Jean 10, 22

Alors arriva la fête de la dédicace du Temple à Jérusalem. C’était l’hiver.

Alors arriva la fête de la dédicace du Temple à Jérusalem. C’était l’hiver.
Fulcran Vigouroux
Voir 1 Machabées, 4, vv. 56, 59. ― « La fête de la dédicace remontait à l’an 164, où Judas Machabée, ayant délivré Jérusalem, avait brisé l’idole de Jupiter Olympien, placée dans le sanctuaire, et purifié le temple des profanations commises trois ans auparavant par Antiochus Epiphane. Elle durait huit jours et se célébrait à l’entrée de l’hiver, comme saint Jean en fait la remarque pour ses lecteurs, étrangers à la Judée. » (L. BACUEZ.)
Louis-Claude Fillion
1° Circonstances de temps. Les manuscrits B, L, 33, et plusieurs versions, portent Ἐγένετο τοτε « alors eurent lieu », au lieu de Or on faisait ( δὲ), ce qui rattacherait tout le présent passage (vv. 22-42) au récit 9, 1-10, 21. Plusieurs critiques, adoptant cette liaison, en déduisent que le miracle relatif à l'aveugle-né aurait eu lieu seulement pour la fête de la Dédicace. Déduction qui tombe avec sa base, car la vraie leçon est certainement celle de la Vulgate (d'après la plupart des documents antiques). - La Dédicace, ou Encénies : mot latin calqué sur le grec τὰ Ἐγκαίνια, qui signifie « renouvellement », et, dans le langage sacré, « dédicace ». Cf. 3 Reg. 8, 63 ; 2 Par. 7, 5 ; Esdr. 6, 16, dans la traduction des Septante. On appelait ainsi une fête relativement moderne, instituée l'an 164 avant J.-C. par Judas Machabée, pour célébrer le souvenir de la purification solennelle du Temple, après la profanation sacrilège d'Antiochus Épiphane Cf. 1 Mach. 1, 20-60 ; 4, 36-59 ; 2 Mach. 10, 1-8 ; Josèphe, Ant. 12 7,7. On la nommait aussi la fête des Lumières, ou simplement les Lumières, τα φωτα, à cause des illuminations joyeuses qui l'accompagnaient partout. Son nom hébreu était et est encore Chanoukah (הכנח , de ךנח , consacrer), car les Israélites n'ont pas cessé de la solenniser joyeusement chaque année. Voyez E. Coypel, Le Judaïsme, esquisses des mœurs juives, p. 224 et ss. - A Jérusalem. La Dédicace pouvait se célébrer en tous lieux et n'exigeait pas, comme la Pâque, la Pentecôte et la fête des Tabernacles, un pèlerinage spécial au centre du culte juif. Cette mention de la Ville sainte suppose que Jésus avait dû quitter Jérusalem après la dernière solennité, et qu'il y était ensuite revenu. La haine maintenant si vive de ses adversaires ne lui permettait pas d'y résider longuement, sans courir des dangers qui auraient avancé l'heure voulue par son Père. Cf. 7, 33, 44 ; 8, 59. Peut-être retourna-t-il en Galilée. Voyez notre Synopsis evangelica, p. 73 et ss., et en sens contraire, Patrizi, De Evang. lib. 2, annot. 100 et 101. - Et c’était l’hiver. La conjonction καὶ manque dans א, B, D, L, X, etc. ; elle a été probablement ajoutée. On était en effet en plein hiver, car la Dédicace commençait le 25 cislev, c'est-à-dire dans la seconde moitié de décembre. Comme la fête des Tabernacles avait lieu en octobre (voyez 7, 2 et le commentaire), il existe entre les versets 21 et 22 du chap. 10 une lacune d'environ deux mois. La note c’était l’hiver est, d'après l'hypothèse la plus naturelle, un détail écrit pour les lecteurs non initiés aux coutumes du judaïsme. D'après S. Cyrille et d'autres interprètes, elle aurait pour but d'expliquer pourquoi Jésus se tenait à l'abri sous les portiques du temple, ainsi qu'il est dit au verset suivant.