Matthieu 2, 2
et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
Dès lors que l'on vit sous la loi de la fatalité, il est inutile de prier, la providence de Dieu est bannie du monde aussi bien que la piété, l'homme n'est plus qu'un instrument dépendant du cours des astres, car dans leur pensée, les mouvements des corps célestes déterminent non seulement les actions du corps, mais encore les pensées de l'âme. Ainsi tous ceux en général qui soutiennent cette erreur, détruisent tout ce qui est en nous, et la nature de tout être contingent. Et qu'est-ce autre chose que le renversement de tout ce qui existe ? Ou sera désormais le libre arbitre ? Il faut cependant que ce qui est en nous soit libre.
On rapporte que des brigands iduméens étant entrés dans la ville d'Ascalon, emmenèrent Antipater avec d'autres captifs. Antipater fut donc élevé dans la religion des Iduméens. Plus tard il se lia d'amitié avec Hircan, roi de la Judée, qui l'envoya en ambassade auprès de Pompée, et comme il réussit dans cette mission, il reçut en récompense une partie de son royaume. Après la mort d'Antipater un sénatus-consulte rendu sous le triumvir Antoine déclara son fils Hérode roi des Juifs. Il est donc évident qu'Hérode ne tenait par aucun lien à la nation juive et qu'il avait cherché à régner sur elle par l'intrigue et par le mensonge.
Examinons pour quel motif l'Évangéliste précise le temps de la naissance du Sauveur en ces termes : " Aux jours du roi Hérode. " Il veut ainsi prouver l'accomplissement de la prophétie de Daniel qui annonçait que le Christ naîtrait après soixante-dix semaines d'années, car depuis cette prophétie jusqu'aux jours d'Hérode, les soixante-dix semaines d'années s'étaient écoulées. Disons encore : Tant que le peuple juif fut gouverné par des rois de sa race quoique souvent bien coupables, Dieu envoyait des prophètes pour remédier à ses maux. Mais lorsque la loi de Dieu vint à tomber sous la puissance d'un roi infidèle et que la justice divine était comme opprimée par la domination romaine, le Christ parut sur la terre, car à un mal extrême et désespéré il fallait un médecin d'une science et d'une habileté consommées.
L'Évangéliste dit " du roi Hérode " pour le distinguer par ce titre de cet Hérode qui fit mettre à mort Jean-Baptiste.
Jésus étant donc né en ce temps-là, voici que des Mages vinrent, c'est-à-dire aussitôt sa naissance, pour reconnaître et proclamer un Dieu puissant sous les dehors d'un faible enfant.
Peut-être aussi sont-ils partis sous la conduite de l'étoile qui les précédait deux ans avant la naissance du Christ, sans que les provisions de bouche leur aient fait défaut pendant leur voyage.
Ou bien peut-être viennent-ils réellement de l'Orient. La foi prend naissance dans les contrées ou le jour se lève, parce qu'elle est la lumière des âmes. Ils partirent donc de l'Orient, mais pour venir à Jérusalem.
Les Priscillianistes qui prétendent que tous les hommes naissent sous l'influence de différentes constellations, cherchent un appui à leur erreur dans cette nouvelle étoile qui apparut à la naissance du Sauveur, et qui aurait été l'étoile de sa destinée.
Si un homme devient homicide ou adultère par l'influence d'une étoile, les étoiles sont grandement injustes, et plus grandement encore celui qui les a créées, car puisque Dieu connaît l'avenir, Il a prévu le mal que devait commettre cette étoile ; s'il n'a pas voulu le prévenir, il cesse d'être bon, et s'il l'a voulu sans le pouvoir, sa puissance est nulle. D'ailleurs s'il dépend d'une étoile que nous soyons bons ou mauvais, le bien que nous faisons ne mérite aucun éloge, ni le mal aucun blâme, car nos actions ne sont plus volontaires. Pourquoi serais-je puni d'un mal qui n'est pas le fruit de ma volonté, mais de la nécessité ? D'ailleurs cette doctrine insensée détruirait les commandements de Dieu qui nous défendent le mal, ou qui noua exhortent au bien. Comment en effet commander à un homme de fuir le mal qu'il ne peut éviter, ou de faire le bien qui lui est impossible ?
L'objet de l'astronomie n'est pas de demander aux astres quels sont ceux qui naissent, mais de conjecturer la destinée d'un homme par l'heure de sa naissance. Or les Mages ne connurent pas l'heure de la naissance du Christ, pour deviner par le mouvement des étoiles ses destinées futures ; tout au contraire nous les entendons dire : " Nous avons vu son étoile. "
Il est évident que cette étoile ne fut pas une de celles dont le ciel est parsemé, car il n'en est aucune dont le mouvement se dirige comme celle-ci du nord au midi, puisque telle est la position de la Perse par rapport à la Palestine. On peut encore le conclure du temps où elle apparut, car ce n'était pas seulement pendant la nuit, mais en plein jour qu'elle était visible, et aucune étoile, ni la lune même, n'ont une telle puissance. Une troisième preuve, c'est que tantôt elle brillait, tantôt elle disparaissait ; lorsque les Mages entrent à Jérusalem, elle se cache ; aussitôt qu'ils ont quitté le roi Hérode elle reparaît ; elle n'avait même pas de marche qui lui fût propre, elle allait quand les Mages se mettaient en marche, quand ils s'arrêtaient elle s'arrêtait, comme autrefois la colonne de nuée dans le désert. D'ailleurs ce n'est pas en restant dans les hauteurs des cieux, mais en descendant à la portée des yeux, qu'elle indiquait aux Mages le lieu où la Vierge avait enfanté, ce qui n'est pas le fait d'une étoile qui suit sa route ordinaire, mais d'une puissance intelligente ; d'où l'on peut conclure que cette étoile était une vertu invisible voilée sous l'apparence d'un astre visible.
Ignoraient-ils donc qu'Hérode régnait dans Jérusalem ? Ne savaient-ils pas que tout homme qui du vivant d'un roi prononce le nom d'un autre roi ou lui rend hommage, paie cette témérité de sa vie ? Mais, l'oeil fixé sur le roi de l'avenir, ils ne craignent pas celui qui règne actuellement ; ils n'avaient pas encore vu le Christ, et déjà ils étaient prêts à mourir pour lui. Heureux Mages, qui avant de connaître le Christ l'ont confessé en présence du plus cruel des tyrans !
Je pense que l'Évangéliste avait d'abord écrit comme nous le lisons dans l'hébreu, de Juda, au lieu de Judée ; car quelle autre ville du nom de Bethléem existe chez les autres peuples, pour qu'il ait cru devoir ajouter comme signe distinctif " de la Judée ? " On conçoit très bien au contraire qu'il dise : " de Juda, " parce qu'il y avait dans la Judée une autre Bethléem dont il est question au livre de Josué, fils de Navé (Js 19, 15).
C'est ainsi que les successeurs de Balaam apprirent par la prophétie l'apparition future de cette étoile. Mais on peut se demander comment les Mages habitant la Chaldée, la Perse, ou les extrémités de la terre, ils ont pu venir en si peu de temps à Jérusalem.
Saint Matthieu et saint Luc sont d'accord pour ce qui concerne la ville de Bethléem, mais saint Luc seul donne la raison et raconte les circonstances du voyage de Joseph et de Marie dans cette ville, tandis que saint Matthieu n'en dit mot. C'est le contraire pour les Mages qui vinrent d'Orient ; saint Luc n'en dit rien, saint Matthieu seul en parle.
Après ce miraculeux enfantement, où le sein d'une Vierge plein de la divinité mit au monde, sans perdre le sceau de son inviolable pureté, un homme-Dieu dans le réduit obscur d'une caverne, et sur le lit étroit d'une crèche, où l'infinie majesté reposait ses membres raccourcis ; pendant qu'un Dieu était suspendu au sein d'une mère mortelle et enveloppé de misérables langes, on vit tout à coup un astre nouveau briller du haut du ciel, dissiper l'obscurité qui couvrait l'univers et changer la nuit en un jour éclatant, afin que le jour ne demeurât pas enseveli dans les ombres de la nuit. " Or Jésus étant né, " etc., dit l'Évangéliste.
Or, que furent les Mages ? Les prémices des nations ; les bergers étaient Juifs, les Mages de la gentilité, ceux-là venaient de près, ceux-ci de loin ; mais les uns et les autres accoururent à la pierre angulaire.
Jésus donc ne se manifesta ni aux savants ni aux justes ; c'est l'ignorance qui l'emporte dans la grossièreté des pasteurs et l'impiété dans les cérémonies sacrilèges des Mages ; celui qui est la pierre angulaire s'unit les uns et les autres, car il est venu choisir ce qui est folie pour confondre les sages, il est venu appeler les pécheurs et non les justes (1 Co 1, 27 ; Mt 9, 13 ; Mc 2, 17 ; Lc 5, 52), afin que toute grandeur cessât de s'enorgueillir, toute faiblesse de se décourager.
Cette étoile, d'après Fauste, n'aurait paru que pour confirmer sa naissance, d'où il conclut que l'Évangile devrait bien plutôt s'appeler la Généside.
Ils cherchent à établir leur opinion sur le court intervalle de temps qui sépare la naissance de deux jumeaux ; mais qu'est-ce que cette légère différence auprès de la différence profonde qui existe dans leurs volontés, dans leurs actes, dans leurs moeurs et dans les événements de leur vie ?
Les Juifs avaient vu grand nombre de leurs rois naître et mourir, les Mages sont-ils venus chercher et adorer aucun d'entre eux ? Non, car le ciel ne leur avait appris l'existence d'aucun de ces rois. Ce n'est donc pas à un roi des Juifs, semblable à ceux que Jérusalem avait vus dans ses palais, que ces Mages, habitant des contrées lointaines, et tout à fait étrangers au royaume des Juifs, croient devoir rendre de si grands honneurs ; mais ils avaient appris que le roi qui venait de naître était si grand qu'il méritait leurs adorations, et qu'ils obtiendraient infailliblement par là le salut qui vient de Dieu. En effet ce roi n'était pas d'un âge à voir ramper autour de lui la foule des courtisans flatteurs, la pourpre ne brillait pas sur ses épaules, ni le diadème sur sa tète, et ce n'était ni le brillant entourage de ses serviteurs, ni l'appareil terrible de ses armes, ni le bruit de ses victoires qui attiraient à lui des extrémités de la terre des hommes qui venaient déposer à ses pieds leurs voeux et leurs ardentes prières. Un enfant nouvellement né était couché dans une crèche, joignant à un corps frêle une pauvreté qui devait le rendre méprisable ; mais sous ces dehors misérables se cachait quelque chose de grand, et ce n'est pas de la terre qui le portait, mais du ciel qui se chargeait de les instruire que ces hommes prémices des nations avaient appris ce qu'il était : " Nous avons vu, disent-ils, son étoile dans l'Orient. " Ils font connaître ce qu'ils ont vu, et en même temps ils interrogent, ils croient et ils cherchent : figure de ceux qui marchent à la lumière de la foi et qui désirent jouir de la claire vue.
On entend par destin, dans le langage ordinaire, l'influence de certaine position des astres, telle que celle qui correspond à la conception ou à la naissance des hommes. Il en est qui placent cette influence en dehors de la volonté de Dieu, blasphème que doivent repousser avec horreur tous ceux qui adorent un Dieu quel qu'il soit ; d'autres disent que cette grande influence donnée aux astres vient de la souveraine puissance de Dieu, et ils ne peuvent faire une plus grande injure à la majesté divine, lorsque dans sa cour si brillante ils font décréter des crimes tels que si quelque ville sur la terre osait en commander de semblables, elle serait condamnée à être détruite par le genre humain tout entier.
Il n'est pas absolument contraire à la raison d'attribuer à l'influence les astres certaines modifications dans les corps : ainsi voyons-nous que c'est au rapprochement ou à l'éloignement du soleil qu'il faut attribuer les diverses saisons, et aux phases de la lune qui croît et diminue, le développement ou la décroissance de certaines choses créées comme les coquillages qui produisent les perles, ou les admirables mouvements de l'Océan. Mais il ne faut pas soumettre aux différentes positions des astres les volontés de notre âme.
Dira-t-on que les astres sont plutôt les signes que les mobiles déterminants de nos destinées ? Mais alors comment n'a-t-on pu jamais expliquer pourquoi la vie des jumeaux, leur manière d'agir, leurs succès, leurs professions, leurs actes, les honneurs dont ils jouissent et tout ce qui compose la vie humaine, et la mort elle-même, nous offrent la plupart du temps des différences si tranchées que des étrangers omit souvent entre eux bien plus de ressemblance que ces jumeaux, dont la naissance n'a été séparée que par un instant et dont la conception a été simultanée ?
Quelques-uns appellent du nom de destin non pas les différentes positions des astres, mais la réunion et l'enchaînement des causes secondes qu'ils font dépendre de la volonté et de la puissance de l'Être souverain. Or, si vous soumettez au destin les choses humaines, tout en appelant de ce nom la volonté et la puissance de Dieu, je vous dirai : Conservez votre manière de penser, mais modifiez vos expressions, car, dans le langage ordinaire on est convenu d'appeler destin, l'influence qui résulte de la position des astres ; et nous ne donnons pas ce nom à la volonté de Dieu à moins que nous ne fassions venir le mot destin ou fatalité, du mot parler (fatum,en latin vient de fando) ; car il est écrit : " Dieu a parlé une fois, j'ai entendu ces deux choses. " Ce n'est donc pas la peine de nous épuiser avec eux dans une vaine dispute de mots.
Si nous refusons de placer la naissance d'aucun homme sons l'action fatale des étoiles, afin d'affranchir son libre arbitre de toute chaîne que la nécessité voudrait lui imposer, à combien plus forte raison refuserons-nous d'admettre que la naissance du Seigneur éternel et du Créateur de toutes choses ait été soumise à l'influence des astres. Ainsi, cette étoile que les Mages ont vue à la naissance du Christ ne lui imposait pas une destinée tyrannique, mais obéissait à ses ordres en lui rendant témoignage. Elle n'était donc pas un de ces astres qui depuis le commencement du monde gardent fidèlement sous la loi du Créateur la route qu'il leur a prescrite, mais c'était un nouvel astre créé pour cet enfantement nouveau de la Vierge, et elle avait pour mission de guider les Mages qui cherchaient le Christ, en marchant devant eux, jusqu'à ce qu'elle les eût conduits en les précédant à l'endroit où le Seigneur, où le Verbe s'était fait enfant muet et sans parole. Quels sont donc les astrologues qui font tellement dépendre des astres la destinée des hommes qui naissent à la vie, qu'ils assurent qu'à la naissance de l'un d'eux une des étoiles abandonne l'orbite dans lequel s'accomplit sa révolution pour venir au-dessus du berceau de l'enfant qui vient de naître, eux qui prétendent que c'est la destinée de cet enfant qui se trouve liée nu cours des astres, et non pas le cours des astres qui puisse être modifié par sa naissance ? Si donc cette étoile était une de celles qui accomplissent leur révolution dans les cieux, comment pouvait-elle connaître ce que le Christ devait faire, elle qui, à la naissance du Christ, se trouvait détournée du mouvement qu'elle accomplissait ? Si, au contraire, ce qui est plus probable, elle n'existait pas auparavant, et qu'elle n'ait été créée que pour faire découvrir le Christ, le Christ n'est pas né parce qu'elle existait, mais elle a reçu l'existence parce que le Christ était né. Aussi, s'il était permis de s'exprimer de la sorte, nous dirions que ce n'est pas l'étoile qui a été le destin pour le Christ, mais le Christ qui a été le destin pour l'étoile, car c'est le Christ qui a été la cause de son existence, ce n'est pas l'étoile qui a été la cause de la naissance du Christ.
Les anges annoncent la naissance du Christ aux bergers, une étoile la fait connaître aux Mages, le ciel parle en son langage aux uns comme aux autres, parce que la voix des prophètes avait cessé de se faire entendre. Les anges habitent les cieux, les astres leur servent d'ornement : ce sont donc les cieux qui racontent aux uns et aux autres la gloire de Dieu.
Le Christ était lui-même l'attente des nations dont l'innombrable postérité fut autrefois promise à notre bienheureux père Abraham, postérité qui devait se multiplier non par la propagation du sang, mais par la fécondité de la foi. Dieu compare ses descendants à la multitude des étoiles pour exciter dans l'âme du père de toutes les nations l'attente d'une postérité toute céleste et qui n'a rien de la terre. C'est donc par l'apparition d'une nouvelle étoile que les héritiers figurés par les étoiles sont appelés à former cette postérité qui est l'objet des promesses, afin que les astres du ciel qui avaient rendu témoignage à la promesse rendissent encore hommage à la vérité de son accomplissement.
Vous me demanderez : Qui donc leur avait appris que cette étoile annonçait la naissance du Christ ? Sans doute les anges par voie de révélation. Était-ce de bons ou de mauvais anges ? Les mauvais anges, c'est-à-dire les démons, ont eux-mêmes confessé que le Christ était fils de Dieu. Mais pourquoi ne seraient-ce pas les bons anges qui auraient été chargés de cette mission, puisqu'en les portant à adorer le Christ c'était leur salut qu'on avait en vue et non pas le règne de l'iniquité ? Les anges purent donc leur dire : L'étoile que vous avez vue est celle du Christ ; allez, adorez-le dans le lieu de sa naissance, et jugez de la nature et de la grandeur de celui qui vient de naître.
Ou bien encore ils comprirent que le roi des Juifs était né parce que l'étoile était un indice ordinaire de la royauté temporelle. En effet, ces Mages n'étudiaient pas le cours des astres dans des intentions coupables, mais pour satisfaire le désir qu'ils avaient de connaître. Comme il y a tout lieu de le croire, ils suivaient la tradition de Balaam, qui avait dit autrefois (Nb 24) : " Une étoile se lèvera de Jacob. " On comprend donc qu'en voyant une étoile paraître dans le ciel en dehors du système des constellations, ils jugèrent que c'était l'étoile prédite par Balaam comme signe de la naissance du roi des Juifs.
Dans ces premiers mots du récit évangélique, nous voyons trois choses : la personne : " Or Jésus étant né ; " le lieu : " A Bethléem de Juda ; " le temps : " Aux jours du roi Hérode ; trois circonstances qui confirment la vérité du fait que l'écrivain sacré va raconter.
Les Mages sont des hommes qui font profession de raisonner sur toutes choses, mais leur nom dans l'acception vulgaire, est synonyme de celui de magiciens ; cependant telle n'est pas leur réputation chez les Chaldéens, dont ils sont comme les philosophes, et dont les rois et les princes se conduisent en tout d'après les principes de cette science ; ce fut aussi ce qui leur fit connaître comme le premier lever du Seigneur dans le monde.
Il y a plusieurs opinions sur les Mages. Les uns disent qu'ils étaient Chaldéens, parce que les Chaldéens adoraient les étoiles, et ils prétendent que leur dieu supposé leur a révélé la naissance du vrai Dieu ; les autres disent qu'ils étaient Perses ; quelques-uns, qu'ils venaient des extrémités de la terre ; d'autres enfin, qu'ils étaient les descendants de Balaam, et c'est le sentiment le plus probable, car Balaam entre autres choses a prédit " qu'une étoile sortirait de Jacob. " Ses descendants, qui possédaient cette prophétie, ayant vu briller une nouvelle étoile, comprirent que le Roi qu'elle annonçait était né, et vinrent l'adorer.
Quelques auteurs répondent que l'enfant qui venait de naître a bien pu les amener en si peu de jours des extrémités de la terre.
Ou bien si ces rois étaient successeurs de Balaam, ils n'étaient pas éloignés de la terre promise, et ils ont pu franchir en si peu de temps la distance qui les séparait de Jérusalem. Mais alors pourquoi l'Évangéliste dit-il qu'ils sont venus de l'Orient ? C'est que le pays qu'ils habitaient était en effet situé sur la frontière orientale de la Judée. C'est du reste une magnifique pensée que celle qui les fait venir de l'Orient, parce que tous ceux qui viennent au Seigneur, ne peuvent venir que par son inspiration et sous sa conduite, lui qui est le véritable Orient, selon cet oracle du prophète : " Voici un homme, l'Orient est son nom. "
Cependant le Seigneur n'y était pas né, mais c'est que tout en connaissant le temps, ils ignoraient le lieu de sa naissance. Comme Jérusalem était la capitale du royaume, ils crurent qu'un tel enfant n'avait pu naître que dans la ville royale. Peut-être aussi était-ce pour accomplir cette prophétie : " C'est de Sion que sortira la loi, et la parole du Seigneur de Jérusalem, " car c'est là que le Christ a été annoncé en premier lieu. Enfin ce fut peut-être pour condamner par le pieux empressement des Mages l'indifférence des Juifs. Ils vinrent donc à Jérusalem et firent cette question : " Où est celui qui est né roi des Juifs ? "
Quelques uns disent que cette étoile était l'Esprit saint qui voulut apparaître aux mages sous la forme d'une étoile, comme il apparut plus tard sous la forme d'une colombe sur Notre-Seigneur après son baptême. D'autres pensent que ce fut un ange, c'est-à-dire que celui qui apparut aux bergers serait le même qui aurait apparu aux mages.
Indépendamment de l'éclat de l'étoile qui frappa leurs yeux, un rayon plus brillant encore de la vérité éclaira et instruisit leurs coeurs, et c'était là une figure de la lumière que la foi répand dans les âmes.
Ce que les Mages avaient cru et ce qu'ils avaient compris pouvait leur suffire, et ils n'avaient pas besoin d'examiner des yeux du corps ce qu'ils avaient vu des yeux de l'âme ; mais ce zèle, cet empressement, cette persévérance qui les conduisirent jusqu'au berceau du Sauveur étaient dans l'intérêt des hommes de notre temps, car de même que l'apôtre saint Thomas, en touchant de sa main les cicatrices des plaies de Notre-Seigneur après sa résurrection, nous a été grandement utile, de même il nous est avantageux que les Mages aient constaté de leurs yeux l'enfance du Sauveur. Ils disent donc : " Nous sommes venus l'adorer. "
Mais à Dieu ne plaise que les fidèles croient jamais à l'existence du destin.
La raison ne peut qu'approuver le choix que Dieu a fait d'un être raisonnable, c'est-à-dire d'un ange, pour annoncer Jésus-Christ aux Juifs comme à des hommes qui faisaient usage de leur raison, tandis que les Gentils rebelles à sa lumière sont amenés à la connaissance de Jésus-Christ, non par la parole humaine, mais par un signe miraculeux. Les prophéties ont été données aux premiers comme à des hommes qui avaient la foi, et les miracles opérés devant les seconds à cause de leur incrédulité. Les apôtres prêchèrent Jésus-Christ aux nations à la plénitude de l'âge parfait, tandis qu'une étoile le leur annonce alors qu'il est petit entant et incapable de parler, parce que l'analogie demandait que les prédicateurs fissent connaître par leurs discours le Seigneur alors qu'il parlait lui-même, et que les éléments muets fussent chargés de l'annoncer lorsqu'il ne faisait pas encore usage de la parole.
Ou bien encore l'Évangéliste fait mention de ce roi étranger pour montrer l'accomplissement de cette prophétie (Gn 49) : " Le sceptre ne sortira point de Juda, ni le prince de sa postérité, jusqu'à ce que vienne celui qui doit être envoyé. "
La Glose
Il y a en effet deux villes du nom de Bethléem, l'une dans la tribu de Zabulon, l'autre dans la tribu de Juda, et qui était autrefois appelée Ephrata.
Les Mages étaient des rois, et s'ils n'offrent que trois sortes de présents, ce n'est pas une preuve qu'ils ne fussent absolument que trois, mais pour représenter par ce nombre toutes les nations qui descendent des trois enfants de Noé et qui devaient un jour embrasser la foi. Ou bien si ces princes n'étaient que trois, ils avaient avec eux une suite nombreuse. – Or, ce n'est pas un an après que le Christ fut né qu'ils vinrent l'adorer, car alors il était en Égypte, et non plus dans l'étable ; mais ce fut le treizième jour après sa naissance. D'où venaient-ils ? L'Évangéliste nous l'apprend en ajoutant : " De l'Orient. "
On peut dire encore qu'il n'est pas étonnant qu'ils aient pu arriver en treize jours à Bethléem, montés sur des chevaux arabes et des dromadaires connus pour la vitesse de leur marche.
C'est-à-dire, son étoile à lui, celle qu'il a créée pour le faire connaître.
Le texte ajoute : " Dans l'Orient. " L'étoile se leva-t-elle dans l'Orient, ou les Mages de l'Orient où ils étaient la virent-ils se lever à l'Occident ? C'est ce qu'on ne sait pas ; elle a pu très bien se lever en Orient et les conduire à Jérusalem.
174. Ensuite, le témoignage est présenté, en cet endroit : OÙ EST [LE ROI DES JUIFS] QUI VIENT DE NAÎTRE ? Par quoi, ils disent trois choses : premièrement, ils annoncent la naissance d’un roi ; deuxièmement, ils présentent le signe de la naissance en cet endroit : NOUS AVONS VU SON ÉTOILE ; troisièmement, ils professent leur intention pieuse, en cet endroit : ET NOUS SOMMES VENUS L’ADORER.
175. Ils disent donc : OÙ EST ? Il faut remarquer que ces mages sont les prémices des nations et préfigurent en eux-mêmes notre état. En effet, ceux-ci supposent quelque chose, à savoir, la naissance du Christ, et cherchent quelque chose, à savoir, l’endroit. De même, nous possédons le Christ par la foi, mais nous cherchons quelque chose, à savoir, par l’espérance : en effet, nous le verrons face à face [1 Co 13, 12]. 2 Co 5, 7 : Nous avançons dans la foi, et non dans la claire vision.
176. Mais une question se pose. Puisqu’ils avaient entendu dire que le roi était à Jérusalem, pourquoi disaient-ils cela ? En effet, tous ceux qui affirment qu’un autre roi se trouve dans la cité royale s’exposent à un danger. Mais ils faisaient certainement cela par le zèle de la foi. Ainsi, en eux, était annoncée une foi intrépide, plus loin, 10, 28 : Ne craignez pas ceux qui tuent le corps.
177. Ensuite, ils présentent le signe de cette naissance : NOUS AVONS VU. À noter que ces mots ont été l’occasion de deux erreurs. Certains, comme les priscillianistes, ont dit que tous les actes des hommes sont posés et régis par le destin. Et ils le confirment par cela : EN EFFET, NOUS AVONS VU SON ÉTOILE. Il était donc né sous une certaine étoile. L’autre erreur est celle des manichéens, qui rejettent le destin et, par conséquent, cet évangile, car ils disaient que Matthieu avait fait appel au destin. Or, ces deux erreurs sont exclues.
178. Mais, avant d’aller plus loin dans l’explication de la lettre, il faut d’abord voir ce qu’est le destin, et comment on peut croire les choses de ce genre et comment on ne doit pas les croire. Il faut remarquer donc que nous voyons que beaucoup de choses se produisent par accident et de manière fortuite dans les choses humaines. Or, il arrive que quelque chose d’accidentel et de fortuit se rapporte à une cause inférieure, qui, si on le met en rapport avec une cause supérieure, n’est pas fortuit. Par exemple, si un maître envoie trois personnes à la recherche de quelqu’un, sans qu’une ne connaisse l’autre, si elles se rencontrent, cela est à leurs yeux accidentel ; mais si on met cela en rapport avec l’intention du maître, cela n’est pas accidentel.
179. Suite à cela, il y a eu deux opinions au sujet du destin. Certains ont dit que les choses accidentelles n’ont pas de rapport avec une autre cause supérieure qui les ordonne, et ceux-ci ont supprimé le destin et, au-delà, toute providence divine. Selon Augustin, telle fut l’opinion de Tullius [Cicéron].
180. Mais nous disons que ces choses accidentelles se ramènent à une cause supérieure qui les ordonne. Cependant, puisque l’étymologie de «destin» [fatum] vient de for, faris [je dis, je révèle], comme si quelque chose était prononcé et exprimé, il existe une différence au sujet de la cause dont vient cet ordonnancement. En effet, certains ont dit qu’il provient de la puissance des corps célestes supérieurs. Ainsi, ils disent que le destin n’est rien d’autre que la disposition des astres. D’autres ramènent ces choses contingentes à une providence divine.
181. Mais, dans le premier cas, le destin doit être nié. En effet, les actes humains ne sont pas régis selon la disposition des corps célestes, ce qui est clair dans le cas présent, puisqu’il y a plusieurs raisons efficientes. D’abord, il est impossible qu’une énergie corporelle agisse sur une énergie incorporelle, parce que rien d’inférieur dans l’ordre de la nature n’agit sur une nature supérieure. Ainsi, il existe dans l’âme certaines puissances plus élevées que le corps, [alors que] certaines puissances sont liées aux organes, à savoir, les puissances sensitives et nutritives. Les corps célestes, bien qu’ils agissent directement sur les corps inférieurs et les changent par eux-mêmes, agissent cependant par accident sur les puissances liées aux organes. Mais, sur les puissances qui ne sont pas liées à des organes, ils n’agissent d’aucune manière en les forçant, mais seulement en les inclinant. Nous disons en effet que tel homme est irascible, c’est-à-dire enclin à la colère, et cela en vertu de causes célestes ; mais, de manière directe, le choix en tant que tel réside dans la volonté. De sorte que ne peut jamais apparaître dans le corps humain une disposition si grande que le jugement du libre arbitre ne la dépasse. Ainsi, celui qui affirmerait que le libre arbitre est soumis aux corps célestes, affirmerait nécessairement que le sens ne diffère pas de l’intellect.
182. Deuxièmement, par cela serait exclu tout culte divin, car tout existerait de manière nécessaire. Et ainsi, même le gouvernement de la société serait démoli, car il ne faudrait ni délibérer, ni prévoir quelque chose, et ainsi de suite.
183. Troisièmement, nous attribuerions de la sorte à Dieu la malice des hommes, ce qui serait déshonorer Celui qui est le créateur des étoiles.
184. Il est donc clair que dire cela est tout à fait contraire à la foi. C’est pourquoi Grégoire dit : «Que le cœur des croyants ne dise pas que le destin est une réalité.» Car si tu veux appeler destin la providence divine, alors il est une réalité. Mais, comme le dit Augustin, puisque nous ne devons rien avoir en commun avec les infidèles, nous ne devons pas utiliser ce mot. Il dit donc : «Corrige ta langue, prends garde à ce que tu penses.»
185. On ne peut donc pas dire : NOUS AVONS VU [SON] ÉTOILE, comme si d’elle dépendait toute la vie [de Jésus], car, selon Augustin, l’étoile ne suivrait pas alors ce qui avait été engendré : on dirait plutôt que le Christ est le destin de l’étoile, que le contraire. Et il faut noter que cette étoile ne faisait pas partie des premières choses causées, ce qui est évident par trois points. D’abord, par le mouvement, car aucune étoile ne se déplace du nord vers le sud. Or, le pays des Perses, d’où venaient ces mages, est situé au nord. De plus, les autres [étoiles] ne se couchent jamais. Or, celle-ci ne se déplaçait pas de manière continue. Troisièmement, par le temps, car, durant le jour, aucune ne brille. Or, celle-ci éclairait les mages pendant le jour. Quatrièmement, par l’endroit, car celle-ci n’est pas [située] au firmament, ce qui est clair puisque, à cause d’elle, [les mages] identifièrent de manière précise une maison. Il faut donc dire que celle-ci fut créée spécialement pour servir le Christ.
186. C’est pourquoi, [Matthieu] dit : NOUS AVONS VU SON ÉTOILE [2, 2], à savoir, créée pour son service. Mais certains disent que cette étoile était le Saint-Esprit, qui, de même qu’il apparut au-dessus de [Jésus lors de son baptême] sous l’aspect d’une colombe, le faisait maintenant sous l’aspect d’une étoile. D’autres disent que c’était un ange. Mais il faut dire que c’était une véritable étoile. Et [Matthieu] a voulu que soit en premier lieu manifesté par le signe d’une étoile que celle-ci convenait [au Christ]. En effet, il est le roi des cieux. C’est pourquoi il a voulu être manifesté par un signe céleste, Ps 18[19], 1 : Les cieux racontent la gloire de Dieu et le firmament, les œuvres de ses mains. Aux Juifs, [il a voulu être manifesté] par des anges, par qui ils ont reçu la loi, Ga 3, 19 : La loi a été donnée par des anges ; aux Gentils, par une étoile, parce qu’ils sont venus à la connaissance de Dieu par les créatures, Rm 1, 20 : Ce qui est invisible de Dieu se laisse voir à l’intelligence par ce qu’Il a créé.
187. Deuxièmement, parce que [l’étoile] convenait à ceux à qui elle était montrée, à savoir, des Gentils, dont l’appel fut promis à Abraham par la ressemblance avec les étoiles, Gn 15, 5 : Regarde le ciel et compte les étoiles si tu le peux, etc. Ainsi, aussi bien lors de la naissance [de Jésus] que de [sa] passion, un signe apparut dans le ciel, qui fit connaître le Christ à tous les Gentils. De même, elle convenait à tous, parce que [le Christ] est le sauveur de tous. Mais, [Matthieu] dit : EN ORIENT, ce qui s’explique de deux façons. Selon Raban, de la manière suivante : «L’étoile qui était en Judée apparut aux Gentils en orient.» Ou bien : «Nous avons vu l’étoile à l’orient.» Ceci est une meilleure version. Ainsi, VOICI QUE L’ÉTOILE QU’ILS AVAIENT VUE À L’ORIENT LES PRÉCÉDAIT [2, 9]. De même, il est clair d’après cela que cette [étoile] n’était pas située proche de la terre, car autrement ils n’auraient pas identifié l’endroit. Donc, elle n’a pas pu être vue d’une région aussi éloignée.
188. Ensuite, est présentée l’intention pieuse : NOUS SOMMES VENUS L’ADORER. Ici se pose une double question. En effet, Augustin dit : est-ce que ceux-ci n’étaient pas curieux, qui, du simple fait qu’un certain signe leur était donné par une étoile, se sont mis à la recherche d’un roi ? Cela aurait été stupide. Mais il faut dire qu’ils ne rendaient pas hommage à un roi terrestre, mais céleste, en qui il est montré que se trouvait la puissance divine. Car, autrement, s’ils avaient cherché un roi terrestre, ils auraient perdu toute dévotion lorsqu’ils le trouvèrent enveloppé de viles étoffes. Mais Augustin se demande encore comment ils ont pu apprendre par une étoile que l’homme-Dieu était né ? Et il répond que cela est dû à la révélation par un ange. En effet, Celui qui leur envoya une étoile, leur envoya un ange qui le leur révélerait. Le pape Léon dit que, de même que leurs yeux étaient remplis à l’extérieur de la lumière de cette étoile, de même un rayon divin leur faisait une révélation intérieure.
189. Troisième raison : parce que ceux-ci étaient de la lignée de Balaam, qui dit : Une étoile se lèvera de Jacob. Ainsi, ils connurent sa prophétie. Voyant donc que l’étoile était tellement brillante, ils se doutèrent que le roi céleste était né et se mirent donc à le chercher. Et c’est cela [que veut dire] : ET NOUS SOMMES VENUS L’ADORER. Et par ceci s’accomplit le Ps 71[72], 11 : Tous les rois l’adoreront, toutes les nations le serviront.
175. Ils disent donc : OÙ EST ? Il faut remarquer que ces mages sont les prémices des nations et préfigurent en eux-mêmes notre état. En effet, ceux-ci supposent quelque chose, à savoir, la naissance du Christ, et cherchent quelque chose, à savoir, l’endroit. De même, nous possédons le Christ par la foi, mais nous cherchons quelque chose, à savoir, par l’espérance : en effet, nous le verrons face à face [1 Co 13, 12]. 2 Co 5, 7 : Nous avançons dans la foi, et non dans la claire vision.
176. Mais une question se pose. Puisqu’ils avaient entendu dire que le roi était à Jérusalem, pourquoi disaient-ils cela ? En effet, tous ceux qui affirment qu’un autre roi se trouve dans la cité royale s’exposent à un danger. Mais ils faisaient certainement cela par le zèle de la foi. Ainsi, en eux, était annoncée une foi intrépide, plus loin, 10, 28 : Ne craignez pas ceux qui tuent le corps.
177. Ensuite, ils présentent le signe de cette naissance : NOUS AVONS VU. À noter que ces mots ont été l’occasion de deux erreurs. Certains, comme les priscillianistes, ont dit que tous les actes des hommes sont posés et régis par le destin. Et ils le confirment par cela : EN EFFET, NOUS AVONS VU SON ÉTOILE. Il était donc né sous une certaine étoile. L’autre erreur est celle des manichéens, qui rejettent le destin et, par conséquent, cet évangile, car ils disaient que Matthieu avait fait appel au destin. Or, ces deux erreurs sont exclues.
178. Mais, avant d’aller plus loin dans l’explication de la lettre, il faut d’abord voir ce qu’est le destin, et comment on peut croire les choses de ce genre et comment on ne doit pas les croire. Il faut remarquer donc que nous voyons que beaucoup de choses se produisent par accident et de manière fortuite dans les choses humaines. Or, il arrive que quelque chose d’accidentel et de fortuit se rapporte à une cause inférieure, qui, si on le met en rapport avec une cause supérieure, n’est pas fortuit. Par exemple, si un maître envoie trois personnes à la recherche de quelqu’un, sans qu’une ne connaisse l’autre, si elles se rencontrent, cela est à leurs yeux accidentel ; mais si on met cela en rapport avec l’intention du maître, cela n’est pas accidentel.
179. Suite à cela, il y a eu deux opinions au sujet du destin. Certains ont dit que les choses accidentelles n’ont pas de rapport avec une autre cause supérieure qui les ordonne, et ceux-ci ont supprimé le destin et, au-delà, toute providence divine. Selon Augustin, telle fut l’opinion de Tullius [Cicéron].
180. Mais nous disons que ces choses accidentelles se ramènent à une cause supérieure qui les ordonne. Cependant, puisque l’étymologie de «destin» [fatum] vient de for, faris [je dis, je révèle], comme si quelque chose était prononcé et exprimé, il existe une différence au sujet de la cause dont vient cet ordonnancement. En effet, certains ont dit qu’il provient de la puissance des corps célestes supérieurs. Ainsi, ils disent que le destin n’est rien d’autre que la disposition des astres. D’autres ramènent ces choses contingentes à une providence divine.
181. Mais, dans le premier cas, le destin doit être nié. En effet, les actes humains ne sont pas régis selon la disposition des corps célestes, ce qui est clair dans le cas présent, puisqu’il y a plusieurs raisons efficientes. D’abord, il est impossible qu’une énergie corporelle agisse sur une énergie incorporelle, parce que rien d’inférieur dans l’ordre de la nature n’agit sur une nature supérieure. Ainsi, il existe dans l’âme certaines puissances plus élevées que le corps, [alors que] certaines puissances sont liées aux organes, à savoir, les puissances sensitives et nutritives. Les corps célestes, bien qu’ils agissent directement sur les corps inférieurs et les changent par eux-mêmes, agissent cependant par accident sur les puissances liées aux organes. Mais, sur les puissances qui ne sont pas liées à des organes, ils n’agissent d’aucune manière en les forçant, mais seulement en les inclinant. Nous disons en effet que tel homme est irascible, c’est-à-dire enclin à la colère, et cela en vertu de causes célestes ; mais, de manière directe, le choix en tant que tel réside dans la volonté. De sorte que ne peut jamais apparaître dans le corps humain une disposition si grande que le jugement du libre arbitre ne la dépasse. Ainsi, celui qui affirmerait que le libre arbitre est soumis aux corps célestes, affirmerait nécessairement que le sens ne diffère pas de l’intellect.
182. Deuxièmement, par cela serait exclu tout culte divin, car tout existerait de manière nécessaire. Et ainsi, même le gouvernement de la société serait démoli, car il ne faudrait ni délibérer, ni prévoir quelque chose, et ainsi de suite.
183. Troisièmement, nous attribuerions de la sorte à Dieu la malice des hommes, ce qui serait déshonorer Celui qui est le créateur des étoiles.
184. Il est donc clair que dire cela est tout à fait contraire à la foi. C’est pourquoi Grégoire dit : «Que le cœur des croyants ne dise pas que le destin est une réalité.» Car si tu veux appeler destin la providence divine, alors il est une réalité. Mais, comme le dit Augustin, puisque nous ne devons rien avoir en commun avec les infidèles, nous ne devons pas utiliser ce mot. Il dit donc : «Corrige ta langue, prends garde à ce que tu penses.»
185. On ne peut donc pas dire : NOUS AVONS VU [SON] ÉTOILE, comme si d’elle dépendait toute la vie [de Jésus], car, selon Augustin, l’étoile ne suivrait pas alors ce qui avait été engendré : on dirait plutôt que le Christ est le destin de l’étoile, que le contraire. Et il faut noter que cette étoile ne faisait pas partie des premières choses causées, ce qui est évident par trois points. D’abord, par le mouvement, car aucune étoile ne se déplace du nord vers le sud. Or, le pays des Perses, d’où venaient ces mages, est situé au nord. De plus, les autres [étoiles] ne se couchent jamais. Or, celle-ci ne se déplaçait pas de manière continue. Troisièmement, par le temps, car, durant le jour, aucune ne brille. Or, celle-ci éclairait les mages pendant le jour. Quatrièmement, par l’endroit, car celle-ci n’est pas [située] au firmament, ce qui est clair puisque, à cause d’elle, [les mages] identifièrent de manière précise une maison. Il faut donc dire que celle-ci fut créée spécialement pour servir le Christ.
186. C’est pourquoi, [Matthieu] dit : NOUS AVONS VU SON ÉTOILE [2, 2], à savoir, créée pour son service. Mais certains disent que cette étoile était le Saint-Esprit, qui, de même qu’il apparut au-dessus de [Jésus lors de son baptême] sous l’aspect d’une colombe, le faisait maintenant sous l’aspect d’une étoile. D’autres disent que c’était un ange. Mais il faut dire que c’était une véritable étoile. Et [Matthieu] a voulu que soit en premier lieu manifesté par le signe d’une étoile que celle-ci convenait [au Christ]. En effet, il est le roi des cieux. C’est pourquoi il a voulu être manifesté par un signe céleste, Ps 18[19], 1 : Les cieux racontent la gloire de Dieu et le firmament, les œuvres de ses mains. Aux Juifs, [il a voulu être manifesté] par des anges, par qui ils ont reçu la loi, Ga 3, 19 : La loi a été donnée par des anges ; aux Gentils, par une étoile, parce qu’ils sont venus à la connaissance de Dieu par les créatures, Rm 1, 20 : Ce qui est invisible de Dieu se laisse voir à l’intelligence par ce qu’Il a créé.
187. Deuxièmement, parce que [l’étoile] convenait à ceux à qui elle était montrée, à savoir, des Gentils, dont l’appel fut promis à Abraham par la ressemblance avec les étoiles, Gn 15, 5 : Regarde le ciel et compte les étoiles si tu le peux, etc. Ainsi, aussi bien lors de la naissance [de Jésus] que de [sa] passion, un signe apparut dans le ciel, qui fit connaître le Christ à tous les Gentils. De même, elle convenait à tous, parce que [le Christ] est le sauveur de tous. Mais, [Matthieu] dit : EN ORIENT, ce qui s’explique de deux façons. Selon Raban, de la manière suivante : «L’étoile qui était en Judée apparut aux Gentils en orient.» Ou bien : «Nous avons vu l’étoile à l’orient.» Ceci est une meilleure version. Ainsi, VOICI QUE L’ÉTOILE QU’ILS AVAIENT VUE À L’ORIENT LES PRÉCÉDAIT [2, 9]. De même, il est clair d’après cela que cette [étoile] n’était pas située proche de la terre, car autrement ils n’auraient pas identifié l’endroit. Donc, elle n’a pas pu être vue d’une région aussi éloignée.
188. Ensuite, est présentée l’intention pieuse : NOUS SOMMES VENUS L’ADORER. Ici se pose une double question. En effet, Augustin dit : est-ce que ceux-ci n’étaient pas curieux, qui, du simple fait qu’un certain signe leur était donné par une étoile, se sont mis à la recherche d’un roi ? Cela aurait été stupide. Mais il faut dire qu’ils ne rendaient pas hommage à un roi terrestre, mais céleste, en qui il est montré que se trouvait la puissance divine. Car, autrement, s’ils avaient cherché un roi terrestre, ils auraient perdu toute dévotion lorsqu’ils le trouvèrent enveloppé de viles étoffes. Mais Augustin se demande encore comment ils ont pu apprendre par une étoile que l’homme-Dieu était né ? Et il répond que cela est dû à la révélation par un ange. En effet, Celui qui leur envoya une étoile, leur envoya un ange qui le leur révélerait. Le pape Léon dit que, de même que leurs yeux étaient remplis à l’extérieur de la lumière de cette étoile, de même un rayon divin leur faisait une révélation intérieure.
189. Troisième raison : parce que ceux-ci étaient de la lignée de Balaam, qui dit : Une étoile se lèvera de Jacob. Ainsi, ils connurent sa prophétie. Voyant donc que l’étoile était tellement brillante, ils se doutèrent que le roi céleste était né et se mirent donc à le chercher. Et c’est cela [que veut dire] : ET NOUS SOMMES VENUS L’ADORER. Et par ceci s’accomplit le Ps 71[72], 11 : Tous les rois l’adoreront, toutes les nations le serviront.
Ils savent que ce n’est qu’un nouveau-né, mais ils sont
parfaitement sûrs du fait même de sa naissance. Ils n’ignorent qu’une chose, sa résidence actuelle, et c’est
sur elle que porte leur demande. – Quel sens les Mages attribuaient-ils au titre de Roi des Juifs ?
Certainement, ce n’est pas un roi ordinaire que ces fils du désert viennent vénérer de si loin ; ce n’est pas non
plus un roi destiné aux Juifs d’une manière exclusive. Bien qu’il soit le roi des Juifs par excellence, son
pouvoir, ils n’en doutent pas, s’étendra bien au-delà des limites de la Judée, et ce pouvoir sera religieux avant
tout ; voilà pourquoi ils lui apportent leurs hommages. On les comprit, comme nous le montrera la suite du
récit, et l’on traduisit immédiatement l’expression “Roi des Juifs” par un titre plus clair encore, celui de
Messie, Cf. v.4. Remarquons en passant que le nom de roi des Juifs, donné à Jésus dès sa plus tendre
enfance, sera écrit en trois langues sur sa croix, au moment où il rendra le dernier soupir, et, là encore, ce
seront des païens qui l’appliqueront au Sauveur. Joan. 19, 19-22. – Nous avons vu son étoile. Les Mages
indiquent le motif qui leur a fait quitter leur patrie pour accourir jusqu’en Judée : ils ont vu l’étoile du roi des
Juifs. Mais en quoi consistait cette étoile ? Elle s’est, hélas ! cachée à tout jamais pour nous, et il faut
désespérer de savoir au juste quelle était sa nature ; nous indiquerons du moins quelque-unes des nombreuses
hypothèses formées à son sujet par les savants de toutes les époques, qui se sont vivement intéressés à elle. –
1. – L’étoile des Mages n’était pas un astre proprement dit, mais un météore mobile, transitoire, créé pour la
circonstance, qui apparaissait, disparaissait, marchait, s’arrêtait sans quitter notre atmosphère, à la façon de la
nuée de feu qui avait autrefois servi de guide aux Hébreux dans le désert. C’était donc un phénomène
complètement surnaturel et miraculeux. Ainsi ont pensé les Pères et la plupart des commentateurs des divers
siècles : c’est à coup sûr l’hypothèse la plus simple, la plus conforme à la lettre du texte, celle qui s’impose
en quelque sorte à l’esprit, quand on lit cet épisode dans le récit de S. Matthieu. Pour l’évangéliste en effet il
est clair que l’étoile fut le résultat d’un miracle. « Que cette étoile ne figure pas parmi le nombre des étoiles,
qu’elle ne soit même pas une étoile, mais une certaine vertu invisible qui prenait la forme d’une étoile, se
découvre d’abord par son chemin… » S. Jean Chrys., Hom in h.l. - 2. Origène, c. Cels., le philosophe
platonicien Chalcidius, dans les temps modernes Michaëlis et Rosenmüller ont cru que l’étoile du Messie
était une comète. Ce serait même, a-t-on dit, une comète célèbre, vue par les Chinois en 750 U.C., l’année
même de la naissance de Jésus, et fidèlement notée dans leurs tables astronomiques. Cette opinion n’a trouvé
qu’un nombre très restreint de défenseurs, car elle est bien peu vraisemblable. – 3. On a pensé aussi à une
étoile fixe qui aurait fait en ce temps-là sa première apparition, et dont les phases exceptionnelles
réaliseraient plus ou moins bien les conditions exigées par la relation de S. Matthieu. Cet astre, brillant à son
début, et capable d’attirer ainsi l’attention des Mages, se serait ensuite éclipsé pour reparaître encore avec un
vif éclat et s’éteindre enfin totalement. Il est certain qu’il existe des étoiles de ce genre ; les astronomes en
ont signalé un nombre assez considérable. – 4. D’après une autre conjecture qui a joui pendant quelque
temps d’un succès extraordinaire, l’étoile des Mages se rattacherait à un mouvement planétaire assez
compliqué dont voici la description succincte. A la fin de l’année 1603, Képler signala la conjonction de
Jupiter et de Saturne, complétée par Mars au printemps suivant. Durant l’automne de 1604, un corps céleste,
inconnu jusqu’alors, apparut dans le voisinage des deux premières planètes; l’ensemble formait un corps
lumineux d’une très vive clarté. Frappé d’une idée subite, Képler rechercha s’il ne s’était pas produit un
phénomène sidéral analogue vers l’époque de la naissance de Jésus-Christ, et ses calculs l’amenèrent à
reconnaître qu’une conjonction de même nature avait eu lieu vers l’année 747 de Rome fondée et il en
conclut que c’était là l’étoile des Mages. Ce système, remis à l’étude, puis complété, modifié par d’autres
astronomes, séduisit tout d’abord les exégètes, qui l’adoptèrent pour la plupart. M. Sepp, dans sa Vie de
Notre-Seigneur Jésus-Christ (traduction de M. Charles Sainte-Foi, tome 1, 1ère partie, chap. 6), s’en est fait
un des plus chaleureux défenseurs. On commence pourtant à l’abandonner, parce qu’en l’examinant de plus
près on a remarqué qu’il est loin de résoudre toutes les difficultés, et qu’il en crée au contraire d’assez
notables. Un savant anglais, M. Charles Pritchard, qui l’a étudié très en détail au point de vue topographique,
montre avec beaucoup d’esprit, en suivant pas à pas les différentes phases de la conjonction, que les Mages
auraient été complètement égarés, s’ils eussent pris cette constellation pour guide. Bien que les trois
dernières hypothèses enlèvent à l’étoile du Messie son caractère surnaturel, on demeure cependant très-libre
de les soutenir, si on les trouve plus avantageuses pour l’explication de cet épisode. Le récit évangélique
suppose, il est vrai, un miracle réel, c’est du moins l’opinion générale ; mais ce miracle ne ressort pas
catégoriquement, nécessairement du texte. On ne saurait nier que Dieu emploie très-souvent les causes
naturelles pour arriver à ses fins les plus relevées. Toutefois, nous préférons nous en tenir ici à la lettre de
l’Évangile et au sentiment des saints Pères, dussions-nous n’avoir pas les savants de notre côté. – Son étoile.
Dernière et importante observation relative à l’étoile. Quelle que fût sa nature, comment les Mages
connurent-ils en la voyant que c’était l’astre du roi des Juifs, et que ce roi venait de naître ? La légende
simplifie beaucoup les choses en prêtant la parole à l’étoile, ou aux anges qui la conduisaient. Mais les
réponses sérieuses ne font pas défaut. Toute l’antiquité croyait qu’aux principaux événements de la terre,
spécialement à la naissance des grands hommes, présidaient des phénomènes céleste correspondants. Cf.
Justin. Hist. 37 ; Sueton. Vit. Caes. c. 88. De plus, il y avait alors dans le monde entier comme un
pressentiment général d’une nouvelle ère pour l’humanité et cette ère nouvelle, croyait-on, devait avoir la
Judée pour point de départ. Les textes de Tacite et de Suétone, qui commentent en quelque sorte le mot de la
Samaritaine « Le salut vient des Juifs », Joan. 4, 22, sont dans toutes les mémoires : « Une ancienne et
constante opinion était répandue dans tout l’Orient à l’effet qu’à cette époque on allait en Judée pour
s’approprier des choses. », Suétone in Vespas. « Plusieurs étaient persuadés qu’il était contenu dans les
lettres des prêtres, à cette époque où l’Orient jouissait d’un grand prestige. On allait en Judée pour
s’approprier des choses », Tacit. Hist. 5, 13 ; Cf. Jos. Bell. Jud. 1, 5, 5. L’Orient était alors rempli de Juifs,
descendants des anciens captifs de Babylone, qui se faisaient remarquer par un ardent prosélytisme, et qui ne
faisaient un mystère ni de leur religion ni de leur Messie. C’est grâce à eux que s’étaient répandues ces
espérances universelles qui tenaient le monde en suspens. Les Mages, tout nous porte à le croire, étaient donc
sous l’influence d’idées semblables quand tout à coup ils aperçurent un astre nouveau. Pour eux, selon la
belle pensée de S. Augustin, c’était un langage extérieur bien capable d’exciter leur foi : « L’étoile
qu’était-elle sinon une magnifique langue du ciel ? », Serm. 201, 4, al. de Temp. 31. Mais à ce langage
extérieur dut s’unir une parole plus claire encore, une révélation intérieure qui leur montra distinctement le
rapport qui existait entre l’astre nouveau et le Messie, et qui les pressa de se rendre en Judée : c’est ce
qu’enseignent presque tous les Pères. « Ils connurent l’étoile du Christ par une révélation », August., Sermo
117, al. 67. « Celui qui a présenté le signe en a donné l’intelligence à ceux qui le regardaient », S. Leo, Serm.
4 de Epiph. On a dit aussi que les Mages pouvaient bien connaître la prophétie de Balaam où il est question
de l’étoile du Messie, Num. 24, 17 et suiv. : “ Je le vois, mais pas encore ; je le contemple, mais non de près.
Voici qu’une étoile sort de Jacob, et qu’un sceptre s’élève du milieu d’Israël”. C’est peu probable ; car l’on
admet généralement que, dans cet oracle, il ne s’agit pas d’un astre proprement dit, destiné à être le signe
précurseur du Messie. Le mot étoile y est plutôt employé dans un sens figuré, pour désigner le Messie en
personne, de même que le “sceptre” du second hémistiche. Remarquons, avant de quitter le sujet, la manière
admirable dont la Providence adapte constamment les moyens aux dispositions de ceux qu’elle veut
convertir. Jésus attire à lui les pécheurs de Galilée par des pêches miraculeuses, les malades par des
guérisons, les docteurs de la Loi par l’explication des textes de l’Écriture, les Mages, c’est-à-dire des
astronomes, par une étoile au firmament ! Observons encore que le second avènement du Christ sera
accompagné d’un signe merveilleux dans le ciel, de même que le premier. Cf. Matth. 24, 30. – En Orient. Il
faut prendre ces mots dans leur signification stricte ; ils n’équivalent nullement au qualificatif orientale
appliqué à l'étoile, ainsi que l’ont affirmé divers commentateurs. – Adorer, non pas “in stricto sensu” pour
indiquer un culte latrie, comme si les Mages eussent déjà connu la divinité du roi des Juifs ; mais, d’après
l’acception orientale de ce mot, “rendre hommage, vénérer”. “Adorer”, de “ad os” représente une autre forme
de salutation, le baiser envoyé avec la main. Les Mages n’apprirent sans doute qu’à Bethléem que Jésus était
le fils de Dieu.
De nombreux juifs et même certains païens qui partageaient leur espérance ont reconnu en Jésus les traits fondamentaux du " fils de David " messianique promis par Dieu à Israël (cf. Mt 2, 2 ; 9, 27 ; 12, 23 ; 15, 22 ; 20, 30 ; 21, 9. 15). Jésus a accepté le titre de Messie auquel il avait droit (cf. Jn 4, 25-26 ; 11, 27), mais non sans réserve parce que celui-ci était compris par une partie de ses contemporains selon une conception trop humaine (cf. Mt 22, 41-46), essentiellement politique (cf. Jn 6, 15 ; Lc 24, 21).