Jean 10, 5
Jamais elles ne suivront un étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. »
Jamais elles ne suivront un étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. »
La connexion entre la vision et l’écoute, comme organes de connaissance de la foi, apparaît avec la plus grande clarté dans l’Évangile de Jean. Selon le quatrième Évangile, croire c’est écouter et, en même temps, voir. L’écoute de la foi advient selon la forme de connaissance qui caractérise l’amour : c’est une écoute personnelle, qui distingue la voix et reconnaît celle du Bon Pasteur (cf. Jn 10, 3-5) ; une écoute qui requiert la sequela, comme cela se passe avec les premiers disciples qui, « entendirent ses paroles et suivirent Jésus » (Jn 1, 37). D’autre part, la foi est liée aussi à la vision. Parfois, la vision des signes de Jésus précède la foi, comme avec les juifs qui, après la résurrection de Lazare, « avaient vu ce qu’il avait fait, crurent en lui » (Jn 11, 45). D’autres fois, c’est la foi qui conduit à une vision plus profonde : « si tu crois, tu verras la gloire de Dieu » (Jn 11, 40). Enfin, croire et voir s’entrecroisent : « Qui croit en moi (…) croit en celui qui m’a envoyé ; et qui me voit, voit celui qui m’a envoyé » (Jn 12, 44-45). Grâce à cette union avec l’écoute, la vision devient un engagement à la suite du Christ, et la foi apparaît comme une marche du regard, dans lequel les yeux s’habituent à voir en profondeur. Et ainsi, le matin de Pâques, on passe de Jean qui, étant encore dans l’obscurité devant le tombeau vide, « vit et crut » (Jn 20, 8) ; à Marie de Magdala qui, désormais, voit Jésus (cf. Jn 20, 14) et veut le retenir, mais est invitée à le contempler dans sa marche vers le Père ; jusqu’à la pleine confession de la même Marie de Magdala devant les disciples : « j’ai vu le Seigneur ! » (cf. Jn 20, 18).
Elles ne suivent pas un étranger (même opposition qu'au v.
2). La négation est très forte dans le texte grec, ou l'on remarque aussi l'emploi du futur : οὐ μὴ
ἀκολουθήσωσιν, jamais elles ne le suivront ! Cf. 4, 14, 48 ; 6, 35, 37 ; 8, 12, 51, 52, etc. Et pourtant cet
étranger n'est pas ici nécessairement un voleur ; mais il n'est pas le berger, et les brebis sont inquiètes, et
elles le fuient (encore le futur dans le grec, και φεύξονται). - Car elles ne connaissent pas la voix des
étrangers. Cf. v. 4. « En Orient, le berger rappelle de temps en temps aux brebis sa présence en poussant
un cri aigu. Elles connaissent sa voix et le suivent ; mais si un étranger pousse ce même cri, elles s'arrêtent
net et lèvent la tête avec alarme : si ce cri est répété, elles se retournent et prennent la fuite, car elles ne
connaissent point la voix d'un étranger. Cela n'est point un ornement d'imagination dans l'allégorie ; c'est
un simple fait ». Thomson, The Land and the Book, p. 205. On raconte qu'un Écossais qui visitait la
Palestine changea d'habits avec un berger de Jérusalem, et essaya d'entraîner les brebis à sa suite. Mais le
troupeau se mit à suivre la voix du vrai berger, non ses habits. Plummer, h. l.