Jean 12, 3
Or, Marie avait pris une livre d’un parfum très pur et de très grande valeur ; elle versa le parfum sur les pieds de Jésus, qu’elle essuya avec ses cheveux ; la maison fut remplie de l’odeur du parfum.
Or, Marie avait pris une livre d’un parfum très pur et de très grande valeur ; elle versa le parfum sur les pieds de Jésus, qu’elle essuya avec ses cheveux ; la maison fut remplie de l’odeur du parfum.
La livre valait 326 grammes. Les vases à parfum trouvés à Saïda peuvent contenir plus d’une livre de parfum.
Alors Marie. « une femme », disent vaguement les autres narrateurs ; S. Jean
mentionne seul le nom de Marie : au reste, il venait de nommer les deux autres membres de la famille tant
aimée de Jésus ; pouvait-il ne pas désigner nommément aussi Marie, qui allait assumer le plus beau rôle dans
ce festin ? La seconde sœur du ressuscité veut, comme la première, témoigner son affectueuse
reconnaissance au thaumaturge, mais d'une autre façon, plus conforme à son caractère. Cf. Luc. 10, 39, 42, et
les commentaires. - Prit un demi-litre : ce détail encore appartient en propre à notre évangéliste ; les autres
n'indiquent pas la quantité du parfum. Cette quantité était relativement considérable, car le poids que les
Romains appelaient « livre » (λίτραν dans le texte grec ; le Talmud emploie ce même nom, sous la forme
,Cf. Buxtorf, Lexie. s. v.) équivalait à douze onces, c'est-à-dire à 326 grammes. Voyez Vigouroux . ארטיל
Manuel biblique, t. 1, p. 242 de la 4e édit. Mais l'affection ne calcule pas, elle est au contraire volontiers
généreuse et prodigue. - Parfum de vrai nard. « Unguentum » (μυρου) est un terme générique pour parfum,
essence ; les mots suivants précisent l'espèce de parfum. S. Marc dit aussi, 14 3, que ce fut le nard, cet
« ingrédient principal des parfums », comme l'appelle Pline (Hist. nat., 12, 26), qui servit à l'onction de
Marie. Voyez l'Évang. selon S. Marc, p. 190, et notre Atlas d'histoire naturelle de la Bible, p. 24 et pl. 24, fig.
9 ; pl. 25, fig. 1. Nous avons également expliqué à propos du même passage de S. Marc l'épithète « pistici »,
calquée sur le grec πιστικῆς (mot rare) et probablement synonyme de pur, « non modifié » (« nard pur »,
Tibulle. Eschyle parle de nard αδολος, Agam. 95 ; Pline de nard « sincère »). La Vulgate l'avait traduit dans
S. Marc par « spicati ». Ce parfum précieux (nous aurons bientôt un commentaire pittoresque de l'adjectif
précieux), réduit à l'état liquide, avait été mis dans un vase d'albâtre hermétiquement fermé. Cf. Matth. 26, 7
et parall. - Et le répandit sur les pieds de Jésus. « Ayant cassé le vase d’albâtre », dit S. Marc. Jésus étant
couché sur un divan à la manière orientale, les pieds en dehors, il fut aisé à Marie de pratiquer son onction
sainte. Voyez l'Évangile selon S. Luc, p.161, et notre Atlas archéologique de la Bible, pl. 18, lig. 9, 12.
D'après les synoptiques, ce fut la tête du divin Maître qui fut parfumée ; S. Jean se borne à signaler la
circonstance la plus extraordinaire, l'onction des pieds. Il n'y a pas le moins du monde contradiction, mais les
narrateurs se complètent, et, en faisant la synthèse, on a le fait dans son intégrité. - Et les essuya avec ses
cheveux (ce mot est répété emphatiquement) : comme l'avait fait autrefois la « pécheresse » (Luc. 7, 36- 50),
qui très probablement ne différait pas de Marie, sœur de Lazare. Voyez l'Évangile selon S. Luc, p. 162, 166 et 167. On comprend mieux, dans cette hypothèse, ce qu'il y a de surprenant dans ces démonstrations, dans la
dernière surtout, puisqu'elles proviendraient d'une seule et même personne. - Et la maison fut remplie de
l’odeur du parfum. Détail extrêmement pittoresque, propre à S. Jean et révélant le témoin oculaire, car de
pareils traits ne s'inventent pas.