Jean 12, 42
Cependant, même parmi les chefs du peuple, beaucoup crurent en lui ; mais, à cause des pharisiens, ils ne le déclaraient pas publiquement, de peur d’être exclus des assemblées.
Cependant, même parmi les chefs du peuple, beaucoup crurent en lui ; mais, à cause des pharisiens, ils ne le déclaraient pas publiquement, de peur d’être exclus des assemblées.
Parmi les autorités religieuses de Jérusalem, non seulement il s’est trouvé le pharisien Nicodème (cf. Jn 7, 52) ou le notable Joseph d’Arimathie pour être en secret disciples de Jésus (cf. Jn 19, 38-39), mais il s’est produit pendant longtemps des dissensions au sujet de Celui-ci (cf. Jn 9, 16-17 ; 10, 19-21) au point qu’à la veille même de sa passion, S. Jean peut dire d’eux qu’" un bon nombre crut en lui ", quoique d’une manière très imparfaite (Jn 12, 42). Cela n’a rien d’étonnant si l’on tient compte qu’au lendemain de la Pentecôte " une multitude de prêtres obéissait à la foi " (Ac 6, 7) et que " certains du parti des Pharisiens étaient devenus croyants " (Ac 15, 5) au point que S. Jacques peut dire à S. Paul que " plusieurs milliers de Juifs ont embrassé la foi et ce sont tous d’ardents partisans de la Loi " (Ac 21, 20).
Cependant. La formule très classique Ὅμως μέντοι introduit une sorte de rectification aux
lignes qui précèdent. Dans le judaïsme, Jésus avait trouvé un certain nombre d'adhérents parmi les classes
dirigeantes. Il est vrai qu'aussitôt après avoir rappelé ce fait, S. Jean sera tristement obligé de se reprendre
encore, pour dire combien avait été faibles des croyances qui avaient rougi de se manifester au dehors. -
Même parmi les chefs. La conjonction est emphatique : même parmi les membres du Sanhédrin. Ce sont, en
effet, les Sanhédristes qui sont désignés par l'expression ἀρχόντω. Cf. 3, 1 ; 7, 48, etc. - Beaucoup crurent...
Pas seulement Nicodème et Joseph d'Arimathie, mais un grand nombre. Voyez le commentaire de 3, 1. -
Mais à cause des pharisiens. Les pharisiens formaient, dans le Sanhédrin et en dehors de cette assemblée, un
parti puissant qui fut, dès le début, comme le montrent si bien les divers récits évangéliques, acharné contre
N.-S. Jésus-Christ. C'est en pure perte que M. Cohen, dans l'ouvrage intitulé Les Pharisiens, Paris, 1877, a
voulu prétendre le contraire ; ses démonstrations sont en opposition directe et constante avec l'histoire. - Ils
n’osaient pas le reconnaître. De nouveau l'imparfait de la durée, pour marquer une habitude. - Pour n’être
pas chassés de la synagogue. Motif pour lequel ces membres du grand Conseil, gardaient leur foi secrète ; ils
redoutaient l'excommunication. L'expression pittoresque ἀποσυνάγωγοι n'est employée que par S. Jean dans
le Nouveau Testament (ici, 9, 12 et 16, 12). - La réflexion de l'évangéliste soulève un coin du voile qui
recouvrait le judaïsme d'alors et nous révèle une plaie des plus profondes. Les âmes étaient courbées sous le
joug pharisaïque, qui produisait partout la lâcheté, l'hypocrisie.