Jean 12, 29

En l’entendant, la foule qui se tenait là disait que c’était un coup de tonnerre. D’autres disaient : « C’est un ange qui lui a parlé. »

En l’entendant, la foule qui se tenait là disait que c’était un coup de tonnerre. D’autres disaient : « C’est un ange qui lui a parlé. »
Louis-Claude Fillion
La foule... Note historique intercalée par l'évangéliste ; tout y atteste le témoin oculaire. - Qui était présente est pittoresque. - Et qui avait entendu : ce verbe, comme le précédent, s'applique à la foule entière. Tous les assistants avaient donc entendu un bruit venu du ciel, quoique il y eut parmi eux différentes opinions pour le caractériser. Les uns, en effet, disaient que c’était un coup de tonnerre. D'autres, qui avaient entendu plus ou moins distinctement des sons articulés, disaient : C’est un ange qui lui a parlé. Ce second sentiment était en pleine conformité avec les idées juives d'alors, d'après lesquelles on voyait un peu partout les anges comme servant d'intermédiaires entre Dieu et les hommes. Voyez aussi Is. 6, 4 ; Zach. 10, 6, etc. - D'où provenait cette étonnante variété d'interprétations ? Peut être, comme on l'a dit souvent à la suite de S. Jean Chrysostome, des dispositions subjectives de chacun des assistants. « En tant qu'elle était une révélation du monde spirituel, la voix céleste ne pouvait être reconnue selon sa vraie nature que par l'oreille de l'esprit. Là où il existait une insensibilité totale pour les choses spirituelles, l'impression d'un bruit sourd produit à l'extérieur put bien frapper les assistants, mais ils n'en comprirent pas le sens ; voilà pourquoi ils le comparèrent seulement au tonnerre, à cause de l'analogie qu'ils y avaient trouvée. Les âmes plus sensibles... comprirent que quelqu'un parlait à Jésus, et ils attribuèrent à un ange la voix qu'ils entendaient. Seuls, les témoins vraiment illuminés d'en haut, les apôtres, entendirent distinctement les paroles » Bisping (d'après Olshausen). On peut alléguer à l'appui de ce sentiment les passages Act. 9, 4, 7 ; 22, 9, où S. Paul est seul à comprendre les paroles que lui adressait Jésus, tandis que ses compagnons ne percevaient que des sons confus. Voyez aussi Apoc. 4, 5 ; 8, 5 ; 16, 18, où des voix et des roulements de tonnerre retentissent ensemble. Quant « à faire du tonnerre la réalité et transformer la voix et les paroles en pure imagination, c'est substituer une explication arbitraire au sens très limpide du récit évangélique ». Plummer, h. l. Et pourtant les rationalistes se sont empressés de faire cette transformation afin d'éliminer le miracle, et plus d'un commentateur croyant a eu la faiblesse de les suivre par un esprit de concession non moins dangereux qu'inutile. Sur la fameuse théorie juive de la Bath-Qôl ( לום־תב ), c'est-à- dire du tonnerre jouant le rôle de la voix de Dieu, voyez Lightfoot, Horæ hebr. et talm. h. l. ; elle n'a du reste rien à faire pour l'explication de ce passage.