Jean 18, 18

Les serviteurs et les gardes se tenaient là ; comme il faisait froid, ils avaient fait un feu de braise pour se réchauffer. Pierre était avec eux, en train de se chauffer.

Les serviteurs et les gardes se tenaient là ; comme il faisait froid, ils avaient fait un feu de braise pour se réchauffer. Pierre était avec eux, en train de se chauffer.
Fulcran Vigouroux
Les Juifs croyaient qu’en entrant dans la maison d’un païen, ils contractaient une souillure légale qui les empêchaient de prendre part aux cérémonies de la religion, au moins jusqu’au soir du même jour.
Louis-Claude Fillion
Autre trait graphique. Les gens du pontife et du Sanhédrin se tenaient assis, d’après les narrations synoptiques ; c’est que, d’un moment à l’autre, ils avaient changé de position. Ces différences « sont d’une importance si minime, qu’il ne vaut pas la peine de les relever », dit fort bien M. Reuss. Il est vrai que tous les rationalistes ne sont pas aussi conciliants. - Les serviteurs et les gardes… La première de ces expressions désigne les serviteurs personnels de Caïphe ; la seconde, la police du Sanhédrin. Cf. v. 3. Il n’est plus question des soldats romains que le tribun avait ramenés à la caserne après l’arrestation. Leur concours était actuellement inutile. - Se tenaient auprès du feu. Dans le texte grec : un feu de charbons de bois, que les Orientaux allument aujourd’hui comme alors dans un brasero pour se chauffer. Ce genre de feu produit peu de flammes, mais il donne une lueur rouge, éclatante, qui dessine nettement les traits de ceux qui se tiennent auprès. - Parce qu’il faisait froid. Il arrive assez fréquemment que les nuits d’avril sont froides en Palestine, et surtout à Jérusalem, dont l’altitude est élevée. - Pierre était aussi avec eux. Lui aussi, il est tantôt assis, tantôt debout, comme l’entourage. Cf. Matth. 26, 69.
Saint Théophylacte d'Ohrid
Il en est qui cherchent, mais vainement, à justifier Pierre, en disant qu'il a renoncé à Jésus-Christ parce qu'il voulait toujours être avec lui, et marcher constamment à sa suite. Il savait, disent-ils, que s'il se donnait pour un des disciples de Jésus, il en serait aussitôt séparé, et qu'il ne lui serait plus permis ni de le suivre ni de le voir; il feint donc d'être du nombre des archers du grand-prêtre, de peur que la tristesse de son visage ne le fit reconnaître et chasser dehors: «Or, les serviteurs et les satellites étaient rangés autour d'un brasier, parce qu'il faisait froid, et se chauffaient; et Pierre aussi était debout parmi eux, et se chauffait».
Alcuin d'York
Il suivait son Maître par amour, quoique la crainte ne le lui faisait suivre que de loin.

Celui qui devait renier le Seigneur, se tenait dehors, et il n'était pas en Jésus-Christ, parce qu'il n'osait pas reconnaître et confesser hautement Jésus-Christ.
Saint Grégoire le Grand
Déjà Pierre avait laissé refroidir dans son âme le feu de la charité, et il réchauffait la fièvre de sa faiblesse à l'amour de la vie présente, comme au feu des persécuteurs.
Saint Augustin
Il serait peut-être téméraire d'affirmer quel est ce disciple, puisque l'Évangéliste ne nous dit point son nom, cependant, c'est sous cette dénomination générale que saint Jean a coutume de se désigner, en ajoutant: «Celui qu'aimait Jésus». Peut-être donc est-ce lui-même dont il est ici question.

Tous les évangélistes ne racontent pas dans le même ordre le renoncement de Pierre, qui vint s'ajouter aux outrages auxquels le Sauveur fut en butte pendant cette nuit. Saint Matthieu et saint Marc, ne le placent qu'après le récit de ces outrages, saint Luc raconte, tout d'abord le triple renoncement de cet Apôtre. Saint Jean commence le récit de la chute de Pierre, à ces paroles: «Cependant Simon Pierre suivait Jésus, ainsi qu'un autre disciple avec lui».

Mais qu'y a-t-il d'étonnant que Dieu ait prédit la vérité, et que l'homme se soit trompé en présumant trop de lui-même? Or, nous devons remarquer, dans cette première négation de Pierre, qu'on renonce Jésus-Christ non-seulement quand on nie qu'il soit le Christ, mais quand on nie que l'on est chrétien. En effet, Notre-Seigneur n'avait pas dit à Pierre: Vous nierez que vous êtes mon disciple, mais: «Vous me renierez moi-même»; Pierre a donc renié Jésus-Christ, en niant qu'il fût son disciple. Et que fit-il autre chose en cela que de nier qu'il fût chrétien? Combien d'enfants et de jeunes filles on a vu, par la suite, mépriser la mort pour confesser hautement le nom de Jésus-Christ, et entrer dans le royaume des cieux en lui faisant violence, ce que ne put faire alors celui qui avait reçu les clefs du royaume des cieux ! Voilà pourquoi Notre-Seigneur avait dit: «Laissez ceux-ci s'en aller, car je n'ai perdu aucun de ceux que vous m'avez donnés». Et si Pierre s'en était allé après avoir renié Jésus-Christ, sa perte était infaillible.

On n'était point en hiver, et cependant il faisait froid, comme il arrive d'ordinaire à l'équinoxe du printemps.
Saint Jean Chrysostome
Il cache ici son nom par un sentiment d'humilité. L'action qu'il raconte est des plus glorieuses, puisqu'il est le seul qui suive Jésus, et que tous les autres ont pris la fuite. Cependant il donne à Pierre la première place dans son récit, et il semble céder à la nécessité en parlant de lui-même. Il vous apprend en même temps toute la valeur de son récit sur les faits qui se sont passés dans la cour du grand-prêtre, et dont il a été le témoin oculaire. Mais il se dérobe aux éloges qu'il méritait en ajoutant: «Or, ce disciple était connu du grand-prêtre». Il ne cherche donc point à se prévaloir comme d'un acte héroïque d'avoir suivi Jésus seul jusque chez le grand-prêtre, et il en donne la raison pour ne pas laisser supposer qu'il a fait preuve en cela de courage et d'élévation de caractère. Quant à Pierre, l'amour le conduisit jusque-là, mais la crainte le retint à la porte: «Mais Pierre se tenait dehors à la porte».

L'Évangéliste nous fait voir que Pierre lui-même serait entré dans l'intérieur de la maison si on le lui eût permis: «L'autre disciple, qui était connu du grand-prêtre, sortit donc et parla à la portière, et elle fit entrer Pierre». Il ne le fit pas entrer lui-même, parce qu'il suivait Jésus-Christ et se tenait près de lui. «Cette servante qui gardait la porte dit à Pierre: «Etes-vous aussi des disciples de cet homme? Il lui répondit: Je n'en suis point». Que dites-vous là, ô Pierre? n'est-ce pas vous qui avez dit, il y a peu d'instants: «Et s'il le faut, je donnerai ma vie pour vous ?» Qu'est-il donc arrivé, que vous ne puissiez même pas supporter la question d'une simple servante? Ce n'est point un soldat qui vous interroge, c'est une pauvre portière. Et encore ne lui dit-elle pas: Etes-vous le disciple de ce séducteur? mais: «Etes-vous le disciple de cet homme ?» question qui paraissait dictée par un sentiment de compassion. Elle lui dit: «Etes-vous aussi ?» parce que Jean était dans l'intérieur de la cour.

C'est donc par un secret dessein que la Providence permit que Pierre tombât le premier, pour que la vue de sa propre chute lui inspirât plus de douceur pour les pécheurs. En effet, Dieu permit que Pierre, qui était le maître et le docteur de l'univers, succombât et obtînt son pardon, pour donner aux juges des consciences la loi et la règle de miséricorde qu'ils devraient suivre à l'égard des pécheurs. C'est pour cela, je pense, que Dieu n'a point confié aux anges la dignité du sacerdoce, parce qu'étant impeccables ils auraient poursuivi sans miséricorde le péché dans ceux qui le commettent. C'est un homme, sujet à toutes les passions, que Dieu établit au-dessus des autres hommes, afin que le souvenir de ses propres faiblesses lui inspire plus de douceur et de bonté pour ses frères.