Jean 12, 38
Ainsi s’accomplissait la parole dite par le prophète Isaïe : Seigneur, qui a cru ce que nous avons entendu ? À qui la puissance du Seigneur a-t-elle été révélée ?
Ainsi s’accomplissait la parole dite par le prophète Isaïe : Seigneur, qui a cru ce que nous avons entendu ? À qui la puissance du Seigneur a-t-elle été révélée ?
Afin que
s’accomplît... C'est pour la première fois que nous trouvons dans le récit de S. Jean cette formule si
fréquemment employée par S. Matthieu (voyez la page 45 de notre commentaire) ; elle reviendra plus loin à
différentes reprises : 13, 18 ; 15, 25 ; 17, 12 ; 18, 9, 32 ; 19, 24, 26. Elle caractérise les deux évangiles qui se
rapprochent le plus du genre hébreu dans leur mode de composition, et qui rattachent plus souvent que les
autres l'Ancien Testament au Nouveau. - Afin que a parfois très fâcheusement, par suite d’un faux scrupule,
été traduit comme s'il équivalait à « de sorte que ». Non, l'évangéliste se représentait en réalité
l'endurcissement de ses compatriotes comme une chose nécessaire. Dieu l'avait prévu, l'ayant prévu il l'avait
annoncé par ses prophètes, et ce que Dieu prédit arrive infailliblement, quoique la liberté des agents
secondaires ne soit en rien lésée. « Comme toi, avec ta mémoire, tu ne rends pas obligatoire l’existence des
choses passées, ainsi Dieu, par sa pré-science, ne contraint pas à exister les choses qui seront dans le futur. »
S. Aug. Du libre arbitre lib. 3, c. 4. Cf. Patrizi, De evangel. lib. 3, dissert. 15, n. 55. - La parole du prophète
Isaïe. Pléonasme emphatique, pareillement usité chez les meilleurs auteurs grecs et latins. Il s'agit du célèbre
passage 53, 1, que les Juifs ont toujours appliqué au Messie, et dont S. Paul, Rom. 10, 16, fait un emploi
identique à celui de S. Jean. Il est assez exactement cité d'après la traduction des Septante. Suivant
l'interprétation qui a nos préférences, le prophète, au nom des Israélites de l'avenir convertis à la vraie foi,
confesse humblement l'incrédulité des contemporains du « Serviteur de Dieu », ou du Messie. Voyez le
commentaire de F. Delitzsch, h. l. Selon d'autres, c'est Isaïe lui-même qui se plaindrait à Dieu de l'insuccès
de son ministère prophétique. Au fond, du reste, peu importe pour le sens et l'application de l'oracle. -
Seigneur est omis soit dans le texte hébreu, soit dans les Septante. - Qui a cru… ? Avec la signification de
« personne n'a cru », tant le nombre des croyants devait être restreint, absolument et relativement. - A ce que
nous faisons entendre : à ce que nous avons entendu, à la bonne nouvelle que nous avons reçue du Christ ; ou
bien, si l'on aime mieux adopter la seconde interprétation donnée ci-dessus : à l’annonce que j'ai apportée,
moi prophète. - Et à qui le bras du Seigneur... Même pensée, d'après le parallélisme hébraïque, mais avec
une forte image pour mieux déterminer la culpabilité des incrédules. On avait tant de raisons pour croire !
Les œuvres merveilleuses produites par le bras divin avaient été si nombreuses ! et ces œuvres étaient
précisément les miracles si nombreux (cf. v. 37) de N.-S. Jésus-Christ. Sur l'expression « le bras du
Seigneur », voyez encore, dans l'Ancien Testament, Sagesse 5, 16 ; 11, 21 ; Is. 51, 5 ; 52, 10 ; Bar. 2, 11 ;
dans le Nouveau, Luc. 1, 51 ; Act. 13, 17. - A qui a-t-il été révélé ? L'interrogation a le même sens que
pour « qui a cru ». II s'était magnifiquement révélé, ce bras tout-puissant ; mais les Juifs avaient fermé les
yeux pour ne pas le voir.