le monde visible est créé pour l'homme, c'est donc à l'homme que le monde est donné. Simultanément, l'homme reçoit comme don, dans son humanité, une particulière «image et ressemblance» de Dieu. Cela signifie non seulement que la nature humaine possède d'une manière constitutive la rationalité et la liberté, mais aussi que, depuis le commencement, l'homme est capable d'un rapport personnel avec Dieu, comme «je» et «tu», et donc qu'il est capable d'une alliance, qui sera établie grâce à la communication salvifique que Dieu fait de lui-même à l'homme. Enfin, avec en arrière-plan l'«image et ressemblance» de Dieu, «le don de l'Esprit» signifie appel à l'amitié dans laquelle les transcendantes «profondeurs de Dieu» s'ouvrent, en quelque sorte, à la participation de l'homme. Le Concile Vatican II enseigne que «le Dieu invisible (cf. Col 1, 15; 1 Tm 1, 17) s'adresse aux hommes en son immense amour ainsi qu'à des amis (cf. Ex 33, 11; Jn 15, 14-15), il s'entretient avec eux (cf. Ba 3, 38) pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie».
Concile œcuménique
Il a plu à Dieu dans sa bonté et sa sagesse de se révéler en personne et de faire connaître le mystère de sa volonté (cf. Ep 1, 9) grâce auquel les hommes, par le Christ, le Verbe fait chair, accèdent dans l’Esprit Saint, auprès du Père et sont rendus participants de la nature divine (cf. Ep 2, 18 ; 2 P 1, 4). Par cette révélation, le Dieu invisible (cf. Col 1, 15 ; 1 Tm 1, 17) s’adresse aux hommes en son surabondant amour comme à des amis (cf. Ex 33, 11 ; Jn 15, 14-15), il s’entretient avec eux (cf. Ba 3, 28) pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie. Pareille économie de la Révélation comprend des actions et des paroles intimement liées entre elles, de sorte que les œuvres, accomplies par Dieu dans l’histoire du salut, attestent et corroborent et la doctrine et le sens indiqués par les paroles, tandis que les paroles proclament les œuvres et éclairent le mystère qu’elles contiennent. La profonde vérité que cette Révélation manifeste, sur Dieu et sur le salut de l’homme, resplendit pour nous dans le Christ, qui est à la fois le Médiateur et la plénitude de toute la Révélation.

Coopérateurs avisés de l’ordre épiscopal dont ils sont l’aide et l’instrument, appelés à servir le Peuple de Dieu, les prêtres constituent, avec leur évêque, un seul presbyterium aux fonctions diverses. En chaque lieu où se trouve une communauté de fidèles, ils rendent d’une certaine façon présent l’évêque auquel ils sont associés d’un cœur confiant et généreux, assumant pour leur part ses charges et sa sollicitude, et les mettant en œuvre dans leur souci quotidien des fidèles. Sanctifiant et dirigeant, sous l’autorité de l’évêque, la portion du troupeau du Seigneur qui leur est confiée, c’est l’Église universelle qu’ils rendent visible aux lieux où ils sont, et c’est le Corps entier du Christ à l’édification duquel (cf. Ep 4, 12) ils contribuent efficacement. Sans cesse tendus vers ce qui est le bien des fils de Dieu, ils doivent mettre leur zèle à contribuer aussi à l’œuvre pastorale du diocèse entier, bien mieux, de toute l’Église. En raison de cette participation au sacerdoce et à la mission de leur évêque, les prêtres doivent reconnaître en lui leur père et lui obéir respectueusement. L’évêque, lui, doit considérer les prêtres, ses coopérateurs, comme des fils et des amis, tout comme le Christ appelle ses disciples non plus serviteurs, mais amis (cf. Jn 15, 15). Tous les prêtres, par conséquent, tant diocésains que religieux, en raison de l’ordre et du ministère, sont articulés sur le corps des évêques et, selon leur vocation et leur grâce, sont au service du bien de l’Église entière.
Louis-Claude Fillion
Le divin Maître insiste sur ce nom d’amis, dont il relève la dignité, la beauté. D’une part, il montrera ainsi combien ses disciples lui sont redevables, à lui qui les a choisis par pure bonté ; d’autre part, ce sera un argument très fort pour sa thèse (verset 12) : ceux qu’il a tant aimés, confondus dans une même affection, ne devront-ils pas s’entr’aimer mutuellement à leur tour ? Ce qu’il a fait pour eux, il faut qu’ils le reproduisent les uns pour les autres. - Je ne vous (avec emphase : vous, mes disciples de prédilection) appellerai plus serviteurs. A différentes reprises, Jésus avait donné aux apôtres ce nom (cf. 12, 26 ; 13, 13), qui exprimait fort bien la nature de leurs relations à son égard, et qu’ils continuèrent longtemps de prendre eux-mêmes comme un titre de gloire (Cf. Rom. 1, 10 ; 2 Petr. 1, 1 ; Apoc. 1, 1, etc.) : mais il daigne affirmer qu’il ne leur convient plus aussi bien désormais. - Et il s’explique : Le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ( inversion grecque pleine d’emphase, « son maître », le maître dont il dépend). En effet, un serviteur n’est point admis à l’intimité. Il ne voit que l’extérieur de la conduite de son maître ; mais il en ignore les motifs secrets, les desseins. Il est lui-même un simple instrument, que l’on paie et dont on use pour son argent. - Mais je vous ai appelés... Antithèse très forte : il n’en est pas ainsi de vous, qui êtes admis aux secrets les plus intimes de votre maître. - Amis. Remarquez le parfait : le titre d’amis est à tout jamais confirmé aux disciples. Jésus le leur avait adressé déjà avant cette circonstance (Cf. Luc. 12, 4), mais point avec la solennité et la vigueur du moment actuel. - Parce que introduit de nouveau le motif. - Tout ce que... Le serviteur ne sait pas ce « tout » sans exception, car l’on dit tout à un ami intime. Sans doute, un peu plus loin (16, 12), Notre-Seigneur dira qu’il aurait encore beaucoup à ajouter pour que l’instruction des apôtres fût parfaite ; mais sa réflexion portera sur le développement de ses révélations antérieures, et non sur des révélations nouvelles. Voyez 14, 26 et le commentaire. Ils connaissent l’essentiel, tout ce qu’ils étaient alors en état de porter. - … J’ai appris de mon Père. Cf. 6, 26, 28 et l’explication. - Je vous l’ai fait connaître. En un mot, Jésus a témoigné à ses disciples la plus entière confiance ; il les a réellement traités en amis. - Notez le rythme solennel qui règne dans ce verset : le parallélisme est aussi parfait que possible. Je ne vous appellerai plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Mais je vous ai appelés amis, parce que tout ce que j'ai appris de mon Père, je vous l'ai fait connaître.