Jean 12, 27
Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci !
Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci !
Ce désir d’épouser le dessein d’amour rédempteur de son Père anime toute la vie de Jésus (cf. Lc 12, 50 ; 22, 15 ; Mt 16, 21-23) car sa passion rédemptrice est la raison d’être de son Incarnation : " Père, sauve-moi de cette heure ! Mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure " (Jn 12, 27). " La coupe que m’a donnée le Père ne la boirai-je pas ? " (Jn 18, 11). Et encore sur la croix avant que " tout soit accompli " (Jn 19, 30), il dit : " J’ai soif " (Jn 19, 28).
L'heure de notre rédemption. Bien qu'il soit profondément éprouvé, Jésus ne se dérobe pas face à son « heure »: « Que puis-je dire? Dirai-je: Père, délivre-moi de cette heure? Mais non! C'est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci! » (Jn 12, 27). Il désire que les disciples lui tiennent compagnie, et il doit au contraire faire l'expérience de la solitude et de l'abandon: « Ainsi, vous n'avez pas eu la force de veiller une heure avec moi? Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation » (Mt 26, 40-41). Seul Jean restera au pied de la Croix, à côté de Marie et des pieuses femmes. L'agonie à Gethsémani a été l'introduction de l'agonie sur la Croix le Vendredi saint. L'heure sainte, l'heure de la rédemption du monde. Quand on célèbre l'Eucharistie près de la tombe de Jésus, à Jérusalem, on revient d'une manière quasi tangible à son « heure », l'heure de la Croix et de la glorification. Tout prêtre qui célèbre la Messe revient en esprit, en même temps que la communauté chrétienne qui y participe, à ce lieu et à cette heure.
« Il a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts ».Aux paroles de la profession de foi font écho les paroles de la contemplation et de la proclamation: « Ecce lignum crucis in quo salus mundi pependit. Venite adoremus ». Telle est l'invitation que l'Église adresse à tous l'après-midi du Vendredi saint. Elle continuera à chanter ensuite durant le temps pascal en proclamant: « Surrexit Dominus de sepulcro qui pro nobis pependit in ligno. Alleluia ».
« Il a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts ».Aux paroles de la profession de foi font écho les paroles de la contemplation et de la proclamation: « Ecce lignum crucis in quo salus mundi pependit. Venite adoremus ». Telle est l'invitation que l'Église adresse à tous l'après-midi du Vendredi saint. Elle continuera à chanter ensuite durant le temps pascal en proclamant: « Surrexit Dominus de sepulcro qui pro nobis pependit in ligno. Alleluia ».
Marie est présente à Cana de Galilée en tant que Mère de Jésus et il est significatif qu'elle contribue au «commencement des signes» qui révèlent la puissance messianique de son Fils: «Or il n'y avait plus de vin. La Mère de Jésus lui dit: "Ils n'ont pas de vin". Jésus lui dit: "Que me veux-tu, femme? Mon heure n'est pas encore arrivée"» (Jn 2, 3-4). Dans l'Evangile de Jean, cette «heure» signifie le moment fixé par le Père où le Fils accomplit son œuvre et doit être glorifié (cf. Jn 7, 30; 8, 20; 12, 23. 27; 13, 1; 17, 1; 19, 27). Même si la réponse de Jésus à sa Mère paraît s'entendre comme un refus (surtout si l'on considère, plus que la question, l'affirmation tranchante: «Mon heure n'est pas encore arrivée»), Marie ne s'en adresse pas moins aux servants et leur dit: «Tout ce qu'il vous dira, faites-le» (Jn 2, 5). Jésus ordonne alors aux servants de remplir d'eau les jarres, et l'eau devient du vin meilleur que celui qui avait été d'abord servi aux hôtes du banquet nuptial.
De ces glorieuses perspectives
d'avenir, nous passons tout à coup à la description d'un combat violent et douloureux, qui eut pour théâtre la
sainte âme de Jésus. Le ton devient tout à fait tragique. Voyez, Luc. 19, 41, et Joan. 13, 31, des mouvements
de passion aussi rapides dans le cœur de l'Homme-Dieu. Le discours du Sauveur se transforme en une sorte
de monologue, qui est entrecoupé à deux reprises par une courte prière à son Père céleste. Le style traduit ici
admirablement les émotions de N.-S. Jésus-Christ. - Mon âme... C'est de la ψυχή qu'il est question, non du
πνευμα (Cf. 11, 33) ; elle représente le siège de la sensibilité, des affections naturelles. Cf. Matth. 26, 36.
Jésus va nous faire lire jusqu'au plus profond de son âme humaine. - Est troublée. Un trouble qui provenait
de la claire vue de sa passion et de sa mort prochaine avait envahi subitement Notre-Seigneur, car la
générosité de son sacrifice ne l'empêchait pas d'en sentir la peine et les humiliations. Les paroles dont se sert
Jésus pour exprimer son ébranlement intérieur sont comme un écho du Ps. 6, vv. 4 et 5 (d'après la traduction
des Septante) : de toute mon âme, je tremble. Et toi, Seigneur, que fais-tu ? Reviens, Seigneur, délivre-moi,
sauve-moi en raison de ton amour ! Cf. Ps. 51, 6-7. « O Jésus, mon âme est troublée de votre trouble. O mon
Sauveur, par le trouble de votre sainte âme, guérissez le trouble de la mienne ». Bossuet, Médit. sur l'Evang.
Dern. Semaine, 12ème jour. - Et que dirai-je ? « C’est la voix d’un homme que le trouble de ses pensées
rend impuissant » (Maldonat, h. l.). Dans sa terrible angoisse, le Sauveur semble avoir éprouvé une sorte
d'embarras pour s'exprimer : il est en effet de vives douleurs qui paralysent momentanément l'âme humaine ;
de plus, c'étaient deux sentiments opposés qui luttaient dans le Cœur sacré de Jésus : « Allaient de pair
l’horreur de la mort et l’ardeur de l’obédience » (Bengel), et il n'était pas possible de trouver des termes
capables de les traduire en même temps : de là une douleur si intense. - Néanmoins, ces deux sentiments ne
tardent pas à se dégager tour à tour ; et en premier lieu celui de la crainte, énoncé sous la forme d'une
pressante prière : Père (cri filial et confiant) délivrez-moi de cette heure. « Cette heure », c'est, comme en
maint autre endroit de l'évangile, la Passion désormais prochaine du Messie. Cf. 13, 1 ; 17, 1. Où est,
demanderons-nous, le Christ impassible et toujours serein que les rationalistes prétendent voir dans la
narration de S. Jean, pour l'opposer au « Christ souffrant » des synoptiques (voyez nos Essais d'exégèse,
Lyon 1884, p. 111) ? S. Jean omet l'agonie de Gethsémani ; mais n'en raconte-t-il pas ici le prélude,
l'avant-goût amer, où nous voyons les choses se passer absolument de la même manière et dans le même
ordre que dans la douloureuse scène du jardin : la plainte, la prière, l'acte de résignation ? L'accord est au
contraire parfait entre les divers récits, qui se complètent mutuellement, puisque S. Jean nous montre que
l'agonie de Jésus ne se borna pas à Gethsémani. - Plusieurs exégètes anciens et modernes, entre autres S.
Jean Chrysostome, Théophylacte, Grotius, Jansénius, Tholuck, A. Maier, etc.. adoptent une ponctuation
différente de celle que nous avons suivie d'après la Vulgate et la plupart des éditions grecques ; ils
traduisent : « Comment dirais-je : Mon Père, sauvez-moi de cette heure ? ». Cette interprétation est peu
vraisemblable, et elle semble heurter les lois psychologiques ; sans compter qu'elle rend la pensée bien terne.
On ne comprend guère que N.-S. Jésus-Christ se soit adressé une question pareille à celle-ci : Dois-je prier ?
- Mais... C'est le second sentiment qui va se faire jour. Jésus a déjà maîtrisé sa frayeur passagère ; il se
reprend donc, afin d'exprimer sa parfaite résignation aux volontés divines. Non, je ne puis prier ainsi, attendu
que c’est pour cela que je suis arrivé à cette heure. « Pour cela » se rapporte aux lignes qui précèdent : pour
soutenir ce combat de la passion, quelque rude qu'il soit, Jésus pourrait-il renier maintenant toute sa vie, dont
le Calvaire avait été le perpétuel objectif ?